CHAPITRE TROIS PRĂSENTS DE M. DâARTAGNAN PĂRE. Le premier lundi du mois dâavril 1626, le bourg de Meung, oĂč naquit lâauteur du Roman de la Rose, semblait ĂȘtre dans une rĂ©volution aussi entiĂšre que si les huguenots en fussent venus faire une seconde Rochelle. Plusieurs bourgeois, voyant sâenfuir les femmes le long de la grande rue, entendant les enfants crier sur le seuil des portes, se hĂątaient dâendosser la cuirasse, et appuyant leur contenance quelque peu incertaine dâun mousquet ou dâune pertuisane, se dirigeaient vers lâhĂŽtellerie du Franc-Meunier, devant laquelle sâempressait, en grossissant de minute en minute, un groupe compacte, bruyant et plein de curiositĂ©. En ce temps-lĂ les paniques Ă©taient frĂ©quentes, et peu de jours se passaient sans quâune ville ou lâautre enregistrĂąt sur ses archives quelque Ă©vĂ©nement de ce genre. Il y avait les seigneurs qui guerroyaient entre eux ; il y avait le cardinal qui faisait la guerre au roi et aux seigneurs ; il y avait lâEspagnol qui faisait la guerre aux seigneurs, au cardinal et au roi. Puis, outre ces guerres sourdes ou publiques, secrĂštes ou patentes, il y avait encore les voleurs, les mendiants, les huguenots, les loups et les laquais, qui faisaient la guerre Ă tout le monde. Les bourgeois sâarmaient toujours contre les voleurs, contre les loups, contre les laquais ; â souvent contre les seigneurs et les huguenots ; â quelquefois contre le roi ; â mais jamais contre le cardinal et lâEspagnol. Il rĂ©sulta donc de ces habitudes prises, que ce susdit premier lundi du mois dâavril 1626, les bourgeois entendant du bruit, et ne voyant ni le guidon jaune et rouge, ni la livrĂ©e du duc de Richelieu, se prĂ©cipitĂšrent du cĂŽtĂ© de lâhĂŽtel du Franc-Meunier. ArrivĂ© lĂ , chacun put reconnaĂźtre la cause de cette rumeur. Un jeune homme⊠â traçons son portrait dâun seul trait de plume â figurez-vous don Quichotte Ă dix-huit ans ; don Quichotte dĂ©corcelĂ©, sans haubert et sans cuissard ; don Quichotte revĂȘtu dâun pourpoint de laine, dont la couleur bleue sâĂ©tait transformĂ©e en une nuance insaisissable de lie de vin et dâazur cĂ©leste. Visage long et brun ; la pommette des joues saillante, signe dâastuce ; les muscles maxillaires Ă©normĂ©ment dĂ©veloppĂ©s, indice infaillible oĂč lâon reconnaĂźt le Gascon, mĂȘme sans bĂ©ret, et notre jeune homme portait un bĂ©ret ornĂ© dâune espĂšce de plume ; lâĆil ouvert et intelligent ; le nez crochu, mais finement dessinĂ© ; trop grand pour un adolescent, trop petit pour un homme fait, et quâun Ćil exercĂ© eĂ»t pris pour un fils de fermier en voyage, sans la longue Ă©pĂ©e qui, pendue Ă un baudrier de peau, battait les mollets de son propriĂ©taire, quand il Ă©tait Ă pied, et le poil hĂ©rissĂ© de sa monture quand il Ă©tait Ă cheval. Car notre jeune homme avait une monture, et cette monture Ă©tait mĂȘme si remarquable quâelle fut remarquĂ©e câĂ©tait un bidet du BĂ©arn, ĂągĂ© de 12 ou 14 ans, jaune de robe, sans crins Ă la queue, mais non pas sans javarts aux jambes, et qui, tout en marchant la tĂȘte plus bas que les genoux, ce qui rendait inutile lâapplication de la martingale, faisait encore galamment ses huit lieues par jour. Malheureusement les qualitĂ©s cachĂ©es de ce cheval Ă©taient si bien cachĂ©es sous son poil Ă©trange et son allure incongrue, que, dans un temps oĂč tout le monde se connaissait en chevaux, lâapparition du susdit bidet Ă Meung, oĂč il Ă©tait entrĂ©, il y avait un quart dâheure Ă peu prĂšs, par la porte de Beaugency, produisit une sensation dont la dĂ©faveur rejaillit jusquâĂ son cavalier. Et cette sensation avait Ă©tĂ© dâautant plus pĂ©nible au jeune dâArtagnan ainsi sâappelait le don Quichotte de cet autre Rossinante, quâil ne se cachait pas le cĂŽtĂ© ridicule que lui donnait, si bon cavalier quâil fĂ»t, une pareille monture. Aussi avait-il fort soupirĂ© en acceptant le don que lui en avait fait M. dâArtagnan pĂšre il nâignorait pas quâune pareille bĂȘte valait au moins vingt livres. Il est vrai que les paroles dont le prĂ©sent avait Ă©tĂ© accompagnĂ© nâavaient pas de prix. â Mon fils, avait dit le gentilhomme gascon, dans ce pur patois du BĂ©arn, dont Henri IV nâavait jamais pu parvenir Ă se dĂ©faire, â mon fils, ce cheval est nĂ© dans la maison de votre pĂšre, il y a tantĂŽt treize ans, et y est restĂ© depuis ce temps-lĂ , ce qui doit vous porter Ă lâaimer. Ne le vendez jamais, laissez-le mourir tranquillement et honorablement de vieillesse, et si vous faites campagne avec lui, mĂ©nagez-le comme vous mĂ©nageriez un vieux serviteur. Ă la cour, continua M. dâArtagnan pĂšre, si toutefois vous avez lâhonneur dây aller, honneur auquel, du reste, votre vieille noblesse vous donne des droits, soutenez dignement votre nom de gentilhomme, qui a Ă©tĂ© portĂ© dignement par vos ancĂȘtres depuis plus de cinq cents ans ; pour vous et pour les vĂŽtres, â par les vĂŽtres, jâentends vos parents et vos amis, â ne supportez jamais rien que de M. le cardinal et du roi. Câest par son courage, entendez-vous bien, par son courage seul, quâun gentilhomme fait son chemin aujourdâhui. Quiconque tremble une seconde laisse peut-ĂȘtre Ă©chapper lâappĂąt que, pendant cette seconde justement, la fortune lui tendait. Vous ĂȘtes jeune, vous devez ĂȘtre brave par deux raisons la premiĂšre, câest que vous ĂȘtes Gascon, et la seconde, câest que vous ĂȘtes mon fils. Ne craignez pas les occasions et cherchez les aventures. Je vous ai fait apprendre Ă manier lâĂ©pĂ©e ; vous avez un jarret de fer, un poignet dâacier, battez-vous Ă tout propos ; battez-vous, dâautant plus que les duels sont dĂ©fendus, et que, par consĂ©quent, il y a deux fois du courage Ă se battre. Je nâai, mon fils, Ă vous donner que quinze Ă©cus, mon cheval et les conseils que vous venez dâentendre. Votre mĂšre y ajoutera la recette dâun certain baume quâelle tient dâune bohĂ©mienne, et qui a une vertu miraculeuse pour guĂ©rir toute blessure qui nâatteint pas le cĆur. Faites votre profit du tout, et vivez heureusement et longtemps. Je nâai plus quâun mot Ă ajouter, et câest un exemple que je vous propose, non pas le mien, car je nâai, moi, jamais paru Ă la cour, et nâai fait que les guerres de religion en volontaire je veux parler de M. de TrĂ©ville, qui Ă©tait mon voisin autrefois, et qui a eu lâhonneur de jouer tout enfant avec notre roi Louis XIIIe, que Dieu conserve. Quelquefois leurs jeux dĂ©gĂ©nĂ©raient en batailles, et dans ces batailles le roi nâĂ©tait pas toujours le plus fort. Les coups quâil en reçut lui donnĂšrent beaucoup dâestime et dâamitiĂ© pour M. de TrĂ©ville. Plus tard M. de TrĂ©ville se battit contre dâautres dans son premier voyage Ă Paris, cinq fois ; depuis la mort du feu roi jusquâĂ la majoritĂ© du jeune, sans compter les guerres et les siĂ©ges, sept fois ; et depuis cette majoritĂ© jusquâaujourdâhui, cent fois peut-ĂȘtre ! â Aussi, malgrĂ© les Ă©dits, les ordonnances et les arrĂȘts, le voilĂ capitaine des mousquetaires, câest-Ă -dire chef dâune lĂ©gion de CĂ©sars dont le roi fait un trĂšs grand cas, et que M. le cardinal redoute, lui qui ne redoute pas grandâchose, comme chacun sait. De plus, M. de TrĂ©ville gagne dix mille Ă©cus par an ; câest donc un fort grand seigneur. â Il a commencĂ© comme vous ; allez le voir avec cette lettre, et rĂ©glez-vous sur lui, afin de faire comme lui. » Sur quoi M. dâArtagnan pĂšre remit Ă son fils une lettre quâil avait prĂ©parĂ©e, lui ceignit sa propre Ă©pĂ©e, lâembrassa tendrement sur les deux joues et lui donna sa bĂ©nĂ©diction. En sortant de la chambre paternelle, le jeune homme trouva sa mĂšre qui lâattendait avec la fameuse recette dont les conseils que nous venons de rapporter devaient nĂ©cessiter un assez frĂ©quent emploi. Les adieux furent de ce cĂŽtĂ© plus longs et plus tendres quâils ne lâavaient Ă©tĂ© de lâautre, non pas que M. dâArtagnan nâaimĂąt son fils, qui Ă©tait sa seule progĂ©niture, mais M. dâArtagnan Ă©tait un homme, et il eĂ»t regardĂ© comme indigne dâun homme de se laisser aller Ă son Ă©motion, tandis que Mme dâArtagnan Ă©tait femme et de plus, Ă©tait mĂšre. â Elle pleura abondamment, et, disons-le Ă la louange de M. dâArtagnan fils, quelques efforts quâil tentĂąt pour rester ferme comme devait lâĂȘtre un futur mousquetaire, la nature lâemporta, et il versa force larmes, dont il parvint Ă grandâpeine Ă cacher la moitiĂ©. Le mĂȘme jour le jeune homme se mit en route, muni des trois prĂ©sents paternels, et qui se composaient, comme nous lâavons dit, de quinze Ă©cus, du cheval et de la lettre pour M. de TrĂ©ville ; comme on le pense bien, les conseils avaient Ă©tĂ© donnĂ©s par-dessus le marchĂ©. Avec un pareil vade mecum, dâArtagnan se trouva, au moral comme au physique, une copie exacte du hĂ©ros de Cervantes, auquel nous lâavons si heureusement comparĂ© lorsque nos devoirs dâhistorien nous ont fait une nĂ©cessitĂ© de tracer son portrait. Don Quichotte prenait les moulins Ă vent pour des gĂ©ants et les moutons pour des armĂ©es ; Artagnan prit chaque sourire pour une insulte et chaque regard pour une provocation. Il en rĂ©sulta quâil eut toujours le poing fermĂ© depuis Tarbes jusquâĂ Meung, et que lâun dans lâautre il porta la main au pommeau de son Ă©pĂ©e dix fois par jour ; toutefois, le poing ne descendit sur aucune mĂąchoire, et lâĂ©pĂ©e ne sortit point de son fourreau. Ce nâest pas que la vue du malencontreux bidet jaune nâĂ©panouĂźt bien des sourires sur les visages des passants ; mais, comme au-dessus du bidet sonnait une Ă©pĂ©e de taille respectable et quâau-dessus de cette Ă©pĂ©e brillait un Ćil plutĂŽt fĂ©roce que fier, les passants rĂ©primaient leur hilaritĂ©, ou si lâhilaritĂ© lâemportait sur la prudence, ils tĂąchaient au moins de ne rire que dâun seul cĂŽtĂ©, comme les masques antiques. DâArtagnan demeura donc majestueux et intact dans sa susceptibilitĂ© jusquâĂ cette malheureuse ville de Meung. Mais lĂ , comme il descendait de cheval Ă la porte du Franc-Meunier sans que personne, hĂŽte, garçon ou palefrenier, fĂ»t venu lui tenir lâĂ©trier, dâArtagnan avisa Ă une fenĂȘtre entrouverte du rez-de-chaussĂ©e un gentilhomme de belle taille et de haute mine, quoique au visage lĂ©gĂšrement renfrognĂ©, lequel causait avec deux personnes qui paraissaient lâĂ©couter avec dĂ©fĂ©rence. DâArtagnan crut tout naturellement, selon son habitude, ĂȘtre lâobjet de la conversation et tendit lâoreille. Cette fois dâArtagnan ne sâĂ©tait trompĂ© quâĂ moitiĂ© ce nâĂ©tait pas de lui quâil Ă©tait question, mais de son cheval. Le gentilhomme paraissait Ă©numĂ©rer Ă ses auditeurs toutes les qualitĂ©s de lâanimal, et comme, ainsi que je lâai dit, les auditeurs paraissaient avoir une grande dĂ©fĂ©rence pour le narrateur, ils Ă©clataient de rire Ă tout moment. Or, comme un demi-sourire suffisait pour Ă©veiller lâirascibilitĂ© du jeune homme, on comprend quel effet produisit sur lui tant de bruyante hilaritĂ©. Cependant dâArtagnan voulut dâabord se rendre compte de la physionomie de lâimpertinent qui se moquait de lui. Il fixa son regard fier sur lâĂ©tranger, et reconnut un homme de quarante Ă quarante-cinq ans, aux yeux sombres et perçants, au teint pĂąle, au nez fortement accentuĂ©, Ă la moustache noire et parfaitement taillĂ©e il Ă©tait vĂȘtu dâun pourpoint et dâun haut-de-chausses violet avec des aiguillettes de mĂȘme couleur, sans aucun ornement que les crevĂ©s habituels par lesquels passait la chemise. Ce haut-de-chausses et ce pourpoint, quoique neufs, paraissaient froissĂ©s comme des habits de voyage longtemps renfermĂ©s dans un porte-manteau. DâArtagnan fit toutes ces remarques avec la rapiditĂ© de lâobservateur le plus minutieux, et sans doute par un sentiment instinctif qui lui disait que cet inconnu devait avoir une grande influence sur sa vie Ă venir. Or, comme au moment oĂč dâArtagnan fixait son regard sur le gentilhomme au pourpoint violet, le gentilhomme faisait Ă lâendroit du bidet bĂ©arnais une de ses plus savantes et de ses plus profondes dĂ©monstrations, ses deux auditeurs Ă©clatĂšrent de rire, et lui-mĂȘme laissa visiblement, contre son habitude, errer, si lâon peut parler ainsi, un pĂąle sourire sur son visage. Cette fois, il nây avait plus de doute dâArtagnan Ă©tait rĂ©ellement insultĂ©. Aussi, plein de cette conviction, enfonça-t-il son bĂ©ret sur ses yeux, et, tĂąchant de copier quelques-uns des airs de cour quâil avait surpris en Gascogne chez des seigneurs en voyage, il sâavança une main sur la garde de son Ă©pĂ©e et lâautre appuyĂ©e sur la hanche. Malheureusement, au fur et Ă mesure quâil avançait, la colĂšre lâaveuglait de plus en plus, et au lieu du discours digne et hautain quâil avait prĂ©parĂ© pour formuler sa provocation, il ne trouva plus au bout de sa langue quâune personnalitĂ© grossiĂšre quâil accompagna dâun geste furieux. â Eh ! monsieur, sâĂ©cria-t-il, monsieur, qui vous cachez derriĂšre ce volet ; oui, vous ! dites-moi donc un peu de quoi vous riez, et nous rirons ensemble. Le gentilhomme amena lentement les yeux de la monture au cavalier, comme sâil lui eĂ»t fallu un certain temps pour comprendre que câĂ©tait Ă lui que sâadressaient de si Ă©tranges paroles ; puis, lorsquâil ne put plus conserver aucun doute, ses sourcils se froncĂšrent, et, aprĂšs une longue pause, avec un accent dâironie et dâinsolence impossible Ă dĂ©crire, il rĂ©pondit Ă dâArtagnan â Je ne vous parle pas, monsieur ! â Mais je vous parle, moi ! sâĂ©cria le jeune homme exaspĂ©rĂ© de ce mĂ©lange dâinsolence et de bonnes maniĂšres, de convenance et de dĂ©dain. Lâinconnu le regarda encore un instant avec son lĂ©ger sourire, et se retirant de la fenĂȘtre, sortit lentement de lâhĂŽtellerie pour venir, Ă deux pas de dâArtagnan, se planter en face du cheval. Sa contenance tranquille et sa physionomie railleuse avaient redoublĂ© lâhilaritĂ© de ceux avec lesquels il causait, et qui, eux, Ă©taient restĂ©s Ă la fenĂȘtre. DâArtagnan, le voyant Ă sa portĂ©e, tira son Ă©pĂ©e dâun pied hors du fourreau. â Ce cheval est dĂ©cidĂ©ment ou plutĂŽt a Ă©tĂ© dans sa jeunesse bouton dâor, reprit lâinconnu, continuant les investigations commencĂ©es et sâadressant Ă ses auditeurs de la fenĂȘtre, sans paraĂźtre aucunement remarquer lâexaspĂ©ration de dâArtagnan. Câest une couleur fort connue en botanique, mais jusquâĂ prĂ©sent fort rare chez les chevaux. â Tel rit du cheval qui nâoserait pas rire du maĂźtre ! sâĂ©cria lâĂ©mule de TrĂ©ville, furieux. â Je ne ris pas souvent, monsieur, reprit lâinconnu, ainsi que vous pouvez le voir vous-mĂȘme Ă lâair de mon visage ; mais je tiens cependant Ă conserver le privilĂ©ge de rire quand il me plaĂźt. â Et moi, sâĂ©cria dâArtagnan, je ne veux pas quâon rie quand il me dĂ©plaĂźt, et surtout quand câest Ă mes dĂ©pens quâon rit. â En vĂ©ritĂ©, monsieur ? continua lâinconnu, plus calme que jamais. Eh bien ! câest parfaitement juste ; et, tournant sur ses talons, il sâapprĂȘta Ă rentrer dans lâhĂŽtellerie par la grande porte, sous laquelle en arrivant dâArtagnan avait remarquĂ© un cheval tout sellĂ©. Mais dâArtagnan nâĂ©tait pas de caractĂšre Ă lĂącher ainsi un homme qui avait eu lâinsolence de se moquer de lui. Il tira son Ă©pĂ©e entiĂšrement du fourreau et se mit Ă sa poursuite en criant â Tournez, tournez donc, monsieur le railleur, que je ne vous frappe point par derriĂšre ! â Me frapper, moi ! dit lâautre en pivotant sur ses talons et en regardant le jeune homme avec autant dâĂ©tonnement que de mĂ©pris. Allons donc, mon cher, vous ĂȘtes fou ! Puis, Ă demi-voix, et comme sâil se fĂ»t parlĂ© Ă lui-mĂȘme quelle trouvaille pour Sa MajestĂ©, qui cherche des braves de tous cĂŽtĂ©s pour recruter ses mousquetaires ! Il est fĂącheux, continua-t-il, quâelle ne connaisse pas celui-lĂ . Il achevait Ă peine, que dâArtagnan lui allongea un si furieux coup de pointe, que, sâil nâeĂ»t fait vivement un bond en arriĂšre, il est probable quâil eĂ»t plaisantĂ© pour la derniĂšre fois. Lâinconnu vit alors que la chose passait la raillerie, tira son Ă©pĂ©e, salua son adversaire et se mit gravement en garde. Mais au mĂȘme moment ses deux auditeurs, accompagnĂ©s de lâhĂŽte, tombĂšrent sur dâArtagnan Ă grands coups de bĂątons, de pelles et de pincettes. Cela fit une diversion si rapide et si complĂšte Ă lâattaque, que lâadversaire de dâArtagnan, pendant que celui-ci se retournait pour faire face Ă cette grĂȘle de coups, rengaĂźnait avec la mĂȘme prĂ©cision, et dâacteur quâil avait manquĂ© dâĂȘtre, redevenait spectateur du combat, rĂŽle dont il sâacquitta avec son impartialitĂ© ordinaire, tout en marmottant nĂ©anmoins â La peste soit des Gascons ! Remettez-le sur son cheval orange, et quâil sâen aille. â Pas avant de tâavoir tuĂ©, lĂąche ! criait dâArtagnan, tout en faisant face du mieux quâil pouvait et sans reculer dâun pas Ă ses trois ennemis, qui le moulaient de coups. â Encore une rodomontade, murmura le gentilhomme. Sur mon honneur, ces Gascons sont incorrigibles. Continuez donc la danse, puisquâil le veut absolument. Quand il sera las, il dira quâil en a assez. Mais lâinconnu ne savait pas Ă quel genre dâentĂȘtĂ© il avait affaire dâArtagnan nâĂ©tait pas homme Ă jamais demander merci. Le combat continua donc quelques minutes encore ; cependant dâArtagnan, Ă©puisĂ©, laissa Ă©chapper son Ă©pĂ©e, quâun coup de bĂąton brisa en deux morceaux ; enfin un autre coup lui entama le front et le renversa en mĂȘme temps tout sanglant et presque Ă©vanoui. Câest Ă ce moment que de tous cĂŽtĂ©s on accourut sur le lieu de la scĂšne ; mais lâhĂŽte, craignant du scandale, emporta avec lâaide de ses garçons le blessĂ© dans la cuisine, oĂč quelques soins lui furent accordĂ©s. Quant au gentilhomme, il Ă©tait revenu prendre sa place Ă sa fenĂȘtre, et regardait avec une certaine impatience toute cette foule qui semblait, en demeurant lĂ , lui causer une vive contrariĂ©tĂ©. â Eh bien ! comment va cet enragĂ© ? demanda-t-il en se retournant au bruit de la porte qui sâouvrait et en sâadressant Ă lâhĂŽte, qui venait sâinformer de sa santĂ©. â Votre Excellence est saine et sauve ? demanda lâhĂŽte. â Oui, parfaitement saine et sauve, mon cher hĂŽtelier, et câest moi qui vous demande ce quâest devenu notre jeune homme. â Il va mieux, dit lâhĂŽte, il sâest Ă©vanoui tout Ă fait. â Vraiment, fit le gentilhomme. â Mais avant de sâĂ©vanouir, il a rassemblĂ© toutes ses forces pour vous appeler et vous dĂ©fier en vous appelant. â Mais câest donc le diable en personne, que ce gaillard-lĂ , sâĂ©cria lâinconnu. â Oh ! non, Votre Excellence ; ce nâest pas le diable, reprit lâhĂŽte avec une grimace de mĂ©pris, car pendant son Ă©vanouissement nous lâavons fouillĂ©, et il nâa dans son paquet quâune chemise, et dans sa bourse que onze Ă©cus, ce qui ne lâa pas empĂȘchĂ© de dire en sâĂ©vanouissant que si pareille chose Ă©tait arrivĂ©e Ă DâArtagnan. Paris, vous vous en repentiriez tout de suite, tandis que, la chose Ă©tant arrivĂ©e ici, vous ne vous en repentirez que plus tard. â Alors, dit froidement lâinconnu, câest quelque prince du sang dĂ©guisĂ©. â Je vous dis cela, mon gentilhomme, reprit lâhĂŽte, afin que, si besoin est, vous vous teniez sur vos gardes. â Et il nâa nommĂ© personne dans sa colĂšre ? â Si fait, il frappait sur sa poche, et il disait â Nous verrons ce que M. de TrĂ©ville pensera de cette insulte faite Ă son protĂ©gĂ©. â M. de TrĂ©ville, dit lâinconnu en devenant attentif ; il frappait sur sa poche en prononçant le nom de M. de TrĂ©ville !⊠Voyons, mon cher hĂŽte, pendant que votre jeune homme Ă©tait Ă©vanoui, vous nâavez pas Ă©tĂ©, jâen suis bien sĂ»r, sans regarder aussi dans cette poche-lĂ . Quây avait-il ? â Une lettre adressĂ©e Ă M. de TrĂ©ville, capitaine des mousquetaires. â En vĂ©ritĂ© ? â Câest comme jâai lâhonneur de vous le dire, Excellence. LâhĂŽte, qui nâĂ©tait pas douĂ© dâune grande perspicacitĂ©, ne remarqua point lâexpression que ses paroles avaient donnĂ©e Ă la physionomie de lâinconnu. Celui-ci quitta le rebord de la croisĂ©e sur lequel il Ă©tait toujours restĂ© appuyĂ© du bout du coude, et fronça le sourcil en homme inquiet. â Diable ! murmura-t-il entre ses dents ; TrĂ©ville mâaurait-il envoyĂ© ce gascon. Il est bien jeune ! Mais un coup dâĂ©pĂ©e est un coup dâĂ©pĂ©e, quel que soit lâĂąge de celui qui le donne, et lâon se dĂ©fie moins dâun enfant que de tout autre ; il suffit parfois dâun faible obstacle pour contrarier un grand dessein. Et lâinconnu tomba dans une rĂ©flexion qui dura quelques minutes. â Voyons, lâhĂŽte, dit-il, est-ce que vous ne me dĂ©barrasserez pas de ce frĂ©nĂ©tique ? En conscience, je ne puis le tuer, et cependant, ajouta-t-il avec une expression froidement menaçante, cependant il me gĂȘne. OĂč est-il ? â Dans la chambre de ma femme, oĂč on le panse, au premier Ă©tage. â Ses hardes et son sac sont avec lui ? Il nâa pas quittĂ© son pourpoint ? â Tout cela, au contraire, est en bas, dans la cuisine. Mais puisquâil vous gĂȘne, ce jeune fou⊠â Sans doute. Il cause dans votre hĂŽtellerie un scandale auquel dâhonnĂȘtes gens ne sauraient sâassocier. Montez chez vous, faites mon compte et avertissez mon laquais. â Quoi ! monsieur nous quitte dĂ©jĂ ? â Vous le savez bien, puisque je vous avais donnĂ© lâordre de seller mon cheval. Ne mâa-t-on point obĂ©i ? â Si fait, et comme Votre Excellence a pu le voir, son cheval est sous la grande porte, tout appareillĂ© pour partir. â Câest bien, faites ce que je vous ai dit alors. â Ouais ! se dit lâhĂŽte, aurait-il peur du petit garçon ? Mais un coup dâĆil impĂ©ratif de lâinconnu vint lâarrĂȘter court. Il salua humblement et sortit. â Il ne faut pas que milady[1] soit aperçue de ce drĂŽle, continua lâĂ©tranger elle ne doit pas tarder Ă passer ; dĂ©jĂ mĂȘme elle est en retard. DĂ©cidĂ©ment mieux vaut que je monte Ă cheval et que jâaille au-devant dâelle⊠Si seulement je pouvais savoir ce que contient cette lettre adressĂ©e Ă TrĂ©ville ! Et lâinconnu, tout en marmottant, se dirigea vers la cuisine. Pendant ce temps lâhĂŽte, qui ne doutait pas que ce ne fĂ»t la prĂ©sence du jeune garçon qui chassĂąt lâinconnu de son hĂŽtellerie, Ă©tait remontĂ© chez sa femme et avait trouvĂ© dâArtagnan maĂźtre enfin de ses esprits. Alors, tout en lui faisant comprendre que la police pourrait bien lui faire un mauvais parti pour avoir Ă©tĂ© chercher querelle Ă un grand seigneur, car, Ă lâavis de lâhĂŽte, lâinconnu ne pouvait ĂȘtre quâun grand seigneur, il le dĂ©termina, malgrĂ© sa faiblesse, Ă se lever et Ă continuer son chemin. DâArtagnan, Ă moitiĂ© abasourdi, sans pourpoint et la tĂȘte tout emmaillotĂ©e de linges, se leva donc, et poussĂ© par lâhĂŽte, commença de descendre ; mais en arrivant Ă la cuisine, la premiĂšre chose quâil aperçut fut son provocateur qui causait tranquillement au marchepied dâun lourd carrosse attelĂ© de deux gros chevaux normands. Son interlocutrice, dont la tĂȘte apparaissait encadrĂ©e par la portiĂšre, Ă©tait une femme de vingt Ă vingt-deux ans. Nous avons dĂ©jĂ dit avec quelle rapiditĂ© dâinvestigation dâArtagnan embrassait toute une physionomie ; il vit donc du premier coup dâĆil que la femme Ă©tait jeune et belle. Or, cette beautĂ© le frappa dâautant plus quâelle Ă©tait parfaitement Ă©trangĂšre aux pays mĂ©ridionaux que jusque-lĂ dâArtagnan avait habitĂ©s. CâĂ©tait une pĂąle et blonde personne, aux longs cheveux bouclĂ©s, tombant sur ses Ă©paules, aux grands yeux bleus languissants, aux lĂšvres rosĂ©es et aux mains dâalbĂątre ; elle causait trĂšs vivement avec lâinconnu. â Ainsi, Son Ăminence mâordonne⊠disait la dame. â De retourner Ă lâinstant mĂȘme en Angleterre, et de la prĂ©venir directement si le duc quittait Londres, ou lâavait dĂ©jĂ quittĂ©. â Et quant Ă mes autres instructions ? demanda la belle voyageuse. â Elles sont renfermĂ©es dans cette boĂźte, que vous nâouvrirez que de lâautre cĂŽtĂ© de la Manche. â TrĂšs-bien ; et vous, que faites-vous ? â Moi, je retourne Ă Paris. â Sans chĂątier cet insolent petit garçon ? demanda la dame. Lâinconnu allait rĂ©pondre, mais au moment oĂč il ouvrait la bouche, dâArtagnan, qui avait tout entendu, sâĂ©lança sur le seuil de la porte. â Câest cet insolent petit garçon qui chĂątie les autres, sâĂ©cria-t-il, et jâespĂšre bien que cette fois-ci celui quâil doit chĂątier ne lui Ă©chappera pas comme la premiĂšre. â Ne lui Ă©chappera pas ? reprit lâinconnu en fronçant le sourcil. â Non, devant une femme, vous nâoseriez pas fuir, je prĂ©sume. â Songez, sâĂ©cria milady en voyant le gentilhomme porter la main Ă son Ă©pĂ©e, songez que le moindre retard peut tout perdre. â Vous avez raison, sâĂ©cria le gentilhomme ; partez donc de votre cĂŽtĂ©, moi je pars du mien. Et saluant la dame dâun signe de tĂȘte, il sâĂ©lança sur son cheval tandis que le cocher du carrosse fouettait vigoureusement son attelage. Les deux interlocuteurs partirent donc au galop, sâĂ©loignant chacun par un cĂŽtĂ© opposĂ© de la rue. â Eh ! votre dĂ©pense, vocifĂ©ra lâhĂŽte, dont lâaffection pour son voyageur se changeait en un profond dĂ©dain en voyant quâil sâĂ©loignait sans solder ses comptes. â Paie, maroufle, sâĂ©cria le voyageur toujours galopant, Ă son laquais, lequel jeta aux pieds de lâhĂŽte deux ou trois piĂšces dâargent et se mit Ă galoper aprĂšs son maĂźtre. â Ah ! lĂąche, ah ! misĂ©rable, ah ! faux gentilhomme ! cria dâArtagnan sâĂ©lançant Ă son tour aprĂšs le laquais. Mais le blessĂ© Ă©tait trop faible encore pour supporter une pareille secousse. Ă peine eut-il fait dix pas que ses oreilles tintĂšrent, quâun Ă©blouissement le prit, quâun nuage de sang passa sur ses yeux et quâil tomba au milieu de la rue en criant encore â LĂąche ! lĂąche ! lĂąche ! â Il est, en effet, bien lĂąche, murmura lâhĂŽte en sâapprochant de dâArtagnan, et essayant par cette flatterie de se raccommoder avec le pauvre gascon, comme le hĂ©ron de la fable avec son limaçon du soir. â Oui, bien lĂąche, murmura dâArtagnan, mais elle, bien belle ! â Qui elle ? demanda lâhĂŽte. â Milady, balbutia dâArtagnan qui avait entendu le gentilhomme prononcer ce nom, et il sâĂ©vanouit une seconde fois. â Câest Ă©gal, dit lâhĂŽte, jâen perds deux, mais il me reste celui-lĂ , que je suis sĂ»r de conserver au moins quelques jours. Câest toujours onze Ă©cus de gagnĂ©s. On sait que onze Ă©cus faisaient juste la somme qui restait dans la bourse de dâArtagnan. LâhĂŽte avait comptĂ©, comme on voit, sur onze jours de maladie Ă un Ă©cu par jour ; mais il avait comptĂ© sans son voyageur. Le lendemain, dĂšs cinq heures du matin, dâArtagnan se leva, descendit lui-mĂȘme Ă la cuisine, demanda, outre quelques autres ingrĂ©dients dont la liste nâest pas parvenue jusquâĂ nous, du vin, de lâhuile, du romarin, et, la recette de sa mĂšre Ă la main, se composa un baume dont il oignit ses nombreuses blessures, renouvelant ses compresses lui-mĂȘme et ne voulant admettre lâadjonction dâaucun mĂ©decin. GrĂące sans doute Ă lâefficacitĂ© du baume de BohĂȘme, et peut-ĂȘtre aussi grĂące Ă lâabsence de tout docteur, dâArtagnan se trouva sur pied dĂšs le soir mĂȘme, et Ă peu prĂšs guĂ©ri le lendemain. Mais au moment de payer ce romarin, cette huile et ce vin, seule dĂ©pense du maĂźtre qui avait gardĂ© une diĂšte absolue, tandis quâau contraire le cheval jaune, au dire de lâhĂŽtelier du moins, avait mangĂ© trois fois plus quâon nâeĂ»t raisonnablement pu le supposer pour sa taille, dâArtagnan ne trouva plus dans sa poche que sa petite bourse de velours rĂąpĂ© ainsi que les onze Ă©cus quâelle contenait ; mais quant Ă la lettre adressĂ©e Ă M. de TrĂ©ville, elle avait disparu. Le jeune homme commença par chercher cette lettre avec une grande patience, tournant et retournant vingt fois ses poches et ses goussets, fouillant et refouillant dans son sac, ouvrant et refermant sa bourse ; mais lorsquâil eut acquis la conviction que la lettre Ă©tait introuvable, il entra dans un troisiĂšme accĂšs de rage, qui faillit lui occasionner une nouvelle consommation de vin et dâhuile aromatisĂ©s, car en voyant cette jeune mauvaise tĂȘte sâĂ©chauffer et menacer de tout casser dans lâĂ©tablissement si lâon ne retrouvait pas sa lettre, lâhĂŽte sâĂ©tait dĂ©jĂ saisi dâun Ă©pieu, sa femme dâun manche Ă balai, et son garçon des mĂȘmes bĂątons qui avaient servi la surveille. â Ma lettre de recommandation ! sâĂ©criait dâArtagnan, ma lettre de recommandation, ou sangdieu je vous embroche tous comme des ortolans. Malheureusement une circonstance sâopposait Ă ce que le jeune homme accomplĂźt sa menace câest que, comme nous lâavons dit, son Ă©pĂ©e avait Ă©tĂ©, dans sa premiĂšre lutte, brisĂ©e en deux morceaux, ce quâil avait parfaitement oubliĂ©. Il en rĂ©sulta que lorsque dâArtagnan voulut, en effet, dĂ©gaĂźner, il se trouva purement et simplement armĂ© dâun tronçon dâĂ©pĂ©e de huit ou dix pouces Ă peu prĂšs, que lâhĂŽte avait soigneusement renfoncĂ© dans le fourreau. Quant au reste de la lame, le chef lâavait adroitement dĂ©tournĂ© pour sâen faire une lardoire. Cependant cette dĂ©ception nâeĂ»t probablement pas arrĂȘtĂ© notre fougueux jeune homme, si lâhĂŽte nâavait rĂ©flĂ©chi que la rĂ©clamation que lui adressait son voyageur Ă©tait parfaitement juste. â Mais, au fait, dit-il en abaissant son Ă©pieu, oĂč est cette lettre ? â Oui, oĂč est cette lettre ? cria dâArtagnan. Dâabord, je vous en prĂ©viens, cette lettre est pour M. de TrĂ©ville, et il faut quâelle se retrouve, ou si elle ne se retrouve pas, il saura bien la faire retrouver, lui ! Cette menace acheva dâintimider lâhĂŽte. AprĂšs le roi et M. le cardinal, M. de TrĂ©ville Ă©tait lâhomme dont le nom peut-ĂȘtre Ă©tait le plus souvent rĂ©pĂ©tĂ© par les militaires et mĂȘme par les bourgeois. Il y avait bien le pĂšre Joseph, câest vrai, mais son nom, Ă lui, nâĂ©tait jamais prononcĂ© que tout bas, tant Ă©tait grande la terreur quâinspirait lâĂ©minence grise, comme on appelait alors le familier du cardinal. Aussi, jetant son Ă©pieu loin de lui, et ordonnant Ă sa femme dâen faire autant de son manche Ă balai et Ă ses valets de leurs bĂątons, il donna le premier lâexemple en se mettant lui-mĂȘme Ă la recherche de la lettre perdue. â Est-ce que cette lettre renfermait quelque chose de prĂ©cieux ? demanda lâhĂŽte au bout dâun instant dâinvestigations inutiles. â Mordioux ! je le crois bien, sâĂ©cria le Gascon, qui comptait sur cette lettre pour faire son chemin Ă la cour ; elle contenait ma fortune. â Des bons sur lâEspagne ? demanda lâhĂŽte inquiet. â Des bons sur la trĂ©sorerie particuliĂšre de Sa MajestĂ©, rĂ©pondit dâArtagnan, qui, comptant entrer au service du roi grĂące Ă cette recommandation, croyait pouvoir faire sans mentir cette rĂ©ponse quelque peu hasardĂ©e. â Diable ! fit lâhĂŽte tout Ă fait dĂ©sespĂ©rĂ©. â Mais il nâimporte, continua dâArtagnan avec lâaplomb national, il nâimporte, lâargent nâest rien, et cette lettre Ă©tait tout. Jâeusse mieux aimĂ© perdre mille pistoles que de la perdre. Il ne risquait pas davantage Ă dire vingt mille, mais une certaine pudeur juvĂ©nile le retint. Un trait de lumiĂšre frappa tout Ă coup lâesprit de lâhĂŽte qui se donnait au diable, ne trouvant rien. â Cette lettre ne sâest point perdue, sâĂ©cria-t-il. â Ah ! fit dâArtagnan. â Non elle vous a Ă©tĂ© prise. â Prise ! et par qui ? â Par le gentilhomme dâhier. Il est descendu Ă la cuisine oĂč Ă©tait votre pourpoint. Il y est restĂ© seul. Je gagerais que câest lui qui lâa volĂ©e. â Vous croyez ? rĂ©pondit dâArtagnan peu convaincu ; car il savait mieux que personne lâimportance toute personnelle de cette lettre, et nây voyait rien qui pĂ»t tenter la cupiditĂ©. Le fait est quâaucun des valets, aucun des voyageurs prĂ©sents nâeĂ»t rien gagnĂ© Ă possĂ©der ce papier. â Vous dites donc, reprit dâArtagnan, que vous soupçonnez cet impertinent gentilhomme. â Je vous dis que jâen suis sĂ»r, continua lâhĂŽte ; lorsque je lui ai annoncĂ© que votre seigneurie Ă©tait le protĂ©gĂ© de M. de TrĂ©ville et que vous aviez mĂȘme une lettre pour cet illustre gentilhomme, il a paru fort inquiet, mâa demandĂ© oĂč Ă©tait cette lettre, et est descendu immĂ©diatement Ă la cuisine oĂč il savait quâĂ©tait votre pourpoint. â Alors, voilĂ mon voleur trouvĂ©, rĂ©pondit dâArtagnan, je mâen plaindrai Ă M. de TrĂ©ville, et M. de TrĂ©ville sâen plaindra au roi. Puis il tira majestueusement deux Ă©cus de sa poche, les donna Ă lâhĂŽte, qui lâaccompagna, le chapeau Ă la main, jusquâĂ la porte, remonta sur son cheval jaune, qui le conduisit sans autre accident jusquâĂ la porte Saint-Antoine, Ă Paris, oĂč, malgrĂ© la recommandation paternelle, son propriĂ©taire le vendit trois Ă©cus, ce qui Ă©tait fort bien payĂ©, attendu que dâArtagnan lâavait fort surmenĂ© pendant la derniĂšre Ă©tape. Aussi le maquignon auquel dâArtagnan le cĂ©da moyennant les neuf livres susdites ne cacha-t-il point au jeune homme quâil nâen donnait cette somme exorbitante quâĂ cause de lâoriginalitĂ© de sa couleur. DâArtagnan entra donc dans Paris Ă pied, portant son petit paquet sous son bras, et marcha jusquâĂ ce quâil trouvĂąt Ă louer une chambre qui convĂźnt Ă lâexiguitĂ© de ses ressources. Cette chambre fut une espĂšce de mansarde, sise rue des Fossoyeurs, prĂšs le Luxembourg. AussitĂŽt le denier Ă Dieu donnĂ©, dâArtagnan prit possession de son logement, passa le reste de la journĂ©e Ă coudre Ă son pourpoint et Ă ses chausses des passementeries que sa mĂšre avait dĂ©tachĂ©es dâun pourpoint presque neuf de M. dâArtagnan pĂšre, et quâelle lui avait donnĂ©es en cachette ; puis, il alla quai de la Ferraille faire remettre une lame Ă son Ă©pĂ©e ; aprĂšs quoi il revint au Louvre sâinformer, au premier mousquetaire quâil rencontra, de la situation de lâhĂŽtel de M. de TrĂ©ville. Cet hĂŽtel Ă©tait situĂ© rue du Vieux-Colombier, câest-Ă -dire justement dans le voisinage de la chambre arrĂȘtĂ©e par dâArtagnan ; circonstance qui lui parut dâun heureux augure pour le succĂšs de son voyage. Alors entiĂšrement satisfait de la façon dont il sâĂ©tait conduit Ă Meung, sans remords dans le passĂ©, confiant dans le prĂ©sent et plein dâespĂ©rance dans lâavenir, il se coucha et sâendormit du sommeil du brave. Ce sommeil, tout provincial encore, le conduisit jusquâĂ neuf heures du matin, heure Ă laquelle il se leva pour se rendre chez ce fameux M. de TrĂ©ville, le troisiĂšme personnage du royaume dâaprĂšs lâestimation paternelle. â Nous savons trĂšs bien que cette locution de milady nâest usitĂ©e quâautant quâelle est suivie du nom de famille. Mais nous la trouvons ainsi dans le manuscrit, et nous ne voulons point prendre sur nous de la changer.
LeChapitre 70 s'intitule "L'odyssĂ©e d'Usopp le brave". Luffy, Zoro, Nami, Usopp et Sanji sont tous les cinq habillĂ©s comme des samouraĂŻs. Ils ont tous un katana chacun, Ă l'exception de Zoro qui a ses trois sabres. Luffy porte Ă©galement une grande ombrelle. Au premier-plan, l'Ă©criture ONE PIECE avec le "o" prĂ©sentĂ© de la mĂȘme façon que les drapeaux pirates : une tĂȘte de Cet article est une explication de texte Du Contrat Social de Rousseau. Il suit la chronologie du livre le peuple, les lois, le gouvernement; et peut aussi servir de rĂ©sumĂ©. Du contrat Social de Jean-Jacques Rousseau a pour objectif de trouver un rĂ©gime politique juste et lĂ©gitime. Lâhomme est nĂ© libre, et partout il est dans les Contrat Social, Rousseau Livre 1, Chapitre 1 Rousseau critique les inĂ©galitĂ©s de son temps et ne croit pas Ă la pensĂ©e populaire que lâhomme est un animal politique Aristote, social, fait pour vivre en sociĂ©tĂ©; oĂč certains seraient nĂ©s pour gouverner et dâautres pour obĂ©ir. Locke Ă gauche, Hobbes Ă droite. Auteurs majeurs, avec Rousseau, du contractualisme. Pour lui, comme Hobbes ou Locke, les sociĂ©tĂ©s sont nĂ©es de conventions, câest Ă dire dâun accord entre les membres dâun mĂȘme peuple. Avec le contrat social, Rousseau cherche dâabord Ă dĂ©terminer les termes de cet accord qui, dans toute logique, est antĂ©rieur Ă celui entre un peuple et un gouvernement. Quâest-ce que le contrat social de Rousseau ?Comment permettre aux hommes dâĂȘtre libres et Ă©gaux ? Quâest-ce que la libertĂ© civile ? La volontĂ© gĂ©nĂ©rale et la crĂ©ation des lois dans le contrat social de Rousseau. Quel gouvernement pour nos sociĂ©tĂ©s ? et comment le mettre en place ? Quâest-ce que le gouvernement ?Comment nait le gouvernement ? Les diffĂ©rentes formes de rĂ©sumĂ©, quelles sont les grandes idĂ©es du contrat social de Rousseau ? Quâest-ce que le contrat social de Rousseau ? Le contrat social scelle une union des forces entre des individus pour se protĂ©ger mutuellement et surmonter les obstacles auxquels ils font face. Ă la suite de ce contrat, ils deviennent associĂ©s et forment un peuple. En contrepartie, les membres de cette association acceptent une clause lâaliĂ©nation totale de ses droits, câest Ă dire de sa libertĂ© pour former un tout, un moi commun. Comme les Power Rangers, les associĂ©s forment un tout commun. Comparaison douteuse, je lâadmets Comme je me donne complĂštement, je nâexiste plus en tant quâindividu, je fais parti dâun nouveau tout le peuple. Ă lâinstant, au lieu de la personne particuliĂšre de chaque contractant, cet acte dâassociation produit un corps moral et collectif composĂ© dâautant de membres que lâassemblĂ©e a de voix, lequel reçoit de ce mĂȘme acte son unitĂ©, son moi commun, sa vie et sa volontĂ©. Cette personne publique qui se forme ainsi par lâunion de toutes les autres prenait autrefois le nom de CitĂ©, et prend maintenant celui de RĂ©publique ou de corps politique, lequel est appelĂ© par ses membres Ătat quand il est passif, Souverain quand il est actif, Puissance en le comparant Ă ses semblables. Ă lâĂ©gard des associĂ©s ils prennent collectivement le nom de Peuple, et sâappellent en particulier citoyens comme participants Ă lâautoritĂ© souveraine, et sujets comme soumis aux lois de lâĂtat. Mais ces termes se confondent souvent et se prennent lâun pour lâautre ; il suffit de les savoir distinguer quand ils sont employĂ©s dans toute leur Contrat Social, Rousseau Livre 1, Chapitre 6 Pourquoi se donner entiĂšrement ? Dâabord, pour Ă©viter les inĂ©galitĂ©s. Si chacun donne la mĂȘme part sa libertĂ©, alors nous sommes Ă©gaux. Pour rappel, on parle dâun pacte antĂ©rieur aux sociĂ©tĂ©s, il nây a donc aucun privilĂšge, aucun esclave⊠Notre seule possession notre indĂ©pendance et celle-ci est Ă©gale pour tous. De plus, puisque maintenant je nâexiste plus quâĂ travers un tout, il nâexiste plus dâintĂ©rĂȘt personnel. Si je partage le mĂȘme corps que mes associĂ©s, alors je nâai aucun intĂ©rĂȘt Ă vouloir du mal Ă mes associĂ©s. Ce serait me faire du mal, ce serait attaquer mon propre corps. Le pacte social nous force Ă rĂ©flĂ©chir au bien commun, Ă lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. SitĂŽt que cette multitude est ainsi rĂ©unie en un corps, on ne peut offenser un des membres sans attaquer le corps ; encore moins offenser le corps sans que les membres sâen ressentent. Du Contrat Social, Rousseau Livre 1, Chapitre 7 Telles sont les clauses du contrat. Sâil venait Ă ĂȘtre violĂ©, chaque membre retrouverait sa libertĂ© naturelle. Comment permettre aux hommes dâĂȘtre libres et Ă©gaux ? Si le contrat social nâest possible quâen acceptant de sâaliĂ©ner complĂštement, sommes nous encore libres en sociĂ©tĂ© ? Pour Rousseau, la rĂ©ponse est oui ! Chaque citoyen, en Ă©change de son indĂ©pendance, gagne une nouvelle libertĂ© la libertĂ© civile. Quâest-ce que la libertĂ© civile ? La libertĂ© civile sâexprime de deux maniĂšres La capacitĂ© Ă surmonter des obstacles que je ne pouvais seul. Seul, jâĂ©tais indĂ©pendant libre, mais limitĂ© par mes aptitudes naturelles. Le droit de participer Ă la volontĂ© gĂ©nĂ©rale, de crĂ©er mes propres droits, de rĂ©diger mes lois. En clair, ĂȘtre citoyen. Il faut bien distinguer la libertĂ© naturelle qui nâa pour bornes que les forces de lâindividu, de la libertĂ© civile qui est limitĂ©e par la volontĂ© Contrat Social, Rousseau Livre 1, Chapitre 8 La volontĂ© gĂ©nĂ©rale et la crĂ©ation des lois dans le contrat social de Rousseau. La volontĂ© particuliĂšre tend par sa nature aux prĂ©fĂ©rences, et la volontĂ© gĂ©nĂ©rale Ă lâ Contrat Social, Rousseau Livre 2, Chapitre 1 Quâest-ce que la volontĂ© gĂ©nĂ©rale ? La volontĂ© gĂ©nĂ©rale, ce nâest pas la volontĂ© de tous. La volontĂ© gĂ©nĂ©rale, câest la volontĂ© du citoyen qui prend ses dĂ©cisions, non dans ses intĂ©rĂȘts particuliers, mais dans lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Chez Rousseau, le pouvoir lĂ©gislatif est dans les mains du peuple. Seul le peuple est lĂ©gitime Ă crĂ©er les lois. Ce pouvoir ne revient ni Ă un groupe de particuliers aristocrates, ni Ă un monarque bĂ©ni des dieux. La premiĂšre et la plus importante consĂ©quence des principes ci-devant Ă©tablis est que la volontĂ© gĂ©nĂ©rale peut seule diriger les forces de lâ Contrat Social, Rousseau Livre 2, Chapitre 1 Tous ceux qui consentent Ă cette association, consentent Ă respecter la loi. Cela ne devrait ĂȘtre difficile, puisque la loi rĂ©sulte de la volontĂ© gĂ©nĂ©rale. Ainsi, en respectant la loi, je respecte ma volontĂ©. Du moins, en tant que tout, car je me suis aliĂ©nĂ© complĂštement. Ainsi, dans ces circonstances, les citoyens sont libres et Ă©gaux. Libres car ils suivent leurs volontĂ©s les lois. Ăgaux car chacun est une partie dâun mĂȘme corps, payĂ©e au mĂȘme prix. Il ne reste pour Rousseau quâĂ expliquer comment ce peuple souhaite sâorganiser. Pour cela, il lui faut traiter de la question du gouvernement. Quel gouvernement pour nos sociĂ©tĂ©s ? et comment le mettre en place ? Quâest-ce que le gouvernement ? Le gouvernement nâest pas le souverain. Le gouvernement est le serviteur, le ministre du peuple souverain. Il est un reprĂ©sentant. Ses actions sont limitĂ©es par ce qui a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© par le peuple. Il sert Ă la communication et lâexĂ©cution des dĂ©cisions. Le peuple est souverain. Le gouvernement est lâofficier du peuple. Il suit ses consignes les lois. Quâest-ce donc que le gouvernement ? Un corps intermĂ©diaire Ă©tabli entre les sujets et le souverain pour leur mutuelle correspondance, chargĂ© de lâexĂ©cution des lois et du maintien de la libertĂ©, tant civile que Contrat Social, Rousseau Livre 3, Chapitre 1 Sans gouvernement, il nây a quâune volontĂ©, quâune dĂ©cision, quâune idĂ©e. Pour prendre vie, il lui faut la force, lâĂ©nergie de lâexĂ©cution, il faut transformer lâidĂ©e en action. Le peuple souverain reprĂ©sente le pouvoir lĂ©gislatif et le gouvernement le pouvoir exĂ©cutif la force qui exĂ©cute les lois. Si cela nâest pas respectĂ©, si le peuple ne fait plus les lois ou si chacun les exĂ©cute Ă sa maniĂšre, nous tombons dans le despotisme ou lâanarchie. Si le souverain veut gouverner, ou si le magistrat veut donner des lois, ou si les sujets refusent dâobĂ©ir, le dĂ©sordre succĂšde Ă la rĂšgle, la force et la volontĂ© nâagissent plus de concert, et lâEtat dissous tombe ainsi dans le despotisme ou dans lâ Contrat Social, Rousseau Livre 3, Chapitre 18 Comment nait le gouvernement ? Si lâĂ©tat existe par lui-mĂȘme, câest Ă dire comme on lâa vu, de part un contrat entre chaque membre; le gouvernement existe seulement parce quâil y a un Ă©tat. Il est la consĂ©quence du premier acte. Le peuple institue le gouvernement. Le gouvernement se forme, se crĂ©e, existe, seulement grĂące Ă la volontĂ© du peuple. Cette institution se fait en deux Ă©tapes Le peuple dĂ©cide par une loi de la forme de gouvernement quâil souhaite dĂ©mocratique, aristocratique ou monarchique. Nous verrons, dans la prochaine partie, quelle forme de gouvernement Rousseau Ă la suite de cette mĂȘme loi, le peuple dĂ©cide de la fonction du gouvernement. Le peuple peut Ă©tablir et destituer le gouvernement Ă sa guise. Lâacte qui institue le gouvernement nâest point un contrat mais une loi, que les dĂ©positaires de la puissance exĂ©cutive ne sont point les maĂźtres du peuple mais ses officiers, quâil peut les Ă©tablir et les destituer quand il lui plaĂźt, quâil nâest point question pour eux de contracter mais dâobĂ©ir et quâen se chargeant des fonctions que lâEtat leur impose ils ne font que remplir leur devoir de citoyens, sans avoir en aucune sorte le droit de disputer sur les Contrat Social, Rousseau Livre 3, Chapitre 1 Les diffĂ©rentes formes de gouvernements. Le gouvernement est composĂ© dâun prince ou de magistrats. Plus il y a de magistrats, plus le gouvernement est faible. Pourquoi ? Car plus ils sont nombreux Ă le composer, plus les dĂ©libĂ©rations prennent du temps. Ainsi, lâexĂ©cution est lente. Alors, pour Rousseau, il faut un gouvernement proportionnellement inverse Ă la taille de lâĂ©tat. Plus lâĂ©tat est grand, plus le gouvernement doit ĂȘtre petit pour ĂȘtre efficace et traiter les affaires plus vite. Je viens de prouver que le gouvernement se relĂąche Ă mesure que lesmagistrats se multiplient, et jâai prouvĂ© ci-devant que plus le peuple est nombreux, plus la force rĂ©primante doit augmenter. DâoĂč il suit que le rapport des magistrats au gouvernement doit ĂȘtre inverse du rapport des sujets au souverain. Câest-Ă -dire que, plus lâEtat sâagrandit, plus le gouvernement doit se resserrer ; tellement que le nombre des chefs diminue en raison de lâaugmentation du Contrat Social, Rousseau Livre 3, Chapitre 2 Le gouvernement peut prendre 3 formes La dĂ©mocratie âtout le peuple oĂč la plus grande partie du peuple forme le gouvernement.âLâaristocratie âun petit nombre de citoyens forment le gouvernement.âLa monarchie âun prince tient tous les pouvoirs du gouvernement.â Les formes sont plus ou moins intĂ©ressantes dans diffĂ©rents Ă©tats. On a de tous temps beaucoup disputĂ© sur la meilleure forme degouvernement, sans considĂ©rer que chacune dâelles est la meilleure en certains cas, et la pire en dâ Contrat Social, Rousseau Livre 3, Chapitre 3 La dĂ©mocratie semble un rĂ©gime impossible aux yeux de Rousseau. Cela demanderait Ă chacun de rester assemblĂ© pour traiter des affaires publiques. Pour se faire, la dĂ©mocratie demande un Ă©tat trĂšs petit oĂč tous les citoyens se connaissent, avec des mĆurs trĂšs fortes pour faciliter les dĂ©cisions. Les moeurs constituent des rĂšgles sur lesquelles tout le monde sâaccorde, rĂ©duisant ainsi les choix. Si le choix est plus restreint alors la dĂ©cision est plus simple. Lâaristocratie est la meilleure forme de gouvernement du moment quâelle est Ă©lective. A lâinverse, elle est la pire forme de gouvernement si elle est hĂ©rĂ©ditaire. Par aristocratie hĂ©rĂ©ditaire, on entend un groupe de personnes identique, riche et puissant, de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, de part des inĂ©galitĂ©s dâinstitutions. La monarchie convient pour les Ă©tats les plus grands. Cependant, il faut faire attention que lâambition personnelle du Prince ne prenne pas le dessus sur les intĂ©rĂȘts du peuple. Il est plus aisĂ© de conquĂ©rir que de Contrat Social, Rousseau Livre 3, Chapitre 6 Avec un gouvernement monarchique, le cas de la succession est pĂ©rilleux. LâĂtat est sans gouvernement dans lâintervalle des Ă©lections. Supprimer les Ă©lections mĂšnerait Ă une couronne hĂ©rĂ©ditaire oĂč le peuple pourrait ĂȘtre gouvernĂ© par des enfants ou des imbĂ©ciles. En rĂ©sumĂ©, quelles sont les grandes idĂ©es du contrat social de Rousseau ? Lâobjectif du contrat social de Rousseau est de trouver un rĂ©gime politique lĂ©gitime et juste oĂč les citoyens seraient libres et Ă©gaux. Avec ce texte, Rousseau essaie de combattre les inĂ©galitĂ©s de son temps. Le contrat social est un pacte permettant Ă des individus de sâassocier afin dâexister en tant que peuple, de crĂ©er une sociĂ©tĂ©. Les clauses de ce contrat demandent Ă chacun de sâaliĂ©ner complĂštement. Car si chacun dâentre nous donne tout ce quâil a, alors nous sommes tous Ă©gaux. Ici, nous ne sommes pas en sociĂ©tĂ©, ce que nous possĂ©dons rĂ©ellement, ce sont nos droits naturels notre indĂ©pendance. Le peuple est libre il rĂ©dige les lois selon sa volontĂ©, câest-Ă -dire la volontĂ© gĂ©nĂ©rale. La volontĂ© gĂ©nĂ©rale nâest pas la volontĂ© de tous. Ce nâest pas la somme de toutes les volontĂ©s particuliĂšres, mais la somme de toutes les volontĂ©s dans lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, dans lâintĂ©rĂȘt du bien commun. Pour exĂ©cuter ses lois, il ne suffit pas dâavoir la volontĂ© de les mettre en place, dâen rĂ©diger le plan; il faut aussi lâĂ©nergie de lâaction. Câest pourquoi, une sociĂ©tĂ© a besoin dâun pouvoir exĂ©cutif, dâun gouvernement pour avancer. Ce gouvernement doit ĂȘtre adaptĂ© selon lâĂ©tat quâil gouverne. Il est instituĂ© par le peuple lui-mĂȘme. Le peuple peut, Ă sa guise, instituer ou destituer son gouvernement.âDIMANCHEââ Tome I AUCUN DE NOUS NE REVIENDRA RĂ©sumĂ© : Dans cet extrait du tome 1, Charlotte D. dĂ©crit un dimanche de Mars, oĂč il fait beau, contrairement Ă lâhorreur de lâhiver
Description de lâĂ©diteur Aucun de nous ne reviendra est, plus quâun rĂ©cit, une suite de moments restituĂ©s. Ils se dĂ©tachent sur le fond dâune rĂ©alitĂ© impossible Ă imaginer pour ceux qui ne lâont pas vĂ©cue. Charlotte Delbo Ă©voque les souffrances subies et parvient Ă les porter Ă un degrĂ© dâintensitĂ© au-delĂ duquel il ne reste que lâinconscience ou la mort. Elle nâa pas voulu raconter son histoire, non plus que celle de ses compagnes ; Ă peine parfois des prĂ©noms. Car il nâest plus de place en ces lieux pour lâindividu. Une voix qui chuchote, dĂ©chirante. Un chuchotement Ă fleur de vie et dâhorreur. Cette voix une fois entendue vous obsĂšde, ne vous quitte plus. Je ne connais pas dâĆuvre comparable Ă celle de Charlotte Delbo, sinon Guernica, sinon le film Nuit et brouillard, mĂȘme pudeur, mĂȘme dĂ©chirure, mĂȘme atroce tendresse, chez cette femme, chez Alain Resnais. Cette douloureuse et bouleversante incantation est de ces livres rares qui laissent soudain le lecteur en pays Ă©tranger Ă lui-mĂȘme. » François Bott, LâExpress, 1970 Aucun de nous ne reviendra est paru aux Ăditions de Minuit en 1970. GENRE Biographies et mĂ©moires SORTIE 2018 4 octobre LANGUE FR Français LONGUEUR 191 Pages ĂDITIONS Minuit TAILLE 452,7 Ko Avis dâutilisateurs Livre qui nous amĂšne Ă la rencontre du passĂ© Bon livre, prenant, qui nous amĂšne dans lâhistoire, profondĂ©ment toucher par la façon littĂ©raire et lâĂ©criture assez crue Ă certains moments. Jâai beaucoup aimer. Plus de livres par Charlotte Delbo Dâautres ont aussi achetĂ©. 401 373 49 121 364 70 110 93