FrançoisMauriac, Le Sagouin : résumé chapitre par chapitre Chapitre 1 L'histoire commence dans le chùteau familial des CernÚs situé dans la région bordelaise, peu de temps aprÚs la PremiÚre Guerre mondiale. Paule de CernÚs réprimande son fils Guillaume, nommé aussi Guillou et ùgé de douze ans. Le jeune garçon prétend avoir
Le LIVRE du PROPHÈTE OSÉE par Henri Rossier 1914 Table des matiĂšres 1 - Introduction 2 - PREMIÈRE PARTIE CHAPITRES 1-3 État moral d’IsraĂ«l et conseils de Dieu Ă  son Ă©gard. - Chapitre 1 Dieu rejette IsraĂ«l et reçoit les nations. - Chapitre 2 Dieu rejette IsraĂ«l et l’introduit par la repentance dans les bĂ©nĂ©dictions millĂ©naires. - Chapitre 3 Dieu rejette IsraĂ«l et lui fait retrouver, par la conversion, le Christ, son vrai Roi. 3 - DEUXIÈME PARTIE CHAPITRES 4-10 Le DĂ©bat de l’Éternel avec IsraĂ«l. - Chapitre 4 Plus d’espoir pour ÉphraĂŻm ; il reste un faible espoir pour Juda. - Chapitres 5 Ă  6 Plus d’espoir pour Juda et Benjamin. Le peuple retrouvera Dieu dans la grande tribulation. Appel pressant Ă  se rĂ©veiller. - Chapitres 6 Ă  ch. 7 Le dĂ©bat s’accentue et se fait plus pressant. - Chapitres 8 Ă  ch. 10 Ils ont semĂ© le vent, ils rĂ©coltent la tempĂȘte. - Chapitre 8 - Chapitre 9 - Chapitre 10 4 - TROISIÈME PARTIE CHAPITRES 11-13 Jugements mĂ©langĂ©s d’espĂ©rances. - Chapitre 11 Le nouvel IsraĂ«l et la misĂ©ricorde aprĂšs les jugements. - Chapitre 12 Menaces et promesses. - Chapitre 13 Derniers Ă©clats. Aube de la dĂ©livrance. 5 - QUATRIÈME PARTIE Chapitre 14 Repentance et Restauration d’IsraĂ«l. 6 - Conclusion 1 - Introduction Le prophĂšte OsĂ©e s’adresse spĂ©cialement aux dix tribus, tout en mentionnant Ă  diverses reprises les tribus de Juda et de Benjamin. Ne pas tenir compte de ce fait ajouterait de l’obscuritĂ© au langage souvent difficile de ce livre. C’est ainsi que, pour OsĂ©e, IsraĂ«l signifie d’habitude les dix tribus, en contraste avec celle de Juda par ex. 1 6, 11; 3 1; 4 15. Ce mĂȘme nom s’applique aussi aux neuf tribus en rapport avec ÉphraĂŻm qui en est le chef 4 3, mais distinctes de Juda et de Benjamin 5 5. Ce n’est qu’occasionnellement que la rĂ©union passĂ©e ou future des douze tribus prend le nom d’IsraĂ«l 3 5; 9 10; 11 1. Le nom ÉphraĂŻm est continuellement employĂ© pour dĂ©signer les dix tribus caractĂ©risĂ©es par leur tribu dominante. Juda, comme nous l’avons dit, est en contraste avec IsraĂ«l et comprend d’habitude Juda et Benjamin. Parfois ces deux tribus sont nommĂ©es sĂ©parĂ©ment. Jacob est l’ensemble du peuple sous la conduite de Juda, sa tribu dominante. — Le rĂŽle si important que jouent les dix tribus dans ce livre ressort du fait que le nom d’IsraĂ«l presque toujours les dix tribus y est mentionnĂ© 43 fois, le nom d’ÉphraĂŻm avec le mĂȘme sens 36 fois, enfin le nom de Juda seulement 15 fois. OsĂ©e est donc essentiellement un prophĂšte d’IsraĂ«l, caractĂšre que partagent, quoique Ă  un moindre degrĂ©, les prophĂštes Amos et MichĂ©e. OsĂ©e prophĂ©tisait sous les mĂȘmes rois de Juda qu’ÉsaĂŻe et, par consĂ©quent, sous la sĂ©rie des rois d’IsraĂ«l qui commence Ă  JĂ©roboam II et finit avec le roi OsĂ©e, dernier souverain des dix tribus avant leur captivitĂ©. En additionnant les annĂ©es des rois d’IsraĂ«l, de JĂ©roboam Ă  OsĂ©e, y compris les interrĂšgnes, on arriverait Ă  la somme Ă©norme de 82 ans 7 mois, comme durĂ©e de cette prophĂ©tie ; en ajoutant, d’autre part, les annĂ©es d’Ozias, de Jotham, d’Achaz et les six annĂ©es d’ÉzĂ©chias jusqu’à la captivitĂ© des dix tribus, on arriverait Ă  la somme plus considĂ©rable encore de 90 ans. Un calcul pareil serait erronĂ©. En Ă©tudiant la prophĂ©tie d’OsĂ©e, on s’aperçoit aisĂ©ment que le rĂšgne de JĂ©roboam Il y joue un rĂŽle trĂšs restreint ; il faut donc retrancher ici le plus grand nombre des annĂ©es de ce rĂšgne. D’autre part, le contenu du livre nous amĂšne Ă  la conclusion que notre prophĂšte n’a pas vu l’ensemble des annĂ©es de son homonyme, OsĂ©e, roi d’IsraĂ«l. Par ces calculs approximatifs nous atteignons une durĂ©e, longue encore, de cette prophĂ©tie, mais qui se peut aisĂ©ment concevoir. Le contenu du livre nous fournit des indications nombreuses sur les circonstances traversĂ©es par notre prophĂšte, ou qui deviennent la cause prochaine de ses oracles. Ces circonstances sont, d’un cĂŽtĂ©, l’interrĂšgne de 11 ans qui sĂ©pare le long rĂšgne de JĂ©roboam de celui, si court, de Zacharie — de l’autre, l’anarchie de 9 ans qui prĂ©cĂ©da l’avĂšnement d’OsĂ©e, dernier roi d’IsraĂ«l. Ces Ă©vĂ©nements divers sont mentionnĂ©s par notre prophĂšte, soit comme accomplis, soit comme prĂȘts Ă  l’ĂȘtre, et figurant des Ă©vĂ©nements prophĂ©tiques futurs 3 4; 10 3. OsĂ©e fait, en outre, allusion Ă  un bon nombre d’autres circonstances les violences et les meurtres successifs des rois d’IsraĂ«l 4 1-3; 7 7; cf. 2 Rois 15 8, 16, 25, 30 ; la recherche de l’Assyrie ou de l’Égypte, comme protecteurs 5 10, 13; 7 11; 8 9, 13; 10 6; 12 2; cf. 2 Rois 15 19, 20; 173, 4. Les chapitres 10 7, 15; 13 16, nous montrent, d’autre part, que si le prophĂšte a pu voir le commencement du rĂšgne d’OsĂ©e, il n’a pas atteint les jours oĂč les dix tribus furent emmenĂ©es captives par l’Assyrien. Ces nombreuses citations expliquent en mĂȘme temps comment l’Esprit prophĂ©tique relie Ă  des circonstances prĂ©sentes la rĂ©vĂ©lation des Ă©vĂ©nements futurs. En ces jours tragiques, oĂč tout se prĂ©cipite vers une issue fatale, le style du prophĂšte est hĂąchĂ©, abrupt, par consĂ©quent obscur et sans transitions ; il semble souvent que le temps lui manque pour relier ses pensĂ©es entre elles. Cette hĂąte se marque de plus en plus, Ă  mesure qu’on avance dans la seconde partie de la prophĂ©tie. OsĂ©e passe, sans nous en avertir, des menaces aux promesses ; d’une Ă©chappĂ©e sur la bĂ©nĂ©diction Ă  une vue sur une scĂšne de carnage ; du tableau des gratuitĂ©s passĂ©es, Ă  celui des douleurs d’enfantement qui viendront subitement sur ÉphraĂŻm. C’est que le jugement est Ă  la porte. Tout se mĂȘle et se confond pour le prophĂšte, dans sa prĂ©cipitation Ă  tout dire. Ah ! qu’au moins une parole de grĂące ou de jugement atteigne les oreilles de ce peuple ! HĂ©las ! il n’écoute pas ! Et cependant, jusqu’au style obscur doit le forcer Ă  la rĂ©flexion ! Malheur Ă  lui ! — Mais voici que soudain Dieu revient Ă  ses promesses d’anciennetĂ©. AussitĂŽt le style se calme et se repose enfin, au dernier chapitre, sur le tableau d’IsraĂ«l repentant qui retrouve la jouissance de la faveur divine. La colĂšre n’est plus ; seule la bĂ©nĂ©diction subsiste, dans une parfaite paix. C’est ainsi que, dans la Parole, Dieu approprie mĂȘme le style de ses serviteurs Ă  l’expression de ses pensĂ©es. Nous nous verrons obligĂ©s, Ă  cause des difficultĂ©s et du dĂ©cousu apparent de ce style, de donner parfois une paraphrase, c’est-Ă -dire un dĂ©veloppement explicatif du texte. Tout notre dĂ©sir est que cette mĂ©thode ne fatigue pas le lecteur, mais lui fournisse une intelligence plus claire de la Parole inspirĂ©e et ne nuise en aucune maniĂšre Ă  l’édification, but unique de ces pages. En Ă©tudiant OsĂ©e, il faut que nous soyons saisis nous-mĂȘmes des angoisses tumultueuses qui remplissent le coeur de cet homme de Dieu Indignation de la conduite d’IsraĂ«l envers son Dieu et annonce des jugements prochains ; amour pour ce peuple auquel il tient par toutes les fibres de son coeur, d’un coeur douloureux qui saigne, s’indigne, chĂ©rit, espĂšre ; qui appelle, crie, rugit, supplie ; qui, de sa haute tour, signale la tempĂȘte et retombe accablĂ© quand son cri n’a point trouvĂ© d’écho ; — mais qui, au milieu de tant de vains appels, a la consolation suprĂȘme de se reposer sur la grĂące, espĂ©rant invariablement dans les promesses confirmĂ©es Ă  Christ, et dont Dieu ne se repentira jamais. Un mot encore sur le plan, trĂšs simple du reste, de la prophĂ©tie d’OsĂ©e. Elle se divise en quatre parties de longueur trĂšs inĂ©gale, dont nous marquerons en leur lieu les subdivisions — Les chap. 1 Ă  3 nous prĂ©sentent l’état moral d’IsraĂ«l et les conseils de Dieu Ă  son Ă©gard. Chacun de ces trois chapitres se termine par la restauration finale du peuple comme ensemble. — Les chap. 4 Ă  10 contiennent le dĂ©bat de l’Éternel avec IsraĂ«l et l’énumĂ©ration de ses voies Ă  l’égard du peuple. C’est lĂ  surtout que nous assistons aux angoisses du prophĂšte. — La troisiĂšme division comprend les chap. 11 Ă  13. Ici le dĂ©bat continue, mais entremĂȘlĂ© d’échappĂ©es sur les desseins de la grĂące de Dieu Ă  l’égard d’ÉphraĂŻm et de Juda. — La quatriĂšme division contient le chap. 14 seul. Il fournit une expression Ă  la repentance dĂ©finitive aux derniers jours et dĂ©crit la restauration finale d’ÉphraĂŻm sous le rĂšgne millĂ©naire du Messie. Les dix tribus retrouvent ainsi la communion avec l’Éternel qu’elles avaient perdue et qui devient leur partage Ă  toujours. 2 - PREMIÈRE PARTIE CHAPITRES 1-3 État moral d’IsraĂ«l et conseils de Dieu Ă  son Ă©gard. - Chapitre 1 Dieu rejette IsraĂ«l et reçoit les nations. v. 1. — La parole de l’Éternel qui vint Ă  OsĂ©e, fils de BeĂ©ri, aux jours d’Ozias, de Jotham, d’Achaz et d’ÉzĂ©chias, rois de Juda, et aux jours de JĂ©roboam, fils de Joas, roi d’IsraĂ«l ». DĂšs le premier verset nous nous heurtons Ă  une difficultĂ©. Comment se fait-il qu’OsĂ©e, prophĂšte d’ÉphraĂŻm, au lieu d’énumĂ©rer la sĂ©rie des rois d’IsraĂ«l sous lesquels il a prophĂ©tisĂ©, ne mentionne que JĂ©roboam, le premier de ces rois, passe sous silence ses six successeurs et marque la durĂ©e de sa prophĂ©tie par les rois de Juda ? À cette Ă©nigme l’histoire des rois d’IsraĂ«l fournit une solution, confirmĂ©e par le contenu de notre premier chapitre. JĂ©hu, exĂ©cuteur des jugements de Dieu contre les dix tribus, avait exterminĂ© Joram, roi d’IsraĂ«l, et les 70 fils de l’impie Achab, mais, plein d’un zĂšle charnel, il avait outrepassĂ© les ordres de Dieu en exerçant la vengeance sur Achazia, roi de Juda, et ses quarante-deux frĂšres. L’Éternel reconnut l’obĂ©issance de JĂ©hu, dans la mesure oĂč elle s’était exercĂ©e Ă  son service, et lui dit Parce que tu as bien exĂ©cutĂ© ce qui Ă©tait droit Ă  mes yeux, et que tu as fait Ă  la maison d’Achab selon tout ce qui Ă©tait dans mon coeur, tes fils, jusqu’à la quatriĂšme gĂ©nĂ©ration, seront assis sur le trĂŽne d’IsraĂ«l » 2 Rois 10 30; 15 12. Ce fut, en effet, ce qui arriva. Sur les instances de Joakhaz, son pĂšre, premiĂšre gĂ©nĂ©ration de JĂ©hu, Joas, la seconde gĂ©nĂ©ration, avait Ă©tĂ© suscitĂ© comme Sauveur Ă  IsraĂ«l » 2 Rois 13 5. JĂ©roboam II, troisiĂšme gĂ©nĂ©ration, tout mauvais roi qu’il fĂ»t, avait Ă©tĂ© Ă©galement honorĂ© du titre de Sauveur du peuple 2 Rois 14 27. DĂšs lors cependant, IsraĂ«l Ă©tait jugĂ©, mais il manquait encore la quatriĂšme gĂ©nĂ©ration de JĂ©hu pour accomplir la promesse, faite Ă  ce dernier par l’Éternel. À la mort de JĂ©roboam, les dix tribus traversĂšrent une pĂ©riode d’interrĂšgne dont la prophĂ©tie d’OsĂ©e porte les traces. Mais ce que l’Éternel avait promis devait nĂ©cessairement avoir lieu. Au bout de onze ans d’interrĂšgne, Zacharie, quatriĂšme descendant de JĂ©hu, s’assit sur le trĂŽne d’IsraĂ«l, mais ne rĂ©gna que six mois et mourut de mort violente 2 Rois 15 8-12. Ainsi s’accomplissait Ă  la fois la parole de l’Éternel Ă  JĂ©hu et le jugement dĂ©finitif sur les dix tribus. DĂ©jĂ , du temps de JĂ©roboam II, ce jugement Ă©tait consommĂ© dans les dĂ©crets de Dieu. Les cinq souverains qui se succĂ©dĂšrent sur le trĂŽne depuis Zacharie jusqu’à la transportation des dix tribus ne comptent pas pour le prophĂšte, malgrĂ© le long rĂšgne de deux d’entre eux. OsĂ©e prophĂ©tise sur IsraĂ«l, alors que dĂ©jĂ  le sort du peuple est invariablement fixĂ© par l’Éternel. Celui-ci tient sa promesse Ă  JĂ©hu, mais juge dĂ©finitivement la maison d’IsraĂ«l, Ă  commencer par JĂ©hu 1 4. Pour un temps Juda, sous quelques rois fidĂšles, marche encore avec son Dieu et les vrais saints », quoique, de fait, la ruine des deux tribus soit dĂ©jĂ  complĂšte 12 1. Aussi, comme nous le verrons, chaque fois que Juda est mentionnĂ©, c’est pour montrer que, si son jugement est retardĂ©, il n’est pas Ă©loignĂ© et atteindra sĂ»rement la maison de David. VoilĂ  donc ce qui nous semble expliquer pourquoi OsĂ©e, prophĂšte d’ÉphraĂŻm, nous est prĂ©sentĂ© comme prĂ©disant sous le rĂšgne des rois de Juda, et passe sous silence tous les rois d’IsraĂ«l, sauf JĂ©roboam. Ce dernier Ă©tait encore un Sauveur ». AprĂšs lui, tout n’est plus que dĂ©sordre, meurtres et anarchie. v. 2-5. — En un temps oĂč la parole de Dieu n’a plus de puissance sur le coeur du peuple, pour le convaincre et le ramener, l’Éternel l’accompagne de signes visibles, symboliques, propres Ă  atteindre la conscience et au sens desquels personne ne peut se soustraire. L’Éternel dit Ă  OsĂ©e Va, prends-toi une femme prostituĂ©e et des enfants de prostitution ; car le pays s’est entiĂšrement prostituĂ© en abandonnant l’Éternel ». Il faut que le prophĂšte de l’Éternel, l’homme qui reprĂ©sente Dieu lui-mĂȘme devant le peuple, contracte une alliance dĂ©shonorante. IsraĂ«l ne comprendra-t-il pas que la prostitution est sa condition actuelle ? Il avait abandonnĂ© l’Éternel, trahi ses engagements avec son mari ; et cependant les relations d’une alliance lĂ©gitime subsistaient encore. Y avait-il rien de plus honteux pour le prophĂšte ? Mais combien plus pour l’Éternel lui-mĂȘme ! En outre, non seulement le prophĂšte ou Dieu Ă©tait dĂ©shonorĂ©, mais les enfants issus de cette union ne pouvaient s’appeler que des enfants de prostitution. Jamais la souillure ne peut ĂȘtre amĂ©liorĂ©e, mĂȘme alliĂ©e avec la puretĂ© la plus parfaite. Si la saintetĂ© du prophĂšte, sous la conduite de l’ Esprit de Dieu, n’en Ă©tait nullement altĂ©rĂ©e, l’impuretĂ© de son Ă©pouse Ă©tait dĂ©cuplĂ©e par le fait qu’elle n’avait eu aucun Ă©gard Ă  cette saintetĂ© ; mais il Ă©tait dĂ©sormais impossible que Dieu n’en prĂźt pas connaissance, si, le fait une fois constatĂ©, Il ne voulait pas renier Sa saintetĂ©. Le jugement devenait donc une nĂ©cessitĂ©, Ă  moins que Dieu n’abandonnĂąt son caractĂšre. Cette vĂ©ritĂ© est de tous les temps. AprĂšs IsraĂ«l, l’Église, en tant qu’Épouse responsable de Christ, a suivi le mĂȘme chemin, s’est prostituĂ©e, et tombera sous le mĂȘme jugement, bien plus terrible toutefois que celui d’IsraĂ«l, puisqu’il sera proportionnĂ© aux grĂąces qu’elle a reçues. IsraĂ«l a manquĂ© sous la loi ; l’Église responsable a manquĂ© sous la grĂące. Mais IsraĂ«l, aprĂšs sa dĂ©fection sous l’économie de la loi, retrouvera, sous la nouvelle alliance, la grĂące qu’il n’avait jamais connue ; l’Église ne la retrouvera pas, car, aprĂšs la grĂące, manifestation suprĂȘme du caractĂšre de Dieu, il ne lui reste plus de ressource, ni d’autre issue, que le jugement. L’Église est en voie de devenir la grande prostituĂ©e », la mĂšre de toutes les abominations de la terre qui aura pour fin cette sentence Elle est tombĂ©e, elle est tombĂ©e, Babylone la grande ! » Apoc. 17 1, 5; 18 2. OsĂ©e prend donc pour femme Gomer, dont la conduite est l’image de celle du peuple. Elle est fille de DiblaĂŻm, qui signifie double embrassement ». Ce nom semble ĂȘtre une allusion. DĂšs son origine, IsraĂ«l avait Ă©tĂ© soumis Ă  deux influences contraires, celle de la chair et celle de la saintetĂ© de Dieu. Un mĂ©lange — une chose ni tout Ă  fait bonne, ni tout Ă  fait mauvaise — pouvait-il en ĂȘtre le rĂ©sultat ? Impossible ! La corruption n’hĂ©rite pas de l’incorruptibilitĂ© ». Le premier fils de Gomer est JizreĂ«l. Appelle », dit l’Éternel, son nom JizreĂ«l, car encore un peu de temps et je visiterai le sang de JizreĂ«l sur la maison de JĂ©hu, et je ferai cesser le royaume de la maison d’IsraĂ«l ; et il arrivera, en ce jour-lĂ , que je briserai l’arc d’IsraĂ«l dans la vallĂ©e de JizreĂ«l » v. 4. Ce nom rappelle le meurtre, commis par JĂ©hu, sur Achazia, roi de Juda et ses quarante-deux frĂšres 2 Rois 9-10. Dieu avait approuvĂ© JĂ©hu en ce qu’il avait fait Ă  la maison d’Achab et lui en avait mĂȘme accordĂ© la rĂ©compense. Ce n’est qu’environ quatre-vingts ans aprĂšs que nous apprenons ce que Dieu pensait du meurtre des fils de Juda. Ce principe est trĂšs instructif quant aux voies de Dieu. En tant qu’il sert Ă  l’accomplissement des conseils de Dieu, l’homme peut ĂȘtre approuvĂ© de Lui, quels que soient les motifs secrets de son coeur, si toutefois il ne s’oppose pas Ă  cet accomplissement. Mais les motifs secrets qui l’ont fait agir, quand il semblait ne travailler que pour Dieu, seront un jour mis en lumiĂšre et la violence ou l’hypocrisie se cachant sous le manteau de l’obĂ©issance n’échapperont pas plus dans le jour du jugement qu’ils n’échappent aujourd’hui Ă  Son regard. Il arrive un temps oĂč la patience de Dieu prend fin. Les motifs du coeur de JĂ©hu, qu’il savait si bien cacher aux yeux du fidĂšle Jonadab, en les parant du nom de zĂšle pour l’Éternel » 2 Rois 10 15, 16, sont maintenant mis Ă  dĂ©couvert. Les meilleurs pouvaient s’y tromper, mais on ne trompe pas Dieu. Des annĂ©es s’écoulent, le jour et l’heure de la rĂ©tribution arrivent, lentement peut-ĂȘtre, mais d’un pas certain et inĂ©vitable. N’en avait-il pas Ă©tĂ© de mĂȘme dans l’affaire de SaĂŒl et des Gabaonites ; il semblait, aprĂšs tant d’annĂ©es, que Dieu eĂ»t oubliĂ© ce qu’il n’avait pas mĂȘme enregistrĂ©. La famine de trois ans vint dĂ©tromper IsraĂ«l 2 Sam. 21. Le nom de JizreĂ«l est synonyme ici de brisement l’arc d’IsraĂ«l sa puissance sera brisĂ© dans la vallĂ©e de JizreĂ«l. Avec la maison de JĂ©hu le royaume des dix tribus a cessĂ© virtuellement et Dieu ne tient plus compte de ce qui reste. Mais la royautĂ© n’était pas seule en question. Dans quel Ă©tat se trouvait la nation elle-mĂȘme sous les successeurs de JĂ©hu ? Gomer enfante une fille et Dieu dit Appelle son nom Lo-Rukhama elle n’a pas obtenu misĂ©ricorde, car je ne ferai plus misĂ©ricorde Ă  la maison d’IsraĂ«l pour leur pardonner encore » v. 6. La coupe Ă©tait comble ; Ă  l’égard d’IsraĂ«l, il n’y avait plus lieu Ă  repentance de la part de l’Éternel ; cependant il voulait encore faire misĂ©ricorde Ă  la maison de Juda et les sauver » — ce qu’il avait fait en vain par deux fois, comme nous l’avons vu, Ă  l’égard de la maison d’IsraĂ«l — car la sentence dĂ©finitive n’était pas encore prononcĂ©e sur la race de David. Gomer a un second fils. Dieu dit Appelle son nom Lo-Ammi pas mon peuple, car vous n’ĂȘtes pas mon peuple et je ne serai pas Ă  vous » v. 9. Ainsi tout lien avec Dieu est rompu. IsraĂ«l est rejetĂ© et remarquons que Dieu ne fait plus une exception en faveur de Juda, comme il l’a faite pour Lo-Rukhama. La sentence s’étend ici au delĂ  d’ÉphraĂŻm. Dans le moment mĂȘme oĂč elle est prononcĂ©e, les relations vitales de tout le peuple sont dĂ©jĂ  rompues. Elles feront bientĂŽt place aux simples voies de la Providence de Dieu, comme nous les voyons au livre d’Esther, jusqu’au jour du rĂ©tablissement d’IsraĂ«l. Avec cette sentence Vous n’ĂȘtes pas mon peuple », il semble que tout soit dĂ©finitivement terminĂ©. Sans doute, si Dieu n’était pas Dieu, et si sa gloire voulait ĂȘtre fondĂ©e sur ses jugements au lieu d’ĂȘtre Ă©tablie sur sa grĂące. Dieu est un juge et les pĂ©cheurs sont affreusement coupables de n’en pas tenir compte, mais Il est aussi le Dieu des promesses et ces promesses sont sans repentance. On le voit bien ici, au v. 10, Ă  l’égard d’IsraĂ«l Cependant le nombre des fils d’IsraĂ«l sera comme le sable de la mer, qui ne se peut mesurer ni nombrer ». Le prophĂšte, chose remarquable, ne remonte pas aux promesses faites Ă  Jacob IsraĂ«l Ă  BĂ©thel Ta semence sera comme la poussiĂšre de la terre » Gen. 28 14 — mais Ă  celles qu’il fit Ă  Abraham Ă  la suite du sacrifice d’Isaac Je multiplierai abondamment ta semence
 comme le sable qui est sur le bord de la mer » Gen. 22 17, promesse que Jacob lui-mĂȘme rappelle Ă  l’Éternel avant de passer le guĂ© de Jabbok Tu as dit Certes, je te ferai du bien et je ferai devenir ta semence comme le sable de la mer, qui ne se peut nombrer Ă  cause de son abondance » Gen. 32 12. C’est en vertu du sacrifice de Christ que la grĂące de Dieu triomphera Ă  la fin, et sur ce sacrifice que l’Éternel Ă©tablit ses promesses immuables. La loi, venue si longtemps aprĂšs, ne peut les annuler. Le Dieu des promesses ne peut mentir, ni dĂ©savouer Christ, l’Isaac ressuscitĂ©, en qui elles sont toutes Oui et Amen ». Mais le prophĂšte mentionne encore une promesse bien plus merveilleuse que celle du sable de la mer » Et il arrivera que, dans le lieu oĂč il leur a Ă©tĂ© dit Vous n’ĂȘtes pas mon peuple, il leur sera dit Fils du Dieu vivant ». Ce passage a trait aux nations et non pas Ă  IsraĂ«l, comme l’Esprit de Dieu nous l’enseigne en Rom. 9. N’est-il pas remarquable que, sans cet enseignement, nous n’aurions jamais dĂ©couvert, dans ce verset, la pensĂ©e de Dieu au sujet des gentils ? En Rom. 9 24-26, l’apĂŽtre cite deux passages d’OsĂ©e pour montrer que Dieu a appelĂ© des vaisseaux de misĂ©ricorde
 savoir nous, non seulement d’entre les Juifs, mais aussi d’entre les nations ». Le premier de ces passages est pris en OsĂ©e 2 23 J’appellerai mon peuple, celui qui n’était pas mon peuple et bien-aimĂ©e celle qui n’était point bien-aimĂ©e ». Ces paroles se rapportent exclusivement Ă  IsraĂ«l ; l’apĂŽtre Pierre, s’adressant Ă  des Juifs convertis, les emploie Ă  leur sujet Vous qui autrefois n’étiez pas un peuple, mais qui maintenant ĂȘtes le peuple de Dieu ; vous qui n’aviez pas obtenu misĂ©ricorde, mais qui maintenant avez obtenu misĂ©ricorde » l Pierre 2 10. Pierre montre Ă  ces chrĂ©tiens sortis du judaĂŻsme que ce qui Ă©tait promis pour l’avenir Ă  leur nation, eux le possĂ©daient maintenant ; qu’ils avaient le droit de s’appeler le peuple de Dieu, et avaient des relations avec Dieu fondĂ©es sur sa grĂące gratuite. Le second passage de Rom. 9 est tirĂ© d’OsĂ©e 1 10. C’est celui qui nous occupe Il arrivera », dit l’apĂŽtre, qu’au lieu oĂč il leur a Ă©tĂ© dit Vous n’ĂȘtes point mon peuple, lĂ  ils seront appelĂ©s fils du Dieu vivant ». Dans l’avenir, les fils d’IsraĂ«l apprendront que Dieu s’est suscitĂ© Ă  leur place un peuple nouveau, ayant un titre nouveau Fils du Dieu vivant ». Ce nom me semble avoir une portĂ©e toute spĂ©ciale. Dans l’Ancien Testament le nom du Dieu vivant, du Dieu d’IsraĂ«l possĂ©dant la vie en lui-mĂȘme, semble ĂȘtre en contraste avec les dieux sans vie, idoles des nations. Dans le Nouveau Testament, Christ est le Fils du Dieu vivant Matt. 16 16; Rom. 1 4, dĂ©clarĂ© tel par la rĂ©surrection d’entre les morts. En vertu de cette rĂ©surrection et par la descente du Saint Esprit, le chrĂ©tien possĂšde la mĂȘme relation avec Dieu que son Seigneur et Sauveur. Il est fils de Dieu, du Dieu vivant. Telle me semble ĂȘtre la portĂ©e de ce passage. Il s’adresse aux nations dont nous faisons partie, et proclame la nouvelle relation dans laquelle elles entreront avec Dieu par un Christ ressuscitĂ©. Sans doute le prophĂšte ne va pas jusqu’au mystĂšre de l’Église, inconnu de l’Ancien Testament, mais nous pouvons dire que ce mystĂšre est cachĂ© ici dans ces mots le Dieu vivant », titre connu de tous les prophĂštes, mais rĂ©vĂ©lĂ© ici pour le temps futur oĂč, sur lui, le Seigneur bĂątira son AssemblĂ©e. Et les fils de Juda et les fils d’IsraĂ«l se rassembleront, et s’établiront un chef, et monteront du pays ; car la journĂ©e de JizreĂ«l est grande » v. 11. De la bĂ©nĂ©diction des nations, le prophĂšte passe au rassemblement futur de tout IsraĂ«l. Juda, avec lequel Dieu patientait encore, devait ĂȘtre dispersĂ© aprĂšs les dix tribus, mais il n’en sera pas toujours ainsi. Si le but de la croix, de rassembler en un les enfants de Dieu dispersĂ©s, a Ă©chouĂ© quant Ă  IsraĂ«l, le temps viendra oĂč ce dessein s’accomplira. Juda et IsraĂ«l ou les dix tribus s’établiront un seul chef ; ils reconnaĂźtront ensemble la seigneurie du Christ que Juda avait rejetĂ©. Alors ces frĂšres ennemis vivront unis avec leur Chef, souverain sacrificateur et Roi sur son trĂŽne, devenu dĂ©sormais leur Conducteur. Ils monteront du pays ». Le sens de cette parole me paraĂźt ĂȘtre qu’ils monteront de la terre de Canaan comme une moisson abondante, car, ajoute immĂ©diatement le prophĂšte, la journĂ©e de JizreĂ«l est grande ». Alors JizreĂ«l, lieu du massacre et de la rĂ©tribution v. 5, recevra sa vraie signification Dieu sĂšme » cf. 2 23. Il sĂšme et la moisson lĂšvera, mais seulement aprĂšs que le jugement du peuple aura Ă©tĂ© consommĂ©. DĂšs que la journĂ©e de JizreĂ«l est introduite par Dieu lui-mĂȘme, elle ne peut ĂȘtre qu’en bĂ©nĂ©diction ; oĂč Lui a semĂ©, la moisson ne peut ĂȘtre qu’infiniment grande. Autrefois, sous JĂ©hu, l’homme avait semĂ©, et rĂ©coltĂ© la tempĂȘte ; mais quand Dieu sĂšmera il rĂ©coltera un peuple bien uni, le fruit mĂ»r de son oeuvre, rassemblĂ© sous un Chef divin. Alors on pourra dire, en effet La journĂ©e de JizreĂ«l est grande ! * * C’est du moins l’explication que je propose de ce passage qui a reçu plusieurs interprĂ©tations. Voir pour la mĂȘme signification du mot monter chap. 10 8. S’établir un chef et monter ne se lient point, selon moi, dans ce passage. Nous avons donc trouvĂ© dans ce chapitre un rĂ©sumĂ© important du passĂ© et de l’avenir d’IsraĂ«l et de Juda. Toute la prophĂ©tie de l’Ancien Testament y est condensĂ©e en quelques mots. Les promesses de Dieu ; le peuple sous la loi abandonnant l’Éternel ; le jugement qui en est la consĂ©quence ; la rupture de toute relation entre Dieu et le peuple ; la cessation de ses voies de misĂ©ricorde envers lui ; l’alliance lĂ©gale ayant Ă©tĂ© rompue par IsraĂ«l ; — l’entrĂ©e des nations dans les bĂ©nĂ©dictions de la nouvelle alliance, comme fruit de la rĂ©surrection du Christ qu’IsraĂ«l avait rejetĂ©, — mais ensuite la reprise des relations de Dieu avec IsraĂ«l, lorsque le Christ ressuscitĂ© devient Chef de son peuple, le rĂ©unit en un aprĂšs sa dispersion, et fait lever une moisson abondante sur la terre renouvelĂ©e. - Chapitre 2 Dieu rejette IsraĂ«l et l’introduit par la repentance dans les bĂ©nĂ©dictions millĂ©naires. Le premier verset de ce chapitre Dites Ă  vos frĂšres Ammi ! et Ă  vos soeurs Rukhama ! » semble se rapporter Ă  l’espĂ©rance donnĂ©e Ă  IsraĂ«l, Ă  la fin du premier chapitre. C’est comme si le prophĂšte disait Dans le jour actuel il est possible de rĂ©aliser le caractĂšre d’un RĂ©sidu. Mais il y aura, en un temps futur, non encore dĂ©terminĂ©, des fidĂšles qui se reconnaĂźtront, les uns les autres, comme Ă©tant le peuple de Dieu et comme ayant obtenu misĂ©ricorde. Seulement ces fidĂšles, unis dans l’heureuse pensĂ©e d’appartenir Ă  l’Éternel et d’ĂȘtre en faveur auprĂšs de Lui, plaideront contre leur mĂšre » v. 2, la femme prostituĂ©e, IsraĂ«l apostat, qui n’est pas la femme de l’Éternel et dont il n’est pas le mari ». Eux sont issus de Dieu, puisque l’Esprit de prophĂ©tie le prophĂšte les a engendrĂ©s, mais, obligĂ©s de reconnaĂźtre qu’IsraĂ«l idolĂątre est leur mĂšre, ils entrent en procĂšs avec elle pour revendiquer leur droit Ă  la saintetĂ© de Dieu. Une derniĂšre fois ce pauvre peuple est sommĂ© par ses enfants eux-mĂȘmes qui appartiennent Ă  l’Éternel, de revenir de sa mauvaise voie, sinon Dieu le mettra Ă  nu, lui ĂŽtera tous les privilĂšges qu’il lui avait accordĂ©s et le laissera dans l’horreur de sa prostitution, objet d’un jugement sans rĂ©mission v. 3. Ses enfants mĂȘme, en tant qu’ils ne prennent pas le caractĂšre du RĂ©sidu, seront Lo-Rukhama je ne ferai pas misĂ©ricorde, car ils sont le fruit de sa prostitution. Ainsi il y aura, comme descendant d’IsraĂ«l, des enfants nĂ©s de la prostitution et des enfants nĂ©s de Dieu, ceux dont il est dit Sortez du milieu d’elle, soyez purs, vous qui portez les vases de l’Éternel », et vous me serez pour fils et pour filles, dit le Seigneur, le Tout-Puissant » ÉsaĂŻe 52 11; 2 Cor. 6 18. Cet abandon de Dieu est, chez IsraĂ«l, le fruit d’une volontĂ© sans frein qui pousse le coeur vers ses convoitises et le met en opposition avec Dieu J’irai aprĂšs mes amants qui m’ont donnĂ© mon pain et mon eau, ma laine et mon lin, mon huile et ma boisson » v. 5, comme si ces choses appartenaient au peuple infidĂšle, par la libĂ©ralitĂ© du monde dont il voulait les recevoir ! — J’irai ! » Combien cette propre volontĂ© diffĂšre de la volontĂ© de Rebecca, interrogĂ©e par ses parents, et qui leur rĂ©pond aussi J’irai. Qu’importent la fatigue, les privations, le dĂ©sert sans pain, sans eau, sans huile et sans vin. J’irai ! Aucun avantage pour compenser ceux de la maison paternelle, rien qui rĂ©ponde aux habitudes ou aux aspirations de son coeur ; dans ce dĂ©sert tout est contre elle, et cependant elle dit J’irai ! C’est qu’elle a devant elle un personnage en qui elle a mis sa confiance, en qui elle croit, quoiqu’elle ne le voie pas, et qu’elle aime sans le voir Isaac. Pour l’atteindre, sous la conduite du Saint Esprit qui ne l’abandonnera pas dans le dĂ©sert, elle consent Ă  laisser les affections les plus chĂšres, le toit familial, Ă  endurer toutes les privations. Elle veut arriver Ă  lui, comme une vierge pure et chaste, digne objet de son affection. Remarquez cependant que ce n’est pas Rebecca qui choisit Isaac comme Ă©poux. C’est lui qui l’a choisie et qui, avant qu’elle se voue tout entiĂšre Ă  lui, lui a donnĂ© les arrhes de son propre amour. Tel est le premier amour, l’amour de l’Époux s’emparant du coeur de l’Épouse pour l’attirer au devant de lui. IsraĂ«l avait trouvĂ© cet amour au dĂ©but de sa carriĂšre, quand, rachetĂ© d’Égypte, il marchait dans le dĂ©sert aprĂšs l’Éternel JĂ©r. 2 1-3. Il l’a perdu pour aller aprĂšs ses amants » v. 5. Il ne le retrouvera plus tard que sur le chemin de la repentance v. 14-17. Combien IsraĂ«l, la prostituĂ©e, diffĂšre de Rebecca ! IsraĂ«l dit J’irai aprĂšs mes amants », l’Assyrie et l’Égypte. Elle se donne Ă  eux pour les avantages terrestres qu’elle pense retirer de ce commerce. Elle ne voit pas que, mĂȘme ces avantages temporels lui viennent de Dieu Elle ne sait pas que c’est moi qui lui ai donnĂ© le blĂ©, et le moĂ»t, et l’huile ». Et, chose pire encore, des richesses que Dieu lui donne elle se fait des idoles Je lui ai multipliĂ© aussi l’argent et l’or — ils l’ont employĂ© pour Baal » v. 8. Mais le CrĂ©ateur lui retirera ses dons, et elle verra s’ils venaient de ses amants C’est pourquoi je reprendrai mon blĂ© en son temps, et mon moĂ»t en sa saison ; et j’îterai ma laine et mon lin qui devaient couvrir sa nuditĂ© ». Dieu lui enlĂšve les biens de la terre v. 9 ; elle est humiliĂ©e aux yeux des nations v. 10. Les fĂȘtes solennelles, tous les dehors de son culte, lui sont ĂŽtĂ©es v. 11 ; les signes de la faveur de l’Éternel, la joie et l’abondance terrestres, lui sont retirĂ©s ; elle devient la proie de ses ennemis v. 12. Dieu se vengera de son idolĂątrie, car elle m’a oubliĂ©, dit l’Éternel ! » v. 13. Ce tableau de l’état d’IsraĂ«l est aussi celui de l’état actuel de la profession chrĂ©tienne. On recherche le monde et ses avantages, ses richesses et sa prospĂ©ritĂ©, les douceurs de l’existence qu’il nous procure, sans s’enquĂ©rir du Dieu auquel ces choses appartiennent, et on les fait servir Ă  la satisfaction de ses convoitises, au lieu de tout abandonner pour suivre JĂ©sus. Parfois, l’ñme dĂ©sabusĂ©e, voyant que ses amants » ne lui offrent plus ce qu’elle dĂ©sire, et aprĂšs avoir poursuivi en vain les choses par lesquelles Satan l’a leurrĂ©e, s’écrie J’irai et je m’en retournerai Ă  mon premier mari ; car alors j’étais mieux que maintenant » v. 7. Ne nous y trompons pas, ce n’est pas la description de ce qui se passe dans le coeur du fils prodigue Je me lĂšverai et m’en irai vers mon pĂšre ». Heureux ceux qui, sous le poids de leurs dĂ©sillusions et de leur misĂšre, ont enfin senti qu’il n’y avait pour eux de ressource que dans les bras du PĂšre qu’ils avaient dĂ©shonorĂ©, et qui retournent Ă  lui, repentants, et lui disant J’ai pĂ©chĂ© contre le ciel et devant Toi ! » — Mais ici nous ne trouvons aucune repentance. La lassitude, le dĂ©couragement, la nausĂ©e du pĂ©chĂ©, peuvent pousser les Ăąmes vers la religion, et leur faire dĂ©sirer un changement, mais il ne peut ĂȘtre obtenu que sur le chemin de la repentance. Ici, l’horreur des idoles ne remplit pas encore le coeur d’IsraĂ«l. Il ne se doute pas quel personnage effroyable se cache derriĂšre les Baals. En apparence une idole n’est rien ; les hommes cherchent Ă  se persuader qu’il est bien indiffĂ©rent de se livrer Ă  ses convoitises, pourvu qu’elles n’appartiennent pas au groupe des choses dĂ©gradantes, mais se doutent-ils que les dĂ©mons sont cachĂ©s derriĂšre chacun des objets de leurs dĂ©sirs ? 1 Cor. 10 20. Nous l’avons dit les paroles d’IsraĂ«l, au v. 7, ne sont pas rĂ©ellement la repentance. Le dĂ©goĂ»t, le vide que laissent les convoitises, jamais satisfaites par la possession des choses dĂ©sirĂ©es, l’espoir de trouver mieux que cela en se tournant vers Dieu, la rĂ©solution d’en finir, ne sont pas encore le vrai J’irai » du fils prodigue. Il faut, comme lui, se lever et s’en aller vers son pĂšre. IsraĂ«l ne le fait pas ici ; il dit simplement J’étais mieux que maintenant ». La pensĂ©e d’avoir pĂ©chĂ© contre l’Éternel ne monte pas dans son coeur, et, de fait, ce qui nous convertit, c’est la conviction d’avoir offensĂ© l’amour de Dieu au moment mĂȘme oĂč il avait tout fait pour nous. Mais il arrive un moment oĂč Dieu ĂŽte tout, mĂȘme les formes religieuses v. 11 qu’IsraĂ«l accordait avec le culte des dĂ©mons et l’impuretĂ©. Il en sera de mĂȘme de la chrĂ©tientĂ©, ces formes y subsistent encore aujourd’hui, mais seront bientĂŽt englouties dans l’apostasie gĂ©nĂ©rale et, dĂšs lors, le Dieu auquel on a si lĂ©gĂšrement tournĂ© le dos sera introuvable ! Cependant, au milieu de toutes ces ruines, Dieu a des vues de grĂące envers IsraĂ«l et nous les trouvons dans les v. 14 Ă  17. C’est pourquoi, voici, moi, je l’attirerai, et je la mĂšnerai au dĂ©sert, et je lui parlerai au coeur ; et de lĂ  je lui donnerai ses vignes, et la vallĂ©e d’Acor pour une porte d’espĂ©rance ; et lĂ  elle chantera comme dans les jours de sa jeunesse et comme au jour oĂč elle monta du pays d’Égypte. Et il arrivera, en ce jour-lĂ , dit l’Éternel, que tu m’appelleras Mon mari, et tu ne m’appelleras plus Mon maĂźtre mon Baal. Et j’îterai de sa bouche les noms des Baals, et on ne se souviendra plus de leur nom ». — Ce sera comme un renouveau, un recommencement de l’histoire d’IsraĂ«l c’est-Ă -dire des dix tribus qui sont spĂ©cialement en vue dans ce passage. D’abord Dieu lui-mĂȘme l’attirera aprĂšs Lui dans le dĂ©sert pour le bĂ©nir. Le peuple retrouvera ce qu’il avait eu autrefois quand la fraĂźcheur du premier amour l’attirait, Ă  sa sortie d’Égypte, aprĂšs son Époux dans une terre inhabitĂ©e JĂ©r. 2 1-3. HĂ©las ! ce premier amour avait Ă©tĂ© abandonnĂ© pour la recherche des idoles, des Baals dont IsraĂ«l avait fait ses maĂźtres. N’y avait-il donc plus aucun espoir de le retrouver ? Aucun pour l’ensemble du peuple, pas plus que pour l’ensemble de l’Église professante de nos jours. Mais un RĂ©sidu pourra retrouver ce premier amour, cette bienheureuse communion avec le Mari d’IsraĂ«l. IsraĂ«l fĂ»t-il comme le sable de la mer, un rĂ©sidu seulement reviendra ». Ce RĂ©sidu sera Ă©prouvĂ©, jugĂ©, purifiĂ© dans le dĂ©sert, pour retrouver le chemin de la bĂ©nĂ©diction et rentrer en possession de son pays ÉsaĂŻe 11 11-16; 27 12, 13; ÉzĂ©ch. 2010-38; Zach. 10 7-12; Soph. 3 10. Dans cette Ă©preuve un grand nombre de ceux qui s’étaient mis en route avec le RĂ©sidu sera jugĂ© et ne verra jamais le pays de la promesse ; ce sera la rĂ©pĂ©tition de l’histoire du peuple de jadis, dont les corps tombĂšrent dans le dĂ©sert. Mais, de mĂȘme qu’autrefois, un RĂ©sidu sera sauvĂ© ; l’Éternel parlera Ă  son coeur ». ÉphraĂŻm retrouvera ses vignes v. 15, mais non plus comme au temps passĂ© oĂč il cherchait sa joie dans l’ivresse ; — et combien de fois l’ivrognerie d’ÉphraĂŻm n’est-elle pas mentionnĂ©e par les prophĂštes ? ÉsaĂŻe 28 1-4, etc. — il retrouvera sa joie dans la communion avec son Dieu. Je lui donnerai ses vignes », dit l’Éternel ; cette restauration sera due entiĂšrement Ă  la grĂące ; le Seigneur se servira des souffrances du dĂ©sert pour produire ce rĂ©sultat. Mais, comme toute restauration, elle ne pourra avoir lieu sans un travail de repentance. Le premier amour perdu ne peut ĂȘtre retrouvĂ© que par ce chemin-lĂ . Il en a Ă©tĂ©, il en est, il en sera toujours ainsi pour toute conversion vĂ©ritable ; aussi trouvons-nous ici Je lui donnerai la vallĂ©e d’Acor pour une porte d’espĂ©rance ». La vallĂ©e d’Acor JosuĂ© 7 19-26, c’est-Ă -dire la vallĂ©e du trouble, le jugement du mal, Ă©tait le lieu oĂč Acan qui avait amenĂ©, par l’interdit, le trouble sur IsraĂ«l, avait Ă©tĂ© lapidĂ©, puis brĂ»lĂ©, lui, ses fils et ses filles, tout son bĂ©tail, ainsi que l’interdit qu’il s’était appropriĂ©, afin de dĂ©tourner d’IsraĂ«l l’ardeur de la colĂšre de l’Éternel. Cette vallĂ©e du trouble, dont la solennitĂ© atteint la conscience d’ÉphraĂŻm quand il assiste, pendant le voyage, au jugement terrible de l’Éternel sur le peuple dont il fait partie, devient pour le RĂ©sidu une porte d’espĂ©rance et ouvre l’issue Ă  la dĂ©livrance finale. Alors, et seulement alors, l’heure d’une seconde jeunesse aura sonnĂ© pour les dix tribus. Elle l’Épouse chantera comme dans les jours de sa jeunesse et comme au jour oĂč elle monta du pays d’Égypte ». Le RĂ©sidu d’IsraĂ«l comprendra de nouveau la douceur des liens d’amour qui l’unissent Ă  l’Éternel, la douceur de pouvoir l’appeler Mon Mari », et de ne plus l’appeler Mon MaĂźtre », nom que les dix tribus donnaient aux Baals, car MaĂźtre et Baal sont le mĂȘme mot. Elles s’étaient livrĂ©es Ă  Baal, au dĂ©mon cachĂ© derriĂšre l’idole, maintenant elles ont oubliĂ© jusqu’à son nom v. 17. Quelle grĂące ! Comme l’Éternel, en ce jour-lĂ , ne se souviendra plus des iniquitĂ©s d’IsraĂ«l, IsraĂ«l ne se souviendra plus du nom de ses faux dieux ! Le passĂ©, l’esclavage de Satan, aura disparu pour faire place au renouvellement des heureuses relations avec Dieu, si longtemps mĂ©connu, si longtemps mĂ©prisĂ©. Cet avenir d’ÉphraĂŻm est pour nous, chrĂ©tiens, le prĂ©sent. Dieu nous dit lui-mĂȘme qu’Il ne se souviendra plus jamais de nos pĂ©chĂ©s, ni de nos iniquitĂ©s, et, en vertu du sang de Christ versĂ© pour nous, nous pouvons nous prĂ©senter devant Lui, sans aucune conscience de pĂ©chĂ©. Ces heureuses certitudes attachent nos coeurs Ă  Celui auquel nous devons nos bĂ©nĂ©dictions. Le connaĂźtre, Lui, devient la source de toutes nos joies et de toute notre activitĂ©. C’est le premier amour. L’avons-nous perdu ? Retrouvons-le promptement par une libre repentance, sinon Dieu, pour nous le faire retrouver, produira dans nos coeurs cette repentance sur le chemin de ses jugements ! C’est seulement aprĂšs le travail de repentance que s’ouvre devant IsraĂ«l la scĂšne merveilleuse des bĂ©nĂ©dictions du rĂšgne millĂ©naire v. 18-23. En ce jour-lĂ  » v. 18, l’Éternel apaisera tous les instruments de ses jugements contre son peuple les bĂȘtes sauvages, les oiseaux de proie, les serpents venimeux ; il ĂŽtera, en les brisant, l’arc et l’épĂ©e, et la guerre », tous les ennemis divers que Dieu avait si souvent suscitĂ©s pour chĂątier cette nation. IsraĂ«l reposera en sĂ©curitĂ© ». Ce peuple qui avait fermĂ© l’oreille Ă  son Messie quand il venait lui dire Je vous donnerai du repos », trouvera enfin le repos par la repentance, et Ă  travers la tribulation. Et je te fiancerai Ă  moi pour toujours ; et je te fiancerai Ă  moi en justice, et en jugement, et en bontĂ©, et en misĂ©ricorde ; et je te fiancerai Ă  moi en vĂ©ritĂ© ; et tu connaĂźtras l’Éternel » v. 19, 20. IsraĂ«l connaĂźt dĂ©sormais l’Éternel, car ses fiançailles dĂ©pendent entiĂšrement de Sa grĂące. La justice est dĂ©sormais insĂ©parable de la misĂ©ricorde. Le peuple entre en relation avec Dieu sur le pied d’une justice basĂ©e sur le jugement, et d’une misĂ©ricorde fondĂ©e sur l’amour. C’est ce que nous, chrĂ©tiens, nous avons trouvĂ© Ă  la croix de Christ ; ce sera la part d’IsraĂ«l en un jour futur ; ce sera le fondement du rĂšgne glorieux de Christ sur la terre La justice et le jugement sont les bases de ton trĂŽne ; la bontĂ© et la vĂ©ritĂ© marchent devant ta face » Ps. 89 14. Et je te fiancerai Ă  moi en vĂ©ritĂ© » v. 20. La repentance d’IsraĂ«l l’amĂšnera Ă  des rapports avec Dieu, non seulement en justice et en grĂące, mais aussi en vĂ©ritĂ©, c’est-Ă -dire selon le caractĂšre qu’il donnera Ă  son peuple pour qu’il puisse entrer en relation avec Lui. Ce caractĂšre dĂ©pend entiĂšrement de la grĂące, car c’est d’elle seule que provient ce que nous sommes devant Dieu, et ce qu’IsraĂ«l sera devant Lui. Et c’est alors qu’IsraĂ«l pourra dire Je connais l’Éternel ! v. 20. Et il arrivera, en ce jour-lĂ , que j’exaucerai, dit l’Éternel, j’exaucerai les cieux, et eux exauceront la terre, et la terre exaucera le froment et le moĂ»t et l’huile, et eux exauceront JizreĂ«l Dieu sĂšme. Et je la sĂšmerai pour moi dans le pays, et je ferai misĂ©ricorde Ă  Lo-Rukhama, et je dirai Ă  Lo-Ammi Tu es mon peuple, et il me dira Mon Dieu » v. 21-23. Nous trouvons ici la plĂ©nitude des bĂ©nĂ©dictions de la terre millĂ©naire. Remarquons dans tout ce passage, depuis le v. 18, trois choses 1° Le mal, instrument extĂ©rieur du jugement, est supprimĂ© ; car, nous l’apprenons autre part, Satan qui le met en oeuvre est liĂ© pour mille ans Apoc. 20 1-3. 2° Le mal dans le coeur du peuple est ĂŽtĂ©, et remplacĂ© par un coeur nouveau et par la connaissance de Dieu. C’est la nouvelle alliance dont nous parle JĂ©rĂ©mie, fondĂ©e entiĂšrement sur la grĂące JĂ©r. 31 31-34; HĂ©b. 8 10-13. 3° La crĂ©ation, soumise autrefois Ă  la servitude de la corruption », est affranchie pour jouir de la libertĂ© de la gloire des saints Rom. 8 19-22. Il y aura accord entre le ciel et la terre dans les semailles et dans les moissons. JizreĂ«l ne sera plus le lieu du meurtre et du carnage, mais correspondra Ă  son nom Dieu sĂšme ». Oui, Dieu sĂšmera dans ce qui Ă©tait autrefois le lieu de la violence de l’homme et des jugements de Dieu, et la semence tombant dans une terre prĂ©parĂ©e par Lui, portera du fruit au centuple. La bĂ©nĂ©diction du froment, du moĂ»t et de l’huile, qu’IsraĂ«l avait d’abord cherchĂ©e auprĂšs des nations v. 5, puis que Dieu lui avait ĂŽtĂ©e v. 8, 9, il la retrouvera sous le rĂšgne du MĂ©diateur, du vrai MelchisĂ©dec, qui bĂ©nira le peuple de la part de Dieu et Dieu de la part du peuple. Alors IsraĂ«l sera revenu par la foi aux bĂ©nĂ©dictions d’Abraham ; il sera semĂ© par Dieu et pour Dieu dans son pays. Lo-Ammi deviendra Mon peuple ; Lo-Rukhama deviendra Objet de misĂ©ricorde. Et IsraĂ«l dira Mon Dieu ! Il y aura confiance rĂ©ciproque, amour rĂ©ciproque, joie dĂ©bordant dans la communion avec Dieu. Toutes ces choses seront la part d’IsraĂ«l repentant et restaurĂ©. Elles appartiennent aujourd’hui aux chrĂ©tiens, en vertu de relations avec le Fils et avec le PĂšre, bien plus intimes et plus prĂ©cieuses que celles d’IsraĂ«l avec son Dieu 1 Pierre 2 10. - Chapitre 3 Dieu rejette IsraĂ«l et lui fait retrouver, par la conversion, le Christ, son vrai Roi. Le prophĂšte est appelĂ© Ă  accomplir un nouvel acte symbolique. Il doit aimer une femme qui, quoique aimĂ©e d’un ami — le prophĂšte, qui symbolise ici l’Éternel, — est adultĂšre, infidĂšle aux liens obligatoires qui l’attachent Ă  son ami. Il en avait Ă©tĂ© de mĂȘme pour les fils d’IsraĂ«l. L’Éternel les avait aimĂ©s, eux l’avaient abandonnĂ© pour aller aprĂšs d’autres dieux, et avaient aimĂ© les gĂąteaux de raisin » v. 1, estimant que l’adultĂšre leur fournirait cette nourriture de fĂȘte et que l’Éternel la leur refuserait. Pourtant, c’était David qui les avait distribuĂ©s au peuple, Salomon qui les donnait Ă  sa bien-aimĂ©e, et la Parole ne montre pas qu’ils aient Ă©tĂ© distribuĂ©s par d’autres que le Roi 2 Sam. 6 19 ; 1 Chron. 16 3 ; Cant. 2 5. Il est vrai que le Roi selon les conseils de Dieu, donnait aussi Ă  son peuple une nourriture plus substantielle que ce mets dĂ©licat, mais IsraĂ«l n’en tenait pas compte. Ils aiment les gĂąteaux de raisins » ; l’Ennemi leur avait fait croire qu’ils trouveraient une fĂȘte perpĂ©tuelle loin du Dieu qu’ils trahissaient. Cette erreur est de tous les temps. Le coeur naturel de l’homme ne cherche pas toujours satisfaction dans une souillure grossiĂšre ; il veut aussi une nourriture raffinĂ©e, des joies intellectuelles Ă©levĂ©es et cherche Ă  faire de sa vie une fĂȘte de l’intelligence. Pour obtenir ces choses il se tourne vers le monde et abandonne Dieu, oubliant que la vraie intelligence et les seules joies rĂ©elles ne se trouvent que dans la communion avec le Sauveur. Le prix auquel le prophĂšte achĂšte la femme adultĂšre est de fait bien minime. Le lĂ©thec d’orge fait supposer qu’il avait dĂ» marchander pour se la faire cĂ©der Ă  vil prix. C’est qu’en effet, n’ayant aucune valeur en elle-mĂȘme, l’amour seul de celui qui l’avait acquise lui donnait du prix. Mais, quoi qu’il en fĂ»t, cette femme lui appartenait, parce qu’il l’avait payĂ©e et avait ainsi des droits sur elle. Il pouvait, Ă  sa guise, rĂ©gler l’avenir de celle-ci sur sa conduite passĂ©e Durant beaucoup de jours tu m’attendras ; tu ne te prostitueras pas, et tu ne seras Ă  aucun homme ; et moi je ferai de mĂȘme Ă  ton Ă©gard. Car les fils d’IsraĂ«l resteront beaucoup de jours sans roi, et sans prince, et sans sacrifice, et sans statue, et sans Ă©phod ni thĂ©raphim » v. 3, 4. C’était ce qui devait arriver en premier lieu aux dix tribus. DĂšs leur transportation elles furent sans prince, sans idoles, sans relation avec Dieu. Il n’en fut pas de mĂȘme de Juda qui, aprĂšs la captivitĂ©, n’avait pas manquĂ© de princes et de gouverneurs, et avait conservĂ© quelques relations avec Dieu. Le sort d’ÉphraĂŻm atteignit Juda aprĂšs qu’il eut rejetĂ© et crucifiĂ© l’Oint de l’Éternel ; dĂšs lors la condition des deux fractions du peuple fut analogue, sinon identique. Plus de roi, plus de culte, nul moyen de consulter l’Éternel ; d’autre part, plus d’idolĂątrie publique ou domestique, mais une maison balayĂ©e et parĂ©e qui n’attend plus
 que sept dĂ©mons plus mĂ©chants que le premier Matt. 12 44. Toutefois cet Ă©tat de dĂ©solation prendra fin Ensuite, les fils d’IsraĂ«l retourneront et rechercheront l’Éternel, leur Dieu, et David, leur roi, et se tourneront avec crainte vers l’Éternel et vers sa bontĂ©, Ă  la fin des jours » v. 5. IsraĂ«l se convertira, reviendra Ă  Dieu, reconnaĂźtra pour Roi le Christ, le vrai David autrefois rejetĂ©. Deux choses domineront dans le coeur du peuple restaurĂ© la crainte de l’Éternel et le sentiment de son amour, selon la parole du prophĂšte Il y a pardon auprĂšs de toi, afin que tu sois craint » Ps. 130 4. En rĂ©capitulant ces trois chapitres, n’est-il pas frappant qu’OsĂ©e, Ă  la veille de la disparition des dix tribus, annonce 1° leur restauration dans le pays sous un seul Chef quand la parenthĂšse de l’Église sera close ; 2° Dieu reprenant ses relations avec eux, sous la nouvelle alliance, dans le MillĂ©nium ; 3° leur retour, par la conversion, sous le sceptre de David, leur vrai roi, le Christ qu’ils avaient rejetĂ© ? 3 - DEUXIÈME PARTIE CHAPITRES 4-10 Le DĂ©bat de l’Éternel avec IsraĂ«l. - Chapitre 4 Plus d’espoir pour ÉphraĂŻm ; il reste un faible espoir pour Juda. Les v. 1 Ă  5 de ce chapitre dĂ©crivent l’état moral d’IsraĂ«l et les v. 6 Ă  15 son Ă©tat religieux. L’état moral d’ÉphraĂŻm, le prophĂšte OsĂ©e l’avait sous les yeux Partout exĂ©cration, et mensonge, et meurtre, et vol, et adultĂšre ; la violence dĂ©borde et le sang touche le sang ». Zacharie, dernier rejeton du meurtrier JĂ©hu, est lui-mĂȘme mis Ă  mort par Shallum, qui est frappĂ© par Menahem ; Menahem sĂšme partout le meurtre et la violence ; il en est de mĂȘme de Pakakhia, de PĂ©kakh, ses successeurs, qui meurent de mort violente. Le deuil couvre le pays ; le jugement de Dieu, obligĂ© d’assister Ă  ces abominations, s’étend des hommes Ă  toute la crĂ©ation animale sur la terre d’IsraĂ«l. Plus rien ne correspond aux pensĂ©es de Dieu ; c’est le contre-pied absolu de la restauration dĂ©crite au chap. 2. Lorsque le coeur abandonne Dieu, l’amour et la vĂ©ritĂ©, traits du caractĂšre divin, disparaissent immĂ©diatement pour ĂȘtre remplacĂ©s par les fruits du coeur naturel de l’homme, la violence, la corruption et le mensonge. C’étaient les traits de la famille de CaĂŻn qui avaient nĂ©cessitĂ© le jugement de Dieu par le dĂ©luge sur le monde d’alors, comme ils nĂ©cessitent ici la sentence de mort prononcĂ©e sur le pays et sur tous les ĂȘtres vivants qui l’habitent v. 3. Toutefois, que nul ne conteste, que nul ne reprenne ; or ton peuple est comme ceux qui contestent avec le sacrificateur. Et tu broncheras de jour, et le prophĂšte aussi avec toi bronchera de nuit et je dĂ©truirai ta mĂšre » v. 4, 5. C’est maintenant un appel Ă  ne plus reprendre ce peuple ni contester avec lui. Il est trop tard son sort est arrĂȘtĂ©, car il n’y a plus aucun espoir de le voir revenir. Ton peuple », dit l’Éternel au prophĂšte, est comme ceux qui contestent avec le sacrificateur ». À quoi bon contester avec IsraĂ«l et le reprendre, quand lui-mĂȘme conteste avec le seul qui puisse offrir pour lui la victime expiatoire ? Il n’est plus temps tout secours divin va ĂȘtre ĂŽtĂ© aux restes de ce peuple ; la nation elle-mĂȘme, leur mĂšre, sera dĂ©truite cf. 2 2. Telle est la sentence de l’Éternel. Mais avec quelle douleur Dieu s’exprime maintenant par la bouche du prophĂšte ! Mon peuple
 mon peuple », s’écrie-t-il aux v. 6 et 12 Ă  la veille de dire Lo-Ammi ! Quelle est leur condition dans ses rapports avec Dieu ? Leur dĂ©fection est gĂ©nĂ©rale ; l’idolĂątrie a tout envahi ; Juda est aussi coupable qu’ÉphraĂŻm. MĂȘme les dĂ©tails donnĂ©s au v. 13 les sacrifices sur les hauts lieux et sous tout arbre vert, caractĂ©risent Juda plus encore que les dix tribus. Cependant le prophĂšte fait quelque diffĂ©rence entre les deux royaumes Si tu te prostitues, ĂŽ IsraĂ«l, que Juda ne se rende pas coupable ! » En des temps de rĂ©veil, sous ÉzĂ©chias dont OsĂ©e vit le rĂšgne Ă  son dĂ©but, et plus tard sous Josias, les abominations de Juda furent dĂ©truites et ses hauts lieux renversĂ©s. Quoi qu’il en soit, Dieu dit Mon peuple est dĂ©truit faute de connaissance
 et je te rejetterai afin que tu n’exerces plus la sacrificature devant moi. Car tu as oubliĂ© la loi de Dieu, et moi j’oublierai tes fils » v. 6. Au dĂ©sert de SinaĂŻ, l’Éternel avait dĂ©clarĂ© Ă  IsraĂ«l que, s’il gardait l’alliance de la loi, il Lui serait un royaume de sacrificateurs Ex. 19 5, 6. IsraĂ«l ne l’ayant pas gardĂ©e, la sacrificature royale lui Ă©tait ĂŽtĂ©e. Comment aurait-il pu servir et adorer, ĂȘtre maintenu dans des fonctions sacerdotales vis-Ă -vis d’un Dieu qu’il ne connaissait point ? Tu as rejetĂ© la connaissance », lui dit l’Éternel ; et c’est faute de cette connaissance » que la destruction l’atteint. Bien plus encore, il avait oubliĂ© la loi de son Dieu ». L’oublier, comme si elle n’avait jamais existĂ©, aprĂšs l’avoir connue, cette loi juste et sainte, n’était-ce pas bien pire que de ne l’avoir jamais connue ? Aussi Dieu dit Moi, j’oublierai tes fils » v. 6. Dans quelle misĂšre la dĂ©sobĂ©issance et le pĂ©chĂ© plongent l’homme ! Quel sort, d’ĂȘtre oubliĂ© de Dieu, quand il aurait pu entrer devant l’Éternel qui dĂ©clarait ne vouloir oublier qu’une chose, les pĂ©chĂ©s et les iniquitĂ©s de son peuple ! OsĂ©e, avec l’incohĂ©rence voulue qui caractĂ©rise sa prophĂ©tie, passe de la sacrificature du peuple aux sacrificateurs Ă©tablis sur lui v. 8 et 9. Ils mangent le pĂ©chĂ© de mon peuple, et leur Ăąme dĂ©sire son iniquitĂ©. Et comme le peuple, ainsi sera le sacrificateur ». Je pense que le pĂ©chĂ© » signifie ici, comme plus d’une fois dans l’Écriture, le sacrifice pour le pĂ©chĂ©. Les sacrificateurs dĂ©sirent que les iniquitĂ©s du peuple se multiplient afin de pouvoir d’autant plus largement se nourrir de leurs sacrifices. VoilĂ  jusqu’oĂč Ă©taient tombĂ©es les fonctions sacerdotales ; elles n’étaient plus qu’une affaire de profits matĂ©riels, un gagne-pain ! Aussi Dieu visite sur eux leurs voies » v. 9. Quant Ă  l’ivresse, conduisant Ă  la fornication, et si commune en ÉphraĂŻm, elle leur ĂŽtait le sens et ils avaient cessĂ© de prendre garde Ă  l’Éternell v. 11. Les pratiques superstitieuses les plus insensĂ©es avaient remplacĂ© en IsraĂ«l le culte du vrai Dieu. Le peuple interrogeait son bois, et son bĂąton Ă©tait son oracle » v. 12. Ces superstitions sont de tous les temps, Ă  mesure que dĂ©croĂźt la religion du vrai Dieu. Il faut Ă  l’homme, tel qu’il est constituĂ©, un objet, et si Dieu n’est pas pour lui cet objet, il se dĂ©grade moralement et cherche des conseils auprĂšs de sa table et de son bĂąton. Et c’est le jugement de Dieu sur l’impiĂ©tĂ© de l’homme Il le livre Ă  un esprit rĂ©prouvĂ© ». DĂ©sormais Dieu n’arrĂȘtera plus le jugement. Trois paroles solennelles montrent que Dieu a pris Ă  l’égard d’ÉphraĂŻm une dĂ©cision irrĂ©vocable Que nul ne conteste, que nul ne reprenne ! » Je ne punirai pas vos filles ». ÉphraĂŻm s’est attachĂ© aux idoles laisse-le faire » v. 4, 14, 17. Ces paroles sont semblables Ă  celles de l’Apocalypse Que celui qui est souillĂ© se souille encore ! » Apoc. 22 11. Mais, comme nous l’avons dit, cet arrĂȘt dĂ©finitif ne s’adresse pas Ă  Juda. Que Juda ne se rende pas coupable ! » dit l’Éternel v. 15. Combien cette parole est importante, pour ce qui reste encore du peuple de Dieu, dans le jour actuel. DĂ©jĂ  le mal qui a envahi la masse du peuple sĂ©vit au milieu de ceux que Dieu conserve encore comme un tĂ©moignage au milieu de l’infidĂ©litĂ© gĂ©nĂ©rale. BientĂŽt ce qui reste aujourd’hui debout subira le mĂȘme sort que l’ensemble de la nation. Comment se prĂ©server de la contagion ? Comment demeurer sur le terrain de la bĂ©nĂ©diction ? Dieu demande-t-il de grandes choses Ă  Juda, dĂ©jĂ  entamĂ© de toutes parts par l’apostasie finale ? Non, quand il y a si peu de force, il ne demande qu’un tĂ©moignage nĂ©gatif pour ainsi dire, comme il dit Ă  Philadelphie Tu n’as pas reniĂ© mon nom » Apoc. 3 8. Abstiens-toi, tel est le mot d’ordre. Reste Ă©loignĂ© de ce qui, sous des dehors respectables, ou sous des noms augustes et sacrĂ©s, ne couvre plus que l’iniquitĂ© et l’abandon de Dieu. N’allez pas Ă  Guilgal, et ne montez pas Ă  BethAven, et ne jurez pas L’Éternel est vivant ! » v. 15. Ces lieux si connus dans l’histoire du peuple de Dieu avaient passĂ©, par voie de conquĂȘte, aprĂšs la division du royaume, des mains de Benjamin Ă  celles d’ÉphraĂŻm, et se trouvaient par leur position Ă  la portĂ©e immĂ©diate de Juda, comme un piĂšge sur son chemin. Guilgal, mĂ©morial de la victoire remportĂ©e sur la mort par l’Arche placĂ©e au milieu du Jourdain ; monument durable de l’entrĂ©e des douze tribus en Canaan ; Guilgal, lieu de la circoncision, du retranchement de la chair, du jugement prononcĂ© sur elle et sans lequel on ne pouvait prendre possession du pays de la promesse ; Guilgal, lieu oĂč IsraĂ«l revenait toujours pour y trouver le secret de la victoire, lieu de rassemblement du peuple fidĂšle, Ă©tait devenu un lieu d’autels et de sacrifices profanes pour ÉphraĂŻm, un lieu oĂč la transgression s’était multipliĂ©e OsĂ©e 9 15; 12 12; Amos 4 4; 5 5. BĂ©thel, maison de Dieu », lieu des promesses faites Ă  Jacob, lieu oĂč il avait reçu son nom d’IsraĂ«l, et oĂč le Tout-puissant s’était comme tout de nouveau fait connaĂźtre Ă  lui, — BĂ©thel Ă©tait devenu la maison des veaux d’or, de leur autel et de la fausse sacrificature instituĂ©e par JĂ©roboam 1 Rois 12; Amos 3 14. Comme il mĂ©ritait bien le nom de Beth-Aven, maison d’iniquitĂ© », nom dont OsĂ©e le flĂ©trit trois fois ! 4 15; 5 8; 10 5. Dans ces lieux oĂč jadis Samuel, le prophĂšte de l’Éternel, se rendait d’annĂ©e en annĂ©e, on ne trouvait plus qu’idolĂątrie et faux prophĂštes. Tel Ă©tait le culte d’ÉphraĂŻm. Juda devait s’en abstenir. N’avait-il pas le lieu oĂč l’Éternel faisait habiter son nom, Ă  JĂ©rusalem ? Et si ce lieu mĂȘme Ă©tait dĂ©shonorĂ©, Ă©tait-ce une raison pour retourner Ă  l’idolĂątrie qui avait l’impudence de se parer du saint nom de l’Éternel ? Cet appel si pressant Ă  ne pas se rendre coupable a-t-il atteint le coeur de Juda ? Le chapitre suivant va nous rĂ©pondre. Et que feront aujourd’hui ceux qui, dans la chrĂ©tientĂ©, reçoivent le mĂȘme appel ? N’allez pas Ă  Guilgal et ne montez pas Ă  Beth-Aven ! - Chapitres 5 Ă  6 Plus d’espoir pour Juda et Benjamin. Le peuple retrouvera Dieu dans la grande tribulation. Appel pressant Ă  se rĂ©veiller. Le chap. 4 15 conjurait Juda de ne pas se rendre coupable. Peut-ĂȘtre y avait-il encore, de ce cĂŽtĂ©-lĂ , quelque espĂ©rance ! Le chap. 5 nous dĂ©trompe. Juda et Benjamin sont associĂ©s dans la mĂȘme apostasie et dans le mĂȘme jugement qu’IsraĂ«l. v. 1. — Ici le prophĂšte s’adresse en premier lieu aux sacrificateurs, puis appelle l’attention de toute la nation et spĂ©cialement de la maison du roi qui, je n’en doute pas, est la royautĂ© de Juda, celle d’IsraĂ«l Ă©tant dĂ©jĂ  condamnĂ©e d’avance. C’est contre vous, ajoute le prophĂšte, qu’est le jugement ; car vous avez Ă©tĂ© un piĂšge Ă  Mitspa, et un filet Ă©tendu sur le Thabor ». Le lieu de rassemblement du peuple, Mitspa * et le Thabor, montagne centrale qui domine le territoire des dix tribus, sont devenus des piĂšges pour le peuple, la sacrificature s’étant prĂȘtĂ©e aux pratiques idolĂątres auxquelles on s’adonnait en ces endroits. C’était donc la sacrificature que le jugement devait atteindre en premier lieu. Les plus coupables sont ceux que leur position met le plus directement en rapport avec Dieu ; ils seront battus de plus de coups. Quant Ă  ÉphraĂŻm et Ă  IsraĂ«l, leur Ă©tat n’est point cachĂ© au Dieu qui les connaĂźt v. 3, mais eux ne connaissent pas l’Éternel ! Quelle parole Ă©crasante ! Ce peuple auquel Dieu s’était rĂ©vĂ©lĂ©, qu’Il avait mis en rapport avec Lui-mĂȘme, auquel il avait fait connaĂźtre son nom et son caractĂšre de Dieu saint, ce peuple avait prĂ©fĂ©rĂ© la fornication et la souillure Ă  l’intimitĂ© des relations avec Dieu lui-mĂȘme. Au milieu de leur dĂ©pravation, l’orgueil remplissait leur coeur ! L’orgueil d’IsraĂ«l tĂ©moigne en face contre lui ! » v. 5. Quelle image de l’homme ! DĂ©gradĂ© au suprĂȘme degrĂ© et enflĂ© d’orgueil ! Aussi IsraĂ«l et ÉphraĂŻm tomberont par leur iniquitĂ© », mais Juda, exhortĂ© Ă  ne pas se rendre coupable 4 15, tombera aussi avec eux » v. 5. Quand le jugement les atteindra, tous iront chercher l’Éternel avec leurs sacrifices. Ce qui est encore possible aujourd’hui sera inutile alors. Toutes leurs pratiques religieuses seront sans rĂ©sultat Il s’est retirĂ© d’eux ! » v. 6. Parole d’autant plus solennelle, que le mĂȘme sort atteindra la chrĂ©tientĂ© professante quand, au jour du jugement, elle viendra se prĂ©valoir des privilĂšges qui lui avaient Ă©tĂ© octroyĂ©s. Oui, toutes les formes religieuses de la chrĂ©tientĂ© professante ne la mettent pas en relation avec Dieu les formes sont lĂ , Dieu n’y est pas. * Je suppose que ce Mitspa est celui qui fait partie du territoire de Benjamin Jos. 18 26 — 1 Rois 15 22; 2 Chron. 16 6 ; NĂ©h. 3 7 et non pas le Mitspa d’au-deIĂ  du Jourdain dĂšs longtemps abandonnĂ©. On trouve du reste six Mitspa diffĂ©rents dans l’Écriture. — Il est remarquable que, sauf le Thabor, tous les noms Guilgal, Bethel, Guibha, Rama, Mitspa citĂ©s dans ces passages sont ou avaient Ă©tĂ© compris autrefois dans le territoire de Benjamin. Maintenant », dit OsĂ©e, un mois les dĂ©vorera avec leurs biens » v. 7 ; peut-ĂȘtre une allusion Ă  la fin du rĂšgne de Juda 2 Rois 25 3, 8. Les v. 8-12 prĂ©sentent la ruine commune du peuple tout entier. Peu importe que le jugement soit plus prochain pour les uns que pour les autres, il les atteindra tous, ÉphraĂŻm avec les neuf tribus, Juda avec Benjamin. Sonnez du cor en Guibha, de la trompette Ă  Rama. Criez dans Beth-Aven DerriĂšre toi, Benjamin ! » Tous ces lieux faisaient partie ou avaient appartenu au territoire de Benjamin. Le mal allait l’atteindre et s’emparer de lui Ă  l’improviste ; les princes de Juda et ÉphraĂŻm subiront le mĂȘme sort. Devant l’imminence du danger, commun Ă  tous, ÉphraĂŻm s’en est allĂ© en Assyrie et a envoyĂ© vers le roi Jareb, mais lui n’a pu vous guĂ©rir et ne vous a pas ĂŽtĂ© votre plaie » v. 13. Ce Jareb n’est pas un nom propre. Il signifie Il contestera ». C’est un vengeur qu’IsraĂ«l appelle Ă  son aide. C’est Pul 2 Rois 15 19 ; ou Tiglath-PilĂ©ser quand il s’agit de Juda 2 Rois 16 7. Ce Pul conteste contre IsraĂ«l, ou lui est hostile, au temps mĂȘme oĂč IsraĂ«l le prend pour protecteur voyez aussi 1 Chron. 5 26; voyez encore OsĂ©e 5 13; 7 11; 8 9. Mais ce chapitre, comme les trois premiers, se termine par une parole d’espĂ©rance. L’Éternel ne sera pas Ă  toujours comme un lion qui dĂ©chire sa proie, Ă  l’égard d’ÉphraĂŻm et de Juda. Je m’en irai », dit-il, et je retournerai en mon lieu, jusqu’à ce qu’ils se reconnaissent coupables et recherchent ma face » v. 15. Deux choses insĂ©parables sont nĂ©cessaires, qu’il s’agisse de trouver Dieu comme pĂ©cheur, ou de le retrouver quand on s’est dĂ©tournĂ© de lui la repentance et la conversion. Autrefois ils avaient cru rencontrer Dieu avec leurs brebis et leurs boeufs v. 6, mais sans repentance et n’avaient trouvĂ© qu’un endroit dĂ©sert. Plus tard ils se reconnaĂźtront coupables », et Zacharie nous en offre le touchant tableau Zach. 12 10-14. Alors, d’un coeur contrit, le peuple enfin humiliĂ©, dĂ©pouillĂ© de son orgueil, se convertira et recherchera la face de l’Éternel. Le fils prodigue se lĂšvera et ira vers son pĂšre. Dans leur dĂ©tresse, ils me chercheront dĂšs le matin » v. 15. Par quel moyen Dieu amĂšnera-t-il ce rĂ©sultat bĂ©ni ? Une grande tribulation, la dĂ©tresse de Jacob, viendra sur eux ; ils auront Ă  passer Ă  travers la longue nuit des terribles jugements de Dieu. RĂ©veillĂ©s par ces jugements, au lieu de dormir comme les autres, ils attendront leur Messie, l’Éternel, plus que les sentinelles n’attendent le matin », et le trouveront Ă  l’aube de ce rĂšgne millĂ©naire oĂč IsraĂ«l restaurĂ© sera de nouveau Ammi, le peuple de Dieu. Les trois premiers versets du chap. 6 sont la continuation du dernier verset du chap. 5. J’ai cru longtemps qu’ils devaient ĂȘtre mis dans la bouche du peuple, mais la structure de tous ces chapitres m’a convaincu depuis qu’ils sont prononcĂ©s par le prophĂšte, et ne sont pour le moment qu’une invitation Ă  laquelle le peuple ne rĂ©pond pas. Venez », dit-il, retournons Ă  l’Éternel, car lui a dĂ©chirĂ© et il nous guĂ©rira ; il a frappĂ© et il bandera nos plaies ». Ô merveilleux appel de la grĂące, Ă  ces Ăąmes courbĂ©es sous la douleur de la tribulation et auxquelles Dieu a enlevĂ© toute ressource. Plus de montagne vers laquelle le pauvre oiseau, menacĂ© des flĂšches de l’oiseleur, puisse s’envoler. Ce refuge, du moins, aurait offert quelque stabilitĂ© ; il est ĂŽtĂ©. Dieu cache sa face et l’ñme en est Ă©pouvantĂ©e Ps. 11 1; 30 7. Il ne reste plus de ressource qu’en Lui ; retournons Ă  Lui ! Comme un lion il a dĂ©chirĂ© le royaume Ă  cause de nos pĂ©chĂ©s ; il nous a justement frappĂ©s. Qui pourra recoudre, bander, guĂ©rir les plaies, sinon Celui qui les a faites ? On sent ici la profondeur de l’humiliation, comme l’homme de Dieu seul pouvait la sentir, mais avec la foi pour soutien. La foi seule, en de telles circonstances, nous pousse Ă  nous approcher de Dieu. Mais quelle rĂ©ponse elle trouve ! N’est-il pas bon d’avoir Ă©tĂ© affligĂ© pour trouver une telle dĂ©livrance ? Avant que je fusse affligĂ©, j’errais » Ps. 119 67. La chose n’est exprimĂ©e ici qu’à l’état d’espĂ©rance, mais d’une espĂ©rance rĂ©alisĂ©e par le prophĂšte comme une certitude Dans deux jours, il nous fera vivre ; au troisiĂšme jour, il nous mettra debout, et nous vivrons devant sa face, et nous connaĂźtrons et nous nous attacherons Ă  connaĂźtre l’Éternel » v. 2, 3. Aussi certainement que Dieu a ressuscitĂ© leur Messie d’entre les morts, car je ne doute pas que ce passage ne sous-entende la rĂ©surrection de Christ, Dieu ressuscitera aussi son peuple. Il est sans doute question ici de leur rĂ©surrection nationale, telle qu’elle nous est dĂ©crite au chap. 37 d’ÉzĂ©chiel, ce qui explique les deux jours nĂ©cessaires pour les faire revivre et le troisiĂšme pour les mettre debout. De mĂȘme en ÉzĂ©chiel les ossements ne se tinrent sur leurs pieds » par la puissance du Saint Esprit qu’aprĂšs avoir Ă©tĂ© auparavant vivifiĂ©s ÉzĂ©ch. 37 10. Cette rĂ©surrection nationale, comme notre rĂ©surrection corporelle, Ă  nous chrĂ©tiens, est donc liĂ©e Ă  celle de Christ. Si les vagues et les flots du jugement ont passĂ© sur le Messie, ils passeront aussi sur le RĂ©sidu d’IsraĂ«l, qui en sortira comme Christ en est sorti, en rĂ©surrection. Le troisiĂšme jour est le jour oĂč, selon l’Esprit de saintetĂ©, Dieu intervint en puissance pour ressusciter JĂ©sus d’entre les morts. C’est Ă  quoi tout l’Ancien Testament rend tĂ©moignage. Christ », dit l’apĂŽtre, a Ă©tĂ© ressuscitĂ© le troisiĂšme jour selon les Écritures » 1 Cor. 15 4. En effet, les Écritures nous montrent Isaac sous la sentence de mort jusqu’au troisiĂšme jour, oĂč il est ressuscitĂ© en figure. Jonas, type de Christ, .mais aussi du RĂ©sidu, jetĂ© Ă  la mer tandis que le vaisseau des nations continue sa route, englouti dans le shĂ©ol, est rejetĂ© le troisiĂšme jour sur la terre. Partout la rĂ©surrection de Christ est annoncĂ©e comme Ă©tant la consĂ©quence nĂ©cessaire de sa mort. Au Ps. 16 il ne voit pas la corruption et connaĂźt le chemin de la vie. Au Ps. 110, il monte en rĂ©surrection Ă  la droite de Dieu, aprĂšs qu’au Ps. 109, le mĂ©chant l’a fait mourir v. 16. Au Ps. 8 il est couronnĂ© de gloire et d’honneur aprĂšs avoir Ă©tĂ© fait, par la passion de la mort, un peu moindre que les anges. Tout cela, il l’a traversĂ© pour son peuple cĂ©leste, mais aussi pour son peuple terrestre. Quand, au Ps. 42, toutes les vagues et tous les flots de l’Éternel ont passĂ© sur l’ñme de Christ et sur celle du RĂ©sidu, ce dernier peut dire Il est le salut de ma face et mon Dieu ! » Mais il y a plus encore ici qu’une rĂ©surrection nationale. Le prophĂšte dit Nous vivrons devant sa face, et nous connaĂźtrons, et nous nous attacherons Ă  connaĂźtre l’Éternel » v. 2, 3. Une rĂ©surrection spirituelle est le fruit de la grĂące, accompagne la nouvelle alliance faite avec IsraĂ«l. C’est l’aube du jour millĂ©naire. Sa sortie est prĂ©parĂ©e comme l’aube du jour ; et il viendra Ă  nous comme la pluie, comme la pluie de la derniĂšre saison arrose la terre » v. 3. Ce ne sera plus, comme Ă  la PentecĂŽte, la pluie qui accompagne les semailles, mais la pluie qui prĂ©cĂšde l’heureuse moisson du siĂšcle Ă  venir. Une nouvelle effusion du Saint Esprit sera la part de ce peuple restaurĂ©. Ce passage, dictĂ© par l’Esprit de Dieu, est propre Ă  faire passer dans l’ñme d’IsraĂ«l, mais aussi dans la nĂŽtre, quelque chose de sa dĂ©licieuse fraĂźcheur ; car il nous occupe de Christ, de sa mort et de sa rĂ©surrection, gages assurĂ©s de l’avenir d’IsraĂ«l et de notre part Ă©ternelle avec le Seigneur ! - Chapitres 6 Ă  ch. 7 Le dĂ©bat s’accentue et se fait plus pressant. Comme au chapitre prĂ©cĂ©dent, ÉphraĂŻm et Juda sont unis ici dans la mĂȘme rĂ©probation Que te ferai-je, ÉphraĂŻm ? Que te ferai-je, Juda ? Votre piĂ©tĂ© est comme la nuĂ©e du matin et comme la rosĂ©e qui s’en va de bonne heure » v. 4. Que te ferai-je ? Comme cela s’adresse Ă  la conscience ! RĂ©ponds toi-mĂȘme. Diras-tu Ton jugement est juste ? Leur piĂ©tĂ© n’avait durĂ© qu’aux toutes premiĂšres heures de leur existence comme nation, puis s’était envolĂ©e et avait disparu comme la rosĂ©e au lever du soleil. AprĂšs s’ĂȘtre adressĂ© au peuple d’IsraĂ«l, Dieu Ă©tend son appel Ă  tous les hommes Et mon jugement sort comme la lumiĂšre. Car j’ai aimĂ© la bontĂ© ou la grĂące, et non le sacrifice, et la connaissance de Dieu plus que les holocaustes ; mais eux, comme Adam, ont transgressĂ© l’alliance ; lĂ  ils ont agi perfidement envers moi » v. 5-7. Si sa grĂące sort comme l’aube du jour » v. 3, son jugement sort comme le soleil quand il luit dans sa force v. 5. Certes ce n’est pas Dieu qui dĂ©sire le jugement ; c’est l’iniquitĂ© de son peuple qui l’y oblige. Dieu veut chez l’homme la bontĂ© et non pas les sacrifices. Mais son dĂ©sir resterait stĂ©rile s’il s’agissait de ce que l’homme peut offrir. OĂč trouver la bontĂ© dans le coeur d’un homme ? Aussi Dieu ne se borne pas Ă  cette exigence. Il veut ce qui se trouve dans son propre coeur Ă  Lui la bontĂ© sous forme de grĂące et de misĂ©ricorde. La bontĂ© qu’Il aime, c’est la grĂące envers le pĂ©cheur, la grĂące venue par JĂ©sus Christ. Quand les yeux de Dieu se reposaient sur cet homme, Il pouvait dire J’ai aimĂ© la bontĂ© ». Cette bontĂ© est allĂ©e jusqu’au sacrifice, au seul sacrifice que Dieu pĂ»t accepter, car il n’a pris plaisir Ă  aucun des sacrifices des hommes Ps. 40 6, 7. Aussi le Seigneur put dire A cause de ceci le PĂšre m’aime, c’est que moi je laisse ma vie » Jean 10 17. Le Seigneur cite deux fois ce passage du v. 6 dans l’évangile de Matthieu 9 13; 12 7 la premiĂšre fois pour montrer que rien ne peut satisfaire le Seigneur que sa propre grĂące ; la seconde fois qu’il ne peut aucunement compter sur la bontĂ© dans le coeur de l’homme. De mĂȘme, tous les holocaustes que l’homme pouvait offrir ne valaient pas la connaissance de Dieu » v. 6. Dieu s’est fait connaĂźtre Ă  nous dans la personne et l’oeuvre de son Fils. C’est la grĂące, le salut, la vie Ă©ternelle. Mais eux, comme Adam, ont transgressĂ© l’alliance ; lĂ  ils ont agi perfidement envers moi » v. 7. Au lieu de commencer par la connaissance de la grĂące, Juda et ÉphraĂŻm avaient Ă©tĂ© mis Ă  l’épreuve, sous l’alliance de la loi, car il leur fallait apprendre ce qu’il y avait dans leur propre coeur. Au commencement Adam, placĂ©, comme IsraĂ«l, sous sa responsabilitĂ©, avait transgressĂ© une alliance qui lui avait Ă©tĂ© imposĂ©e ; IsraĂ«l avait-il mieux agi quand Dieu lui imposait l’alliance du SinaĂź ? Non, dit l’Éternel, lĂ  ils ont agi perfidement envers moi ! » Aux v. 8-10, le prophĂšte revient Ă  ÉphraĂŻm. Ce va-et-vient, de l’un Ă  l’autre, est des plus touchants, montrant l’angoisse, la sollicitude pour IsraĂ«l, l’indignation du fidĂšle prophĂšte qui voit son Dieu mĂ©prisĂ© de la sorte. Galaad est une ville d’ouvriers d’iniquitĂ©, couverte de traces de sang. Et comme les troupes de voleurs guettent un homme, la bande des sacrificateurs assassine sur le chemin de Sichem ; car ils commettent des infamies. J’ai vu des choses horribles dans la maison d’IsraĂ«l lĂ  est la prostitution d’ÉphraĂŻm ! » Chose affreuse ! les villes de refuge elles-mĂȘmes, Galaad ou, je le crois, Ramoth de Galaad au delĂ  du Jourdain, et Sichem en ÉphraĂŻm, assignĂ©es aux lĂ©vites, Ă©taient devenues des lieux de brigandage. Les sacrificateurs eux-mĂȘmes assassinaient, sans doute sous prĂ©texte d’ĂȘtre des vengeurs du sang, ceux qui se rendaient Ă  Sichem. Ils dĂ©pouillaient des innocents en couvrant leurs meurtres du manteau de la loi ! C’était dans le domaine d’ÉphraĂŻm, chef des dix tribus, que se commettaient les pires infamies ! Mais voici que le prophĂšte, selon son habitude, passe sans aucune transition d’IsraĂ«l Ă  Juda, auquel il venait de dire Que te ferai-je, Juda ? » et lui jette un regard de compassion Pour toi aussi, Juda, une moisson t’est assignĂ©e, quand je rĂ©tablirai les captifs de mon peuple » v. 11. Ne semble-t-il pas que l’Éternel devrait dire Pour toi aussi, Juda, le jugement aura lieu ? Non ! Dieu aime la bontĂ© » ; et se dĂ©tourne du jugement pour considĂ©rer ce qui le suivra. Sans doute, Juda ira en captivitĂ© comme ÉphraĂŻm, mais cette captivitĂ© prendra fin. Nous trouvons ici le terme si souvent employĂ© dans les prophĂštes, traduit littĂ©ralement Je tournerai la captivitĂ© », c’est-Ă -dire j’y mettrai fin pour amener la restauration de mon peuple. C’est comme un avant-goĂ»t de l’Evangile Dieu annonce sa grĂące Ă  Juda coupable. Une moisson t’est assignĂ©e », non point cette moisson terrible oĂč le Fils de l’homme mettra sa faucille tranchante sur la terre pour la moissonner Apoc. 14 16, mais une heureuse moisson, appartenant Ă  Juda, aux captifs de Sion, quand ils diront Ô Éternel, rĂ©tablis nos captifs comme les ruisseaux dans le midi », et qu’il leur sera rĂ©pondu Ceux qui sĂšment avec larmes, moissonneront avec chants de joie » Ps. 126 4, 5. Quel coeur, que celui de notre Dieu ! Jamais il ne trouve son repos dans ses jugements. À peine a-t-il annoncĂ© les calamitĂ©s qui atteindront le peuple pervers et les hommes qui habitent sur la terre, qu’il s’arrĂȘte et vient trouver son repos dans le dĂ©ploiement de sa grĂące ! Laissant le corbeau du dĂ©luge se repaĂźtre de quelque cadavre ballottĂ© par les flots, la colombe vole Ă  son arche, Ă  son lieu de repos, portant dans son bec l’emblĂšme de la paix qui va succĂ©der au naufrage ! Au chap. 7, les images du prophĂšte vengeur deviennent de plus en plus tumultueuses dans leur intermittence, comme un jet pressĂ© de quitter le tuyau trop Ă©troit d’une fontaine. Il s’agit de nouveau d’ÉphraĂŻm. C’est que le jugement est Ă  la porte. Pas un instant Ă  perdre si l’on veut y Ă©chapper ! Quand j’ai voulu guĂ©rir IsraĂ«l, l’iniquitĂ© d’ÉphraĂŻm s’est dĂ©couverte, et les mĂ©chancetĂ©s de Samarie ; car ils ont pratiquĂ© la faussetĂ©, et le voleur entre, et la troupe des brigands assaille dehors. Et ils ne se sont pas dit dans leur coeur que je me souviens de toute leur mĂ©chancetĂ©. Maintenant leurs mĂ©faits les environnent, ils sont devant ma face » v. 1, 2. ÉphraĂŻm avait Ă©tĂ© une bande de voleurs et de brigands 6 9, maintenant le voleur entrait dans sa maison et les brigands l’assaillaient du dehors. La Syrie, l’Égypte, l’Assyrie allaient tomber, tombaient dĂ©jĂ , sur la nation coupable. Elle Ă©tait avec ses mĂ©faits devant la face de Dieu, et penser qu’elle aurait pu s’y trouver avec sa repentance 6 2 pour obtenir la dĂ©livrance et le salut ! Comme nous l’avons dit, les images se pressent, se confondent ; c’est l’indignation contre le mal, mais aussi c’est un dernier appel Ă  ÉphraĂŻm. Tous, ils commettent l’adultĂšre, comme un four allumĂ© par le boulanger, qui cesse de l’attiser depuis qu’il s’est mis Ă  pĂ©trir la pĂąte jusqu’à ce qu’elle ait levĂ© » v. 4. Il parle ici de la religion des dix tribus, du mĂ©lange de l’idolĂątrie avec le culte de l’Éternel. Ceux qui les conduisent ont conscience de ce qu’ils font et le font avec soin. Ils mettent le levain dans la pĂąte, la pĂ©trissent jusqu’à ce qu’elle ait levĂ©. C’est une image semblable Ă  celle de Matt. 13 33, oĂč le Seigneur caractĂ©rise le mal doctrinal introduit dans le christianisme. Ensuite il faut cuire Ă  point ce pain levĂ© pour qu’il devienne une nourriture acceptable. Ceux qui s’appliquent Ă  cette tĂąche Ă©vitent soigneusement le four surchauffĂ© ; ils pensent Ă©chapper au jugement en gardant encore la forme de la piĂ©tĂ© » ; comme le boulanger, ils cessent d’attiser le feu pour que leur pain sorte du four et trouve de nombreux consommateurs. Mais la corruption religieuse engendre la corruption morale, conduit Ă  se moquer des choses sacrĂ©es, et aboutit Ă  la violence. Au jour de notre roi, les princes se sont rendus malades par l’ardeur du vin ; il a tendu sa main aux moqueurs. Car ils ont appliquĂ© leurs coeurs comme un four Ă  leurs embĂ»ches toute la nuit, leur boulanger dort ; le matin, il brĂ»le comme un feu de flammes » v. 5, 6. Ici le four est l’image de leur propre coeur. Leur boulanger, leur conscience a dormi toute la nuit. Au matin, quand ils touchent au but de leurs dĂ©sirs et de leurs convoitises, le feu, dont les flammes ont grandi pendant leur sommeil, les dĂ©vore sans qu’ils puissent Ă©chapper. Ils sont tous ardents comme un four, et ils dĂ©vorent leurs juges tous leurs rois sont tombĂ©s ; nul d’entre eux ne m’invoque » v. 7. Ici ce sont eux-mĂȘmes qui, comme un four, dĂ©vorent leurs juges et leurs rois. Cela est arrivĂ© littĂ©ralement Ă  ÉphraĂŻm et marque la date de cette prophĂ©tie contre les rois qui, depuis Zacharie, le dernier de la race de JĂ©hu, se sont succĂ©dĂ© jusqu’au roi OsĂ©e sur le trĂŽne d’IsraĂ«l. Nous lisons les dĂ©tails de cette pĂ©riode en 2 Rois 15 10, 14, 25, 30; 17 1. ÉphraĂŻm s’est mĂȘlĂ© avec les peuples ; ÉphraĂŻm est un gĂąteau qu’on n’a pas retournĂ©. Des Ă©trangers ont consumĂ© sa force, et il ne le sait pas » v. 8, 9. Ici l’image de la pĂąte levĂ©e continue Ă  hanter le prophĂšte. ÉphraĂŻm aurait dĂ» ĂȘtre un gĂąteau sans levain pour l’Éternel ; mĂȘlĂ© au levain des nations, il s’est alliĂ© Ă  l’Égypte et Ă  l’Assyrie. Mais ces nations sont devenues le four qui a consumĂ© ÉphraĂŻm, ce gĂąteau qui n’a pas Ă©tĂ© retournĂ© », qui ne s’est pas repenti, dont la face n’a pas changĂ© vis-Ă -vis de Dieu. Aussi toute sa force a disparu, a Ă©tĂ© consumĂ©e, et il ne le sait pas ! SĂ©rieuse parole ! Comme ÉphraĂŻm, la chrĂ©tientĂ© d’aujourd’hui, mĂ©langĂ©e avec le levain du monde qui a fait lever toute la pĂąte, le sait-elle davantage ? Est-elle retournĂ©e vers Dieu ? Elle pense amĂ©liorer le monde, proclame que les bonnes compagnies amĂ©lioreront les mauvaises moeurs et ne sait pas que c’est le monde qui la dĂ©vore. Que l’on se vante d’ĂȘtre protestant ou catholique, d’appartenir Ă  une des innombrables sectes de la chrĂ©tientĂ©, cette pensĂ©e dĂ©note l’ignorance absolue de la faiblesse dans laquelle nous plonge l’alliance avec le monde Il ne le sait pas », dit le prophĂšte. Des cheveux gris sont aussi parsemĂ©s sur lui, et il ne le sait pas ! » v. 9. Le dĂ©clin est arrivĂ©, les cheveux gris parsemĂ©s sur ÉphraĂŻm le sont aussi sur la chrĂ©tientĂ© de nos jours. Sa vieillesse penche dĂ©jĂ  vers le sĂ©pulcre et elle ne le sait pas ! Cette ignorance de leur propre Ă©tat devrait convaincre la conscience de ceux auxquels Dieu s’est rĂ©vĂ©lĂ© ! Sommes-nous pareils au prophĂšte dont cette ignorance accablait le coeur ? Et ce qui est pire encore, c’est qu’elle est mĂ©langĂ©e d’orgueil. L’orgueil d’IsraĂ«l tĂ©moigne en face contre lui, et ils ne se retournent pas vers l’Éternel, leur Dieu, et ils ne le recherchent pas malgrĂ© tout cela » v. 10. On pense si peu Ă  Dieu, qu’on garde une haute idĂ©e de sa religion quand dĂ©jĂ  le feu du jugement est prĂ©parĂ©. Si le coeur se tourne vers Dieu il abandonne bien vite son orgueil religieux pour s’approcher de Lui, humble et repentant, seule attitude convenable Ă  celui qui est convaincu de pĂ©chĂ©. Mais l’orgueil va de pair avec l’inintelligence. ÉphraĂŻm est devenu comme une colombe niaise, sans intelligence ; ils appellent l’Égypte, ils vont vers l’Assyrie ». Les rois d’ÉphraĂŻm s’imaginaient ĂȘtre d’habiles politiques en s’appuyant alternativement sur l’une et l’autre de ces nations ennemies. Le filet est tombĂ© sur eux ». Cela s’est rĂ©alisĂ© littĂ©ralement sous OsĂ©e, dernier roi d’IsraĂ«l et sous ses prĂ©dĂ©cesseurs 2 Rois 17 4 ; 15 19, 20. On voit, aux v. 13 Ă  16, quels avaient Ă©tĂ© les soins de Dieu envers IsraĂ«l et son but Ă  leur Ă©gard. Et moi, je voulais les racheter ». Telle est toujours, en tout temps, Sa premiĂšre pensĂ©e envers l’homme, devenu par le pĂ©chĂ© esclave de Satan. Puis, Ă  cause de leur mĂ©chancetĂ©, il avait Ă©tĂ© obligĂ© de les chĂątier ; ensuite, ralentissant le cours de ses jugements, il avait fortifiĂ© leur bras », et eux s’étaient servis de sa faveur pour mĂ©diter du mal contre Lui » v. 15. Voici, en quelques mots, l’énumĂ©ration de ce que Dieu avait rencontrĂ© chez ce peuple obstinĂ© Ils s’étaient enfuis loin de Lui, s’étaient rebellĂ©s, avaient profĂ©rĂ© des mensonges contre Lui ; ils hurlaient de douleur sur leurs lits et ne songeaient pas Ă  crier Ă  Dieu et Ă  l’implorer ; leurs intĂ©rĂȘts matĂ©riels les rĂ©unissaient caractĂšre de toute association humaine, mais ils ne sentaient nullement le besoin de se rapprocher de Lui Ils se sont retirĂ©s de moi ». Au lieu de retourner au TrĂšs-Haut, ils se retournaient comme un arc trompeur, pour combattre contre Lui. Dieu avait beau sonder leur coeur pour y chercher ou y produire par sa grĂące quelque fruit, il se heurtait de toute part Ă  l’indiffĂ©rence, au mensonge, Ă  la rĂ©bellion, Ă  la guerre ouverte. Aussi v. 16 leur ruine et celle de leurs princes insolents Ă©tait inĂ©vitable. Ils s’étaient tournĂ©s vers l’Égypte et devenaient pour elle un objet de risĂ©e ». Ceux qui ont autrefois connu Dieu et marchĂ©, longtemps peut-ĂȘtre, dans son chemin et sous sa loi, rencontrent toujours le mĂ©pris du monde, quand, devenus infidĂšles Ă  leurs croyances premiĂšres, ils ont cherchĂ© son amitiĂ©. Le monde, au lieu de les accueillir avec faveur, se moque d’eux, selon la mesure oĂč leur tĂ©moignage avait Ă©tĂ© plus remarquable auparavant. Ils ont abandonnĂ© Dieu et son peuple, comme le fit ÉphraĂŻm, mais sans trouver l’estime du monde qui les tourne en dĂ©rision. Un arc qui trompe est jetĂ© au rebut ; le monde n’en veut pas, et Dieu peut-il en vouloir ? - Chapitres 8 Ă  ch. 10 Ils ont semĂ© le vent, ils rĂ©coltent la tempĂȘte. - Chapitre 8 Au chap. 8, IsraĂ«l, ou les dix tribus, est considĂ©rĂ© comme agissant Ă  la maniĂšre des nations Ils ont fait des rois, mais non de par moi ; ils ont fait des princes et je ne le savais pas » v. 4. C’est, en effet, ce qui arriva, et ce que confirme, comme nous l’avons vu, le premier verset du chap. 1. Depuis JĂ©roboam II, roi d’IsraĂ«l, OsĂ©e ignore Ă  dessein tous les rois qui lui ont succĂ©dĂ©. Leur histoire 2 Rois 15-17 montre que l’Éternel ne les reconnaĂźt plus, et comment le prophĂšte les reconnaĂźtrait-il ? Ces rois n’étaient Ă©tablis, ni par descendance royale, comme en Juda, ni par ordre positif de Dieu, comme pour la postĂ©ritĂ© de JĂ©hu la rĂ©volte, le meurtre, les faisaient paraĂźtre ou disparaĂźtre. Bien plus, IsraĂ«l, avec son argent et son or, avait fait des idoles, et cet acte appelait le retranchement et la vengeance Ma colĂšre s’est enflammĂ©e contre eux » v. 5. Aussi l’Assyrien allait fondre sur les dix tribus comme un vautour. Entre ses serres elles s’écrieront Mon Dieu, nous te connaissons, nous, IsraĂ«l ! » Cette connaissance qui s’accommodait aux veaux de BĂ©thel et de Dan ne leur servira de rien v. 1, 2. Il en sera de mĂȘme en la tribulation future du peuple. Il dira Nous avons mangĂ© et bu en ta prĂ©sence et tu as enseignĂ© dans nos rues. Et lui, dira Je vous dis, je ne vous connais pas, ni ne sais d’oĂč vous ĂȘtes ; retirez-vous de moi, vous tous, ouvriers d’iniquitĂ© » Luc 13 26, 27. Il en sera de mĂȘme aussi quand les chrĂ©tiens professants, sans vie et sans l’Esprit, viendront frapper Ă  la porte et diront Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! Mais rĂ©pondant, il dira En vĂ©ritĂ©, je ne vous connais pas » Matt. 25 11, 12. — De fait, malgrĂ© son cri Nous te connaissons », IsraĂ«l Ă©tait sans Dieu. Eh bien ! mĂȘme son idole le rejetait Ton veau t’a rejetĂ©, Samarie », puisque l’Assyrien fondait victorieusement sur lui ; et, Ă  son tour, cette idole elle-mĂȘme serait mise en piĂšces v. 6. Combien il est sĂ©rieux, quand on a reçu la rĂ©vĂ©lation du vrai Dieu, de se dĂ©tourner de Lui ! Ceux qui sĂšment le vent, moissonnent la tempĂȘte ». Tel fut le sort de ce pauvre peuple sous le prophĂšte OsĂ©e, mais cela reste vrai en tout temps. La chrĂ©tientĂ© a d’immenses privilĂšges. Comme jadis Ă  IsraĂ«l, les oracles de Dieu lui ont Ă©tĂ© confiĂ©s, et l’Esprit de Dieu les interprĂšte au milieu d’elle. Elle fait bien pis que de transgresser l’alliance et d’ĂȘtre rebelle Ă  la loi » v. 1, car elle rejette les promesses de Dieu et mĂ©prise sa grĂące. Que rĂ©coltera-t-elle, sinon un jugement sans rĂ©mission, Ă  moins qu’elle ne se repente ? Le jugement par l’Assyrien tombe sur la maison de l’Éternel » v. 1. C’est ainsi que le prophĂšte appelle les dix tribus, et l’on voit ce que cette maison Ă©tait devenue. Comme aujourd’hui la chrĂ©tientĂ©, IsraĂ«l Ă©tait une grande maison ou toute sorte d’iniquitĂ©s avaient Ă©lu domicile. Comme nous l’avons vu, chez le prophĂšte OsĂ©e, une image en fait naĂźtre une autre. Ce n’est pas le fleuve large et majestueux d’ÉsaĂŻe qui prophĂ©tisait au mĂȘme temps que lui, mais un torrent impĂ©tueux qui s’élance en bouillonnant sous l’impulsion de l’Esprit prophĂ©tique. Au moment oĂč il parle de semer le vent et de moissonner le tourbillon, l’image seule de la moisson le force Ă  demander s’il y a, en ÉphraĂŻm, du fruit pour Dieu Il n’a pas une tige de blĂ© ; elle germerait, qu’elle ne produirait pas de farine ; et, en produisĂźt-elle, des Ă©trangers la dĂ©voreraient » v. 7. Point de fruit ! Rien qui germe, donnant quelque espĂ©rance pour l’avenir ! Rien qui puisse servir de nourriture ! Ce qu’IsraĂ«l pourrait produire est dĂ©vorĂ© par les nations auxquelles il se confie. Maintenant, la nourriture Ă©puisĂ©e, il reste parmi les nations comme un vase vide dont on n’a que faire ! v. 9, 10. — ÉphraĂŻm n’ayant aucune confiance en Dieu, son pĂ©chĂ© spĂ©cial est d’avoir recherchĂ© l’appui de l’Assyrien. Plus tard, ÉzĂ©chias montra que Juda ne se rendait pas coupable du pĂ©chĂ© d’ÉphraĂŻm. OsĂ©e fait allusion Ă  Menahem, roi d’IsraĂ«l, lequel, au temps d’Azaria, avait donnĂ© mille talents d’argent Ă  Pul, roi d’Assyrie, afin que sa main fĂ»t avec lui, pour affermir le royaume dans sa main » 2 Rois 15 19 ; mais, dit le prophĂšte, maintenant je les assemblerai, et ils commenceront Ă  ĂȘtre amoindris sous le fardeau du roi des princes » v. 10. Cependant l’idolĂątrie v. 11-14 Ă©tait le pĂ©chĂ© principal d’ÉphraĂŻm, en punition duquel ils retourneraient en Égypte » v. 13. Remarquons ici que retourner en Égypte » est prĂ©sentĂ© comme une affaire morale et non comme un retour matĂ©riel en Égypte. IsraĂ«l avait recherchĂ© l’appui de ce pays, il retomberait dans la servitude dont le peuple avait jadis Ă©tĂ© dĂ©livrĂ©. Il en est de mĂȘme au chap. 9 3 ÉphraĂŻm retournera en Égypte, et mangera en Assyrie ce qui est impur ». Le retour en Égypte n’est pas autre chose que la captivitĂ© sous le joug de l’Assyrien amenĂ© par la recherche du secours de l’Égypte. OsĂ©e est, comme nous l’avons vu, coutumier de ces images heurtĂ©es et de ces brusques transitions. L’image conduit Ă  un fait nouveau en rapport avec elle. Ainsi au chap. 9 6, il nous est dit que l’Égypte les rassemblera, que Moph les enterrera ». Ce fut le cas de Juda, comme nous le voyons dans le prophĂšte JĂ©rĂ©mie Ă  44, tandis qu’OsĂ©e nous dit positivement, au chap. 11 5, qu’ÉphraĂŻm ne retournera pas dans le pays d’Égypte, mais que l’Assyrien sera son roi ». — La distinction entre le sort d’IsraĂ«l et celui de Juda est introduite au v. 14 du chap. 8 Mais IsraĂ«l a oubliĂ© celui qui l’a fait ; et il bĂątit des palais, et Juda multiplie les villes fortes ; mais j’enverrai un feu dans leurs villes, et il dĂ©vorera leurs palais ». Cela explique la confusion apparente que nous trouvons au chap. 9. Tout en les distinguant sans cesse l’un de l’autre, le prophĂšte assimile parfois en certaines choses les deux royaumes, comme attirant sur eux le jugement de Dieu. - Chapitre 9 Les v. 1 Ă  4 du chap. 9 se relient aux v. 11 Ă  14 du chapitre prĂ©cĂ©dent. Tout ce qu’IsraĂ«l, les dix tribus, et ÉphraĂŻm, leur reprĂ©sentant et leur conducteur, avaient, soi-disant, sacrifiĂ© Ă  Dieu, ils l’avaient offert Ă  eux-mĂȘmes Leur pain est pour eux-mĂȘmes » v. 4. Quand ils offraient un sacrifice 8 13, ils offraient seulement de la chair pour en manger. Le froment et le vin qu’ils cultivaient pour eux-mĂȘmes leur seraient ĂŽtĂ©s v. 2 ; ils mangeraient Ă  la place les choses impures de l’Assyrie, du pays de leur captivitĂ© v. 3. Tout ce qu’ils offriront Ă  l’Éternel sera souillĂ© ; Dieu ne l’acceptera pas, et eux se souilleront du produit mĂȘme de leur souillure. C’était un cercle vicieux, partant d’eux-mĂȘmes et retournant Ă  eux-mĂȘmes ; rien que souillure, rien pour Dieu. Leur pain n’entrerait pas » comme pain de proposition dans la maison de l’Éternel » v. 4. Ce principe est de tous les temps. Quelque belle apparence qu’aient les oeuvres religieuses des hommes pĂ©cheurs, ils les font pour ĂȘtre satisfaits d’eux-mĂȘmes et non pour plaire Ă  un Dieu qu’ils ne connaissent pas. C’est un pain souillĂ© qui n’a pas accĂšs dans la maison de Dieu. D’ÉphraĂŻm, le prophĂšte passe sans transition Ă  Juda v. 5-10. Ce fut lui, en effet, qui s’enfuit en Égypte et trouva son tombeau Ă  Noph Moph, Memphis, Ă  part quelques rĂ©chappĂ©s. Le reste des biens que les Juifs avaient emportĂ©s avec eux fut englouti dans ce dĂ©sastre. OsĂ©e annonce, au sujet de la dĂ©portation d’IsraĂ«l qui eut lieu peu de temps aprĂšs, la destruction des restes de Juda arrivĂ©e environ un siĂšcle et demi plus tard. Le mal Ă©tait tel que le prophĂšte Ă©tait comme saisi de folie quand il dĂ©taillait la grandeur de l’iniquitĂ© du peuple de Dieu Le prophĂšte est insensĂ©, l’homme inspirĂ© est fou, Ă  cause de la grandeur de ton iniquitĂ© et de la grandeur de ton hostilitĂ© » v. 7, parole Ă  retenir pour expliquer l’incohĂ©rence apparente du prophĂšte OsĂ©e. — En effet, le mal Ă©tait si grand qu’il le compare aux jours de Guibha » car il est dans ces versets sur le terrain des deux tribus, faisant allusion au crime de Benjamin Juges 19, qui avait jadis nĂ©cessitĂ© son extermination presque complĂšte. Aux v. 10-17, Dieu parle de l’ensemble de son peuple, tel que Dieu l’avait contemplĂ© dans le dĂ©sert quelle beautĂ© alors dans cet IsraĂ«l ; quel rafraĂźchissement pour le coeur de Dieu qui trouvait en lui sa joie et ses dĂ©lices, comme des raisins dans le dĂ©sert ! » Nous trouvons, d’autre part, en JĂ©r. 2 1-3, quels Ă©taient les sentiments d’IsraĂ«l lui-mĂȘme, attirĂ© par le premier amour sur les pas de son Ă©poux et de son berger. HĂ©las ! bientĂŽt le peuple Ă©tait allĂ© aprĂšs Baal-PĂ©or, le dieu des filles de Moab v. 10; Nomb. 21. Avec quelle douleur le prophĂšte revient maintenant Ă  ÉphraĂŻm, sa prĂ©occupation constante. Dieu l’avait vu comme une ville riche et florissante, une Tyr, entourĂ©e d’une campagne merveilleuse. Qu’était-il devenu ? Avait-il mieux valu que l’ensemble du peuple en Sittim ? Non ; il n’avait rĂ©pondu en rien Ă  l’attente de son Ă©poux. Comme une femme stĂ©rile il n’avait jamais conçu, jamais portĂ© de fruit, jamais produit aucun rejeton sur lequel pĂ»t reposer l’amour de son Ă©poux ; point d’enfantement » pour Dieu ! Car ÉphraĂŻm avait des fils de sa prostitution et, sous le jugement de Dieu, il serait obligĂ© de les mener dehors au meurtrier », Ă  ce Jareb exterminateur d’IsraĂ«l. Et de nouveau v. 14-17, le prophĂšte se prend Ă  apostropher l’ensemble des neuf tribus d’une part, ÉphraĂŻm de l’autre. IsraĂ«l, pas plus qu’ÉphraĂŻm, n’avait rien produit pour Dieu. Celui-ci leur donne un sein qui avorte et des mamelles dessĂ©chĂ©es » ; il les frappe de stĂ©rilitĂ© — son jugement sur eux. Toute leur mĂ©chancetĂ© », dit-il, est Ă  Guilgal », au lieu mĂȘme oĂč la chair avait Ă©tĂ© retranchĂ©e et oĂč l’opprobre d’Égypte avait Ă©tĂ© roulĂ© de dessus le peuple. La chair se montre lĂ  dans toute sa laideur, bravant la saintetĂ© de Dieu, aussi seront-ils chassĂ©s de sa maison ; Il ne les aimera plus ! » Tous leurs princes sont des rebelles. ÉphraĂŻm a Ă©tĂ© frappĂ© ; leur racine a sĂ©chĂ© ; ils ne produiront pas de fruit » v. 16 ; malĂ©diction finale prononcĂ©e plus tard par le Seigneur sur Juda, puis sur l’homme, sur le figuier sans fruit. Que dĂ©sormais personne ne mange jamais du fruit de toi
 Et ils virent le figuier sĂ©chĂ© depuis les racines » Marc 11 14, 20. Le seul miracle du Seigneur qui ne soit pas un miracle d’amour est mentionnĂ© dans ces pages vengeresses. En ÉphraĂŻm, dans l’homme, il n’y avait point d’enfantement v. 11, mais, si mĂȘme ils enfantent, Dieu fera mourir le fruit prĂ©cieux de leur sein » v. 16. Les dix tribus ne se multiplieront pas, et il en est ainsi jusqu’à aujourd’hui, elles ont disparu sans trace, tandis que ceux de Juda car ce chapitre traite alternativement de l’un et de l’autre seront errants parmi les nations » v. 17, et tels ils sont encore. - Chapitre 10 Le chap. 10 continue, sans interruption, le mĂȘme sujet. Les v. 1-3 prĂ©sentent ce qu’IsraĂ«l Ă©tait maintenant, en contraste avec ce qu’il avait Ă©tĂ© au commencement 9 10. IsraĂ«l est une vigne branchue ; il porte du fruit pour lui-mĂȘme ». Dieu avait autrefois trouvĂ© ses dĂ©lices en IsraĂ«l comme des raisins dans le dĂ©sert, quoiqu’ils eussent, sans doute, bien vite abandonnĂ© le Dieu vivant pour Baal-PĂ©or 9 10 ; mais ici IsraĂ«l c’est en particulier des dix tribus qu’il parle Ă©tait devenu une vigne branchue, belle dans son dĂ©veloppement, ayant toute l’apparence de force, de puissance et de vitalitĂ©, mais sans porter aucun fruit pour Dieu. Tous ses fruits, il les avait portĂ©s pour lui-mĂȘme cf. 9 4. La chrĂ©tientĂ© offre le mĂȘme spectacle que cette vigne branchue. Elle nous est montrĂ©e sous la figure d’un grand arbre issu d’une petite semence, assez puissant pour offrir un abri aux oiseaux des cieux et de l’ombre aux bĂȘtes des champs, mais oĂč est son fruit pour Dieu ? Matthieu 13 32. ÉphraĂŻm avait employĂ© toute sa prospĂ©ritĂ© matĂ©rielle Ă  multiplier ses autels. PlantĂ© dans une campagne agrĂ©able 9 13, Ă  quoi a-t-il fait servir la beautĂ© de son pays ? Ă  rendre belles ses statues ! » v. 1. Aussi Dieu, dans son indignation, abattra tout cet appareil de l’idolĂątrie, et maintenant », au moment oĂč le prophĂšte parle, ils diront nous n’avons pas de roi ». Nous savons, en effet, qu’avant l’avĂšnement d’OsĂ©e, leur dernier roi, une pĂ©riode d’anarchie eut lieu, pendant laquelle le peuple coupable, se voyant abandonnĂ© de Dieu, disait Un roi, que ferait-il pour nous ? » v. 3. v. 4-6. — Ils prononcent des paroles, ils jurent faussement, et ils concluent une alliance ». Cela arriva littĂ©ralement Ă  leur dernier roi, OsĂ©e. Tout en concluant une alliance avec ShalmanĂ©ser, roi d’Assyrie, auquel il prĂȘtait un faux serment, il recherchait traĂźtreusement l’appui de SĂŽ, roi d’Égypte 2 Rois 17 4-6. Une scĂšne semblable se renouvela beaucoup plus tard sous SĂ©dĂ©cias, roi de Juda, Ă  l’égard du roi de Babylone 2 Chron. 36 13. — Aussi le jugement, comme une plante vĂ©nĂ©neuse », croĂźtra dans les sillons de ses champs, dĂ©truisant tout espoir de moisson. ShalmanĂ©ser se vengea de la trahison d’OsĂ©e, monta contre les dix tribus et assiĂ©gea Samarie, leur capitale. Que fait le peuple de Samarie en prĂ©sence du jugement qui fond sur lui ? Il tremble pour son veau », pour l’idole de BĂ©thel, lieu que dans son indignation le prophĂšte appelle Beth-Aven comme en 4 15; 5 8; 10 8, maison de vanitĂ© ou d’iniquitĂ©. Un Beth-Aven existait, de fait, du temps de JosuĂ©. Dans la dĂ©limitation des frontiĂšres assez restreintes de Benjamin, il est mentionnĂ© comme un lieu dĂ©sert peu Ă©loignĂ© de BĂ©thel JosuĂ© 18 12, 13. Mais le prophĂšte emploie ce terme que l’on peut aussi traduire maison d’idoles » pour caractĂ©riser ce que BĂ©thel, la maison de Dieu, Ă©tait devenue. C’était Ă  Dan et Ă  BĂ©thel que JĂ©roboam I avait Ă©tabli les veaux d’or 1 Rois 12 29. BĂ©thel Ă©tait dĂ©sormais un vĂ©ritable dĂ©sert, une maison d’idoles, une vanitĂ©, une abomination pour le Dieu qui en avait fait sa maison et y avait confirmĂ© solennellement ses promesses de grĂące Ă  Jacob Gen. 28 19; 35 15. Le veau d’or avait ses Camarim, ses sacrificateurs qui tremblaient pour lui. Comme plus tard, lors de l’émeute au sujet de la grande Diane des EphĂ©siens, si le veau d’or disparaissait, tout l’espoir de leur gain Ă©tait anĂ©anti. La valeur monĂ©taire de l’idole jouait aussi un rĂŽle dans le deuil du peuple. Son trĂ©sor, le tĂ©moin de sa prospĂ©ritĂ© matĂ©rielle, en mĂȘme temps que son dieu, lui Ă©tait enlevĂ© pour ĂȘtre portĂ© Ă  ShalmanĂ©ser, le roi Jareb de ce jour-lĂ , l’ennemi d’ÉphraĂŻm. Samarie est dĂ©truite, son roi a pĂ©ri, comme un fĂ©tu sur la face des eaux ; et les hauts lieux d’Aven, le pĂ©chĂ© d’IsraĂ«l, seront dĂ©truits. L’épine et la ronce monteront sur leurs autels ; et ils diront aux montagnes Couvrez-nous ! et aux collines Tombez sur nous » v. 7, 8. Ces versets correspondent Ă  2 Rois 17 4-6. Le prophĂšte nous apprend qu’OsĂ©e devait pĂ©rir aprĂšs avoir Ă©tĂ© mis en prison et liĂ© de chaĂźnes par ShalmanĂ©ser. Tout cela Ă©tait proche, mais encore Ă  venir au temps du prophĂšte. L’idolĂątrie d’ÉphraĂŻm devait disparaĂźtre de dessous la face des cieux ; l’épine et la ronce devaient recouvrir ses autels, BĂ©thel redevenir le dĂ©sert de Beth-Aven. Il en est encore ainsi aujourd’hui. Cependant, comme toujours, la prophĂ©tie ne s’arrĂȘte pas Ă  une interprĂ©tation prochaine, mais nous reporte vers un temps futur, oĂč, non plus Ă  la suite de l’idolĂątrie, mais aprĂšs le rejet du Christ, le jugement atteindra ce peuple coupable. C’est ce qu’annonçait le Seigneur aux filles de JĂ©rusalem, quand il se rendait au Calvaire Filles de JĂ©rusalem, ne pleurez pas sur moi ; mais pleurez sur vous-mĂȘmes et sur vos enfants ; car voici, des jours viennent, dans lesquels on dira Bienheureuses les stĂ©riles, et les ventres qui n’ont pas enfantĂ©, et les mamelles qui n’ont pas nourri cf. OsĂ©e 9 11, 14. Alors ils se mettront Ă  dire aux montagnes Tombez sur nous ; et aux coteaux Couvrez-nous ; car s’ils font ces choses au bois vert, que sera-t-il fait au bois sec ? » Luc 23 28-31. Tel sera aussi le cri des hommes, depuis les rois jusqu’aux esclaves, sous le sixiĂšme sceau de l’Apocalypse, quand ils se cacheront devant la colĂšre de l’Agneau Apoc. 6 16, 17. Dans les v. 9 Ă  15 le prophĂšte enveloppe de nouveau Juda avec IsraĂ«l dans le mĂȘme jugement. Guibha, comme nous l’avons vu plus haut 9 9, parle du pĂ©chĂ© de Benjamin, mais le prophĂšte fait ressortir que la guerre contre les fils d’iniquitĂ© » n’avait pas atteint Ă  Guibha ceux d’IsraĂ«l qui se posaient en champions de la justice v. 9. Aussi arriverait-il un temps oĂč Dieu chĂątierait ceux qui avaient Ă©tĂ© les instruments du chĂątiment de Benjamin. Juda et les dix tribus seraient liĂ©s pour leurs deux iniquitĂ©s ». Tous deux, nous dit le prophĂšte, seront asservis au joug des nations ÉphraĂŻm est une gĂ©nisse dressĂ©e, qui aime Ă  fouler le blĂ© ; et j’ai passĂ© sur son beau cou je ferai tirer le chariot Ă  ÉphraĂŻm ; Juda labourera, et Jacob hersera ». Ils seront esclaves, chacun d’eux dans des circonstances et Ă  des Ă©poques diverses, pour faire lever et prospĂ©rer les moissons des Ă©trangers ! Ah ! n’était-il pas temps encore de semer en justice pour moissonner selon la piĂ©tĂ©, de dĂ©fricher un terrain neuf, de recommencer une vie, produit d’une nouvelle naissance, et de chercher l’Éternel ? v. 12. DĂšs qu’IsraĂ«l suivra cette voie le Seigneur viendra, comme la pluie, apporter la justice au terrain ainsi prĂ©parĂ© cf. 6 3. Mais il est impossible qu’une telle bĂ©nĂ©diction se produise sans la repentance et la conversion qui cherche l’Éternel ». Pourquoi et pour qui ÉphraĂŻm et Juda avaient-ils travaillĂ© jusque-lĂ  ? Vous avez labourĂ© la mĂ©chancetĂ©, moissonnĂ© l’iniquitĂ©, mangĂ© le fruit du mensonge » v. 13. Ainsi, comme toujours en OsĂ©e, les images produisent pour ainsi dire les pensĂ©es, et nous voyons le labourage signifier Ă  la fois le joug des nations, l’iniquitĂ© du peuple et le retour du coeur Ă  l’Éternel. Mais bientĂŽt toutes les forteresses d’ÉphraĂŻm seront dĂ©truites comme Shalman dĂ©truisit Beth-Arbel au jour de la guerre », c’est-Ă -dire comme ShalmanĂ©ser, dont l’armĂ©e fit le siĂšge de Samarie, dĂ©truisit sans doute, d’une maniĂšre terrible, Beth-Arbel, une de ces forteresses qui n’est nommĂ©e que dans ce passage. Enfin ce chapitre se termine par ces mots prophĂ©tiques A l’aube du jour, le roi d’IsraĂ«l aura entiĂšrement cessĂ© d’ĂȘtre » v. 15. Avec le roi OsĂ©e, la royautĂ© sur les dix tribus va prendre fin, rentrer dans le nĂ©ant, et il n’en sera plus jamais question. 4 - TROISIÈME PARTIE CHAPITRES 11-13 Jugements mĂ©langĂ©s d’espĂ©rances. - Chapitre 11 Le nouvel IsraĂ«l et la misĂ©ricorde aprĂšs les jugements. Les chap. 11 Ă  13 ont ceci de particulier que, semblables aux trois premiers chapitres, ils ajoutent au dĂ©bat des chap. 4 Ă  10 des paroles d’apaisement, des lueurs d’espĂ©rance, des allusions Ă  un LibĂ©rateur futur, le souvenir des grĂąces premiĂšres et l’espoir de dĂ©livrances futures. Ces chapitres prĂ©parent le chapitre final, la pleine restauration d’IsraĂ«l sur le chemin de la repentance. Dans tous les chapitres qui prĂ©cĂšdent, un seul passage, et encore est-il mis comme une exhortation dans la bouche du prophĂšte 6 1-3, pourrait se rapprocher de ceux que nous allons rencontrer. Ici, nous en avons fini en grande partie avec les scĂšnes d’indignation si fougueuses, avec les images si imprĂ©vues dont nous avons Ă©tĂ© souvent obligĂ©s de paraphraser le texte, verset aprĂšs verset, pour en faire comprendre le sens. Au chap. 11 l’orage s’éloigne dĂ©jĂ , mais n’a pas cessĂ© complĂštement. Ici et lĂ  un grondement de tonnerre, un Ă©clair qui tombe, montrent que tout n’est pas fini. Mais dĂ©jĂ , de temps Ă  autre, un rayon de soleil perce les sombres nuĂ©es, le vent ne mugit plus en rafales inattendues ; une haleine plus douce annonce que la saison nouvelle n’est pas loin de paraĂźtre. v. 1-7. — AprĂšs avoir mentionnĂ© la destruction totale d’ÉphraĂŻm et de son roi, le prophĂšte revient Ă  l’histoire passĂ©e d’IsraĂ«l et nous dit comment, dans sa jeunesse, Dieu avait pris plaisir en lui. Il l’avait adoptĂ©, l’avait appelĂ© hors d’Égypte pour le conduire en Canaan, comme il avait appelĂ© Abraham hors d’Ur des ChaldĂ©ens. Dieu avait fait tout cela ; IsraĂ«l, en lui-mĂȘme, n’avait d’autre attrait pour Lui que sa jeunesse sans dĂ©fense et le joug d’esclavage qui pesait sur lui. De son libre choix Dieu l’avait aimĂ© et placĂ© en relation intime avec Lui. Pouvait-il y avoir intimitĂ© plus grande que celle d’un fils avec son pĂšre ? Le prophĂšte a dĂ©jĂ  fait allusion, au chap. 9 10, au prix que l’Éternel attachait Ă  la possession d’IsraĂ«l. Qu’est-ce que le peuple avait fait de tous ces privilĂšges ? Ils se dĂ©tournaient quand les prophĂštes venaient leur parler ; et, chose affreuse, ils sacrifiaient aux Baals et brĂ»laient de l’encens aux images taillĂ©es » v. 2. Cette conduite n’avait pas lassĂ© la patience de Dieu. Tenant compte de l’extrĂȘme jeunesse de son peuple, comme un tendre pĂšre le ferait Ă  l’égard d’un petit enfant, il lui avait appris Ă  marcher ici nous retrouvons ÉphraĂŻm seul, l’avait pris sur ses bras, comme un enfant fatiguĂ© — quel amour, quels tendres soins ! — mais ÉphraĂŻm n’avait eu aucune conscience de toute la sollicitude de Dieu Ă  son Ă©gard ils ne savaient pas que je les guĂ©rissais ». Dieu les excusait encore. À mesure qu’ils grandissaient, ses soins pour eux grandissaient aussi, et s’adaptaient Ă  leur Ăąge. Comme un guide attentif Ă  l’égard d’un voyageur, Dieu les liait par des cordeaux d’amour pour les attirer aprĂšs Lui. Ils Ă©taient empĂȘchĂ©s de se nourrir librement, par le joug qui pesait sur leurs mĂąchoires ; que de fois Dieu avait desserrĂ© le joug pour leur donner doucement Ă  manger ! Tout ce tableau de la tendresse de Dieu Ă  leur Ă©gard est propre Ă  toucher le coeur et Ă  atteindre la conscience de son peuple. Mais tout a Ă©tĂ© en pure perte. Combien de fois pendant la marche du dĂ©sert leur coeur Ă©tait retournĂ© en Égypte, combien de fois, depuis leur entrĂ©e en Canaan, ils s’étaient orientĂ©s du cĂŽtĂ© de ce pays d’esclavage, quand surgissaient les difficultĂ©s, fruit de leur infidĂ©litĂ©. En ces jours de dĂ©clin, ÉphraĂŻm s’était particuliĂšrement caractĂ©risĂ© par la recherche des secours de l’Égypte, comme nous l’avons vu dans les chapitres prĂ©cĂ©dents, et dans son histoire. DĂ©sormais, dit l’Éternel, il ne retournera pas dans le pays d’Égypte, mais l’Assyrien sera son roi ». Tous ses instincts et ses dĂ©sirs l’y portaient ; il ne tenait aucun compte de ce que Dieu l’avait appelĂ© hors d’Égypte, — mais, dit le prophĂšte, il n’effectuera pas ce retour et sera transportĂ© dans des contrĂ©es lointaines par l’Assyrien qui dominera sur lui. Autre fut le sort de Juda ; rebelle Ă  la parole de JĂ©rĂ©mie, il persista Ă  se rĂ©fugier en Égypte pour fuir le joug de Babylone, et ne put Ă©chapper Ă  sa destruction. Telle est la fin de l’histoire d’ÉphraĂŻm, mais, grĂące infinie, ce n’est pas la fin de l’histoire de Dieu. Il nous est dit, en Matt. 2 15, que Joseph prit le petit enfant JĂ©sus et se retira en Égypte, afin que fĂ»t accompli ce que le Seigneur avait dit par le prophĂšte, disant J’ai appelĂ© mon fils hors d’Égypte ». Tel Ă©tait l’aurait-on cru ? le but de la prophĂ©tie d’OsĂ©e ; elle s’accomplissait dans cet Ă©vĂ©nement. Dieu avait un autre, un second IsraĂ«l, objet de ses conseils d’éternitĂ© ; celui-lĂ  devait le glorifier et rĂ©pondre Ă  toutes les exigences de sa saintetĂ©, de sa justice et de son amour. La vigne d’IsraĂ«l que l’Éternel avait plantĂ©e n’avait produit pour Dieu que des grappes sauvages És. 5 ; la vigne branchue » avait portĂ© du fruit pour elle-mĂȘme 10 1. Aussi ses clĂŽtures ont Ă©tĂ© rompues et les bĂȘtes des champs l’ont broutĂ©e. Mais le Seigneur regardera des cieux et Ă  un certain moment visitera ce cep que sa droite avait plantĂ© et ce provin qu’il avait fortifiĂ© pour Lui, c’est-Ă -dire qu’il rĂ©tablira IsraĂ«l. Mais comment ? En mettant sa main sur l’homme de sa droite, sur le fils de l’homme qu’il a fortifiĂ© pour lui ». IsraĂ«l ressuscitera et sera de nouveau introduit dans la bĂ©nĂ©diction par le vrai fils de la droite de Dieu Ps. 80, par le vrai cep Jean 15 qui seul peut porter pour l’Éternel les sarments d’IsraĂ«l. Seulement le vrai cep n’attend pas sa gloire future de Messie, pour porter du fruit pour Dieu. Il en porte maintenant sur la terre et tous les sarments d’entre les nations qui sont aujourd’hui en relation vivante avec lui icibas, formeront dans la gloire son Épouse cĂ©leste, tandis qu’IsraĂ«l, uni Ă  son Messie, reparaĂźtra dans le royaume millĂ©naire comme la vigne de l’Éternel. v. 8-11. — Au chap. 6 4, Dieu avait demandĂ© Que te ferai-je, ÉphraĂŻm ? » montrant qu’il n’y avait plus de jugement assez sĂ©vĂšre pour lui et pour Juda. Ici il s’écrie Que ferai-je de toi, ÉphraĂŻm ? Comment te livrerais-je, IsraĂ«l ? » Christ, le vrai IsraĂ«l, ayant Ă©tĂ© appelĂ© hors d’Égypte, un moyen Ă©tait trouvĂ© pour faire intervenir la grĂące. Dieu ferait-il d’IsraĂ«l ce qu’il avait fait des rois de Canaan, des rois d’Adma et de TseboĂŻm, aux jours d’Abraham ? Gen. 14 2. Non, dit-il, mon coeur est changĂ© en moi ; toutes ensemble mes compassions se sont Ă©mues. Je ne donnerai pas cours Ă  l’ardeur de ma colĂšre, je ne dĂ©truirai pas de nouveau ÉphraĂŻm ; car je suis Dieu, et non pas un homme, — le Saint au milieu de toi ; et je ne viendrai pas avec colĂšre » v. 8, 9. Un jour arrivera oĂč ses voies changeront envers son peuple, oĂč il donnera libre cours Ă  ses compassions ; il est Dieu, et la colĂšre ne fait pas partie de son Etre, quoiqu’il ait Ă©tĂ© obligĂ© de manifester sa justice en jugement — mais il est amour. Il est Saint, sans doute, au milieu de son peuple, et il faut que ce dernier le sache et en fasse l’expĂ©rience, mais il est avant tout un Dieu Ă©mu de compassion. JĂ©sus n’a-t-il pas Ă©tĂ© cela, lui le Fils de Dieu appelĂ© hors d’Égypte ? Venu comme Dieu, comme Emmanuel, Ă  IsraĂ«l, Ă©tait-ce pour le juger ? Sa vie n’a-t-elle pas Ă©tĂ©, d’un bout Ă  l’autre, une vie de compassion ? Lisez Matt. 9 36 ; 14 14 18, 27 ; 20 34 ; Marc 6 34 ; 9 22 ; Luc 10 33 ; 15 20. Il est venu manifester Ă  ce misĂ©rable peuple et Ă  tous les hommes ce qu’il y avait dans son coeur, dans le coeur de Dieu pour eux. Aussi l’apĂŽtre Paul, rĂ©sumant tout ce qu’il venait de rĂ©vĂ©ler au sujet des pensĂ©es de Dieu envers l’homme, pouvait dire Je vous exhorte, frĂšres, par les compassions de Dieu » Rom. 12 1. C’est la venue du Fils de sa droite, du vrai Benjamin, premier-nĂ© quoique dernier-nĂ©, qui a ouvert l’écluse des compassions de Dieu, alors que le Dieu saint, dans le gouvernement de son peuple, aprĂšs avoir ouvert l’écluse de ses jugements, aurait dĂ» leur donner cours jusqu’à Ă©puisement. Quel changement s’est opĂ©rĂ© avec la venue de Christ ! L’histoire d’IsraĂ«l a recommencĂ© avec Lui, Ă  la gloire de Dieu, que son ancien peuple avait livrĂ©e Ă  l’opprobre. Ce nouvel IsraĂ«l, jeune enfant, Ă©tait Celui dont Dieu avait dit Tu es mon Fils ; aujourd’hui je t’ai engendrĂ© » Ps. 2. Il l’a appelĂ© hors d’Égypte, pour l’introduire comme Roi en Canaan sur son peuple terrestre ; il l’a aussi appelĂ© hors d’Égypte, hors du monde, pour l’introduire, et tous ses rachetĂ©s avec Lui, dans les dĂ©lices de la Canaan cĂ©leste ! Alors, dit le prophĂšte, ils marcheront aprĂšs l’Éternel » v. 10. Le lion de Juda n’aura qu’à faire entendre son rugissement, pour que les fils » accourent de toute part vers lui. Il ne rugira plus contre eux, mais contre les nations qui les ont asservis ; eux auront confiance dans ce rugissement. Ils arriveront de l’Occident Juda, de l’Assyrie IsraĂ«l. À tire-d’aile ils fuiront l’Égypte, comme jadis quand le Seigneur les appelait Ă  en sortir. N’avons-nous pas raison de dire qu’un tel chapitre respire la compassion plus encore que les jugements, l’espĂ©rance d’IsraĂ«l plus que sa destruction ? C’est que le petit enfant, le second Adam, va paraĂźtre, et que dĂ©jĂ  le prophĂšte l’annonce en paroles mystĂ©rieuses ! Le retour des dix tribus n’aura lieu qu’ aprĂšs la gloire » ; le retour national de Juda aura lieu auparavant, dans l’incrĂ©dulitĂ©, quand les vaisseaux rapides » ramĂšneront ce peuple en Palestine, mais quand leur nombre 1 serait comme le sable de la mer, le rĂ©sidu seul sera sauvĂ© » Rom. 9 27. Dieu ne reconnaĂźtra comme son peuple que ceux qu’il aura scellĂ©s, Juda en tĂȘte, la tribu du grand Roi, Benjamin Ă  l’arriĂšre-garde, la tribu du Fils de sa droite Apoc. 7 5-8. - Chapitre 12 Menaces et promesses. Le chapitre 11 avait pour sujet principal la misĂ©ricorde envers les dix tribus et l’introduction du nouvel IsraĂ«l ; le chapitre 12 traite Ă©ventuellement de Juda et parle du relĂšvement, aux derniers jours, de l’ensemble du peuple. Le prophĂšte commence par mettre en regard la condition d’ÉphraĂŻm et celle de Juda au moment mĂȘme oĂč sa prophĂ©tie est Ă©mise. ÉphraĂŻm m’entoure de mensonge, et la maison d’IsraĂ«l de fraude ; mais Juda marche encore avec Dieu et avec les vrais saints » v. 1. Cette phrase est importante pour l’intelligence de toute la prophĂ©tie d’OsĂ©e. Elle a souvent Ă©tĂ© traduite ainsi Juda est encore sans frein Ă  l’égard de Dieu et du vrai Saint ». Affaire non de grammaire, mais d’intelligence spirituelle et, pour notre part, nous sommes persuadĂ©s que la seconde version ĂŽterait Ă  ce chapitre son vrai caractĂšre. La pensĂ©e que Juda marche encore avec Dieu » correspond d’une maniĂšre frappante Ă  ce qui nous est dit en 2 Chron. 12 12 et 19 3. Tandis qu’ÉphraĂŻm, qui avait semĂ© le vent 8 6, s’en repaissait, se nourrissait de vaines espĂ©rances, et agissait avec fourberie, cherchant Ă  se concilier ces deux ennemis irrĂ©conciliables, l’Assyrie et l’Égypte v. 2, Juda marchait encore avec son Dieu. Combien de temps cela dura-t-il ? Un peu plus d’un siĂšcle, jusqu’à la captivitĂ© de Babylone, mais Dieu faisait encore trĂȘve au jugement dans les jours d’OsĂ©e. Il y avait encore de vrais saints et la crainte de Dieu au milieu du dĂ©clin si manifeste de Juda. Les yeux de Dieu se reposaient avec complaisance sur un Ozias, sur un Jotham, sur un ÉzĂ©chias et, plus tard, sur Josias, dont le rĂšgne fleurit aprĂšs la transportation des dix tribus. Mais Juda allait-il persister ? Qu’était, mĂȘme sous ces rĂšgnes bĂ©nis, l’ensemble du peuple ? Le prophĂšte, ainsi que l’histoire, nous l’apprennent. L’Éternel », nous est-il dit, a aussi un dĂ©bat avec Juda, et il punira Jacob selon ses voies, et il lui rendra selon ses actions » v. 3 *. * Comme nous l’avons dit dans l’Introduction, Jacob est ici l’ensemble du peuple en rapport avec Juda son chef, comme IsraĂ«l est l’ensemble des dix tribus en rapport avec son chef ÉphraĂŻm. Mais Jacob retournera-t-il Ă  Dieu ? Oui, car si, dĂšs le dĂ©but, il a, par ruse, supplantĂ© son frĂšre, il arrivera un moment oĂč il rencontrera Dieu et aura Ă  lutter avec Lui. Dans le ventre il prit son frĂšre par le talon, et par sa force il lutta avec Dieu ; oui, il lutta avec l’ange et prĂ©valut il pleura et le supplia » v. 4, 5. Il lutta avec Dieu par sa force ; alors l’ange toucha l’emboĂźture de sa hanche et il dut faire l’expĂ©rience de sa faiblesse. Cependant il prĂ©valut. Quel est donc le moyen de prĂ©valoir dans la lutte avec Dieu ? Le voici Il pleura et supplia. Il faut que Jacob soit vainqueur pour pouvoir hĂ©riter de la bĂ©nĂ©diction, et le moyen de vaincre et de l’obtenir, c’est la repentance et la priĂšre. Cependant Jacob, quoiqu’il pĂ»t dire Mon Ăąme a Ă©tĂ© dĂ©livrĂ©e » Gen. 32 30, n’avait pas encore retrouvĂ© la communion avec Dieu. L’ange refuse de lui dire son nom et le patriarche ne rencontre Dieu qu’à BĂ©thel À BĂ©thel il le trouva » v. 5. Une premiĂšre fois, fuyant la maison paternelle, il avait rencontrĂ© l’Éternel Ă  BĂ©thel, mais dans un songe Gen. 28 13-22. Une seconde fois, Ă  MahanaĂŻm Gen. 32 24-32, il le rencontre face Ă  face », mais sans que l’ange lui dĂ©clare son nom. Une troisiĂšme fois, enfin, Ă  BĂ©thel, il le trouve rĂ©ellement, aprĂšs s’ĂȘtre purifiĂ© et avoir enterrĂ© ses idoles Gen. 35 11. — LĂ  il parla avec nous » v. 5. Quand il a retrouvĂ© la prĂ©sence de l’Éternel dans sa maison de BĂ©thel, Jacob entre en communion avec Lui, entend, comprend, jouit de sa parole. Et l’Éternel, le Dieu des armĂ©es — l’Éternel est son mĂ©morial » v. 6. Son mĂ©morial est son nom mĂȘme d’Éternel, tel qu’il l’a rĂ©vĂ©lĂ© Ă  IsraĂ«l Exode 3 15. Auparavant Exode 6 3, il s’était rĂ©vĂ©lĂ© comme le Tout-puissant Ă  Abraham, Ă  Isaac et Ă  Jacob, mais quand il se rĂ©vĂšle Ă  IsraĂ«l par la bouche de MoĂŻse, son nom Éternel est son nom Ă©ternellement, et c’est lĂ  son mĂ©morial de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration ». Or, pour retrouver cette relation bĂ©nie avec Dieu, il faut qu’IsraĂ«l se convertisse comme le patriarche Et toi, retourne Ă  ton Dieu, garde la piĂ©tĂ© et le jugement, et attends-toi Ă  ton Dieu continuellement » v. 7. En rĂ©sumĂ©, la portĂ©e de tout ce passage, en apparence si Ă©nigmatique, est celle-ci IsraĂ«l ne peut retrouver ses relations avec son Dieu et la communion avec lui, que dans le sentiment de sa propre impuissance, par l’humiliation et la repentance, en abandonnant ses idoles pour rechercher la face de son Dieu. C’est par une vraie conversion qu’il sera capable de garder la piĂ©tĂ© », de conserver ces heureux rapports avec Dieu, — le jugement », — le discernement nĂ©cessaire pour se sĂ©parer du mal, — enfin l’attente continuelle de son Dieu », c’est-Ă -dire, la dĂ©pendance. v. 8-15. — AprĂšs avoir traitĂ© du retour, de l’humiliation, de la repentance de Juda, et de tout le peuple, le prophĂšte revient Ă  ÉphraĂŻm et ne le quitte plus jusqu’à la fin de sa prophĂ©tie. Dans le mĂȘme style abrupt et sans transitions, comme toujours, il exprime la pensĂ©e de Dieu Ă  l’égard des dix tribus C’est un marchand ; la fausse balance est dans sa main ; il aime Ă  extorquer » v. 8. Mais cette accusation n’atteint pas la conscience d’ÉphraĂŻm ; il dit Toutefois je me suis enrichi, je me suis procurĂ© des biens. Dans tout mon travail on n’a trouvĂ© contre moi aucune iniquitĂ© qui soit pĂ©chĂ© ». Quelle satisfaction de soi-mĂȘme et de son travail ! Quelle ignorance de son propre coeur ! Involontairement on pense Ă  LaodicĂ©e, disant les mĂȘmes paroles Ă  la veille d’ĂȘtre vomie de la bouche du Seigneur Tu dis Je suis riche, et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien ; et tu ne connais pas que toi tu es le malheureux, et le misĂ©rable, et pauvre, et aveugle, et nu — Apoc. 3 17. Ainsi la fin de la chrĂ©tientĂ© sera caractĂ©risĂ©e par le mĂȘme aveuglement que celui d’IsraĂ«l. Il suffit Ă  ÉphraĂŻm qu’une enquĂȘte humaine n’ait pas trouvĂ© chez lui d’actes rĂ©prĂ©hensibles qui le fassent tomber sous la sentence de la loi. Sans parler des idoles dont, chose stupĂ©fiante, il ignore ici l’existence. Mais le monde d’aujourd’hui connaĂźt-il ses idoles ? Maintenant, comme alors, la pensĂ©e d’un Dieu qui sonde l’homme et le connaĂźt, est complĂštement ignorĂ©e. Et, quant Ă  IsraĂ«l, la fraude coutumiĂšre de Jacob le caractĂ©rise encore. En prĂ©sence d’un tel endurcissement de conscience, l’Éternel va, sans doute, tourner dĂ©finitivement le dos Ă  ce triste peuple ! C’est parce que l’on s’y attend qu’on est confondu d’entendre l’Éternel s’exprimer ainsi au v. 10 Et moi, l’Éternel ton Dieu dĂšs le pays d’Égypte, je te ferai encore habiter sous des tentes, comme aux jours de la fĂȘte solennelle ». Quelle grĂące inattendue ! Il y aura pour toi, misĂ©rable ÉphraĂŻm, un repos glorieux aprĂšs la traversĂ©e du dĂ©sert dans lequel je te chasserai de nouveau. Il y aura pour toi une fĂȘte des tabernacles qui suivra la moisson et la vendange. Si tu m’as oubliĂ©, moi, je n’ai pas oubliĂ© que, dĂšs la rĂ©demption opĂ©rĂ©e en ta faveur quand je te fis sortir d’Égypte, j’avais la pensĂ©e de te faire cĂ©lĂ©brer ce repos final. ImmĂ©diatement Dieu reprend le cours des amers reproches v. 11-15. ÉphraĂŻm avait-il jamais Ă©coutĂ© Celui qui lui parlait par l’inspiration des prophĂštes, par leurs visions et leurs similitudes ? Non, il avait offert des sacrifices que Dieu ne pouvait accepter, aussi leurs autels seraient comme des tas de pierres dans les sillons des champs ! DĂ©jĂ  le jugement Ă©tait tombĂ© sur Galaad, les deux tribus et demie au delĂ  du Jourdain 2 Rois 15 29 ; 1 Chron. 5 26, mais que serait-ce quand il tomberait sur ÉphraĂŻm ? v. 12. Veuille repasser, ĂŽ ÉphraĂŻm, l’histoire de Jacob, l’histoire d’IsraĂ«l ! N’est-elle pas une vision et une similitude prophĂ©tique qui s’adresse Ă  toi ? Jacob n’a-t-il pas dĂ» fuir dans la plaine de Syrie, parce qu’il avait subornĂ© son frĂšre ? Jacob n’a-t-il pas Ă©tĂ© gardĂ© en esclavage, et cette servitude ne s’est-elle pas prolongĂ©e jusqu’à son union avec la femme qu’il aimait ? Cependant IsraĂ«l fut dĂ©livrĂ© Ă  la fin de sa longue captivitĂ© Par un prophĂšte MoĂŻse, l’Éternel fit monter IsraĂ«l d’Égypte » ; par ce mĂȘme prophĂšte il fut gardĂ© » jusqu’à la fin des jours du dĂ©sert. Il en sera de mĂȘme pour IsraĂ«l La parole de Dieu l’esprit de prophĂ©tie, le tĂ©moignage de JĂ©sus, Apoc. 19 10; 22 7, parole qu’ils ont mĂ©prisĂ©e quand le Seigneur multipliait pour eux ses prophĂštes, cette parole les ramĂšnera Ă  la fin. Mais, quant Ă  ÉphraĂŻm v. 15, pour le moment la colĂšre de Dieu demeure sur lui. C’est ainsi que s’entremĂȘlent les menaces, les supplications, les jugements, les espĂ©rances et les promesses, dans cette merveilleuse prophĂ©tie. Ah ! si, aujourd’hui, la chrĂ©tientĂ© voulait entendre ! Son sort sera bien plus terrible que celui d’IsraĂ«l, car IsraĂ«l sera restaurĂ©, et la chrĂ©tientĂ©, devenue la grande Babylone, sera dĂ©truite pour toujours ! - Chapitre 13 Derniers Ă©clats. Aube de la dĂ©livrance. Au chap. 13, l’orage soulevĂ© contre ÉphraĂŻm infidĂšle fait entendre de nouveau sa grande voix. Un dernier tourbillon de colĂšre semble tout briser sur son passage. Puis il se fait un grand silence, le silence de la mort. Alors, du sein de la mort mĂȘme s’élĂšve une voix libĂ©ratrice v. 14. Encore un dernier coup de vent d’Orient, un fracas de terreur et de carnage. La destruction d’ÉphraĂŻm est consommĂ©e v. 15, 16. Alors enfin sonne l’heure du rĂ©veil sous le rĂšgne glorieux du Messie chap. 14. v. 1. — Quand ÉphraĂŻm parlait, c’était une terreur ; il s’éleva en IsraĂ«l mais il se rendit coupable par Baal, et mourut. » Le prophĂšte continue Ă  exposer la condition d’ÉphraĂŻm. Cette tribu avait une autoritĂ© de par Dieu, une place Ă©minente en IsraĂ«l. Elle avait tout perdu par l’idolĂątrie de Baal et par les veaux de BĂ©thel. Quel sera son sort ? Que restera-t-il d’elle ? Ils seront comme la nuĂ©e du matin et comme la rosĂ©e qui s’en va de bonne heure, comme la balle chassĂ©e par le tourbillon hors de l’aire, et comme la fumĂ©e qui sort par le treillis » v. 3. Cherchez ÉphraĂŻm ; oĂč le trouverez-vous ? Autant chercher Ă  retrouver la nuĂ©e, la rosĂ©e et la fumĂ©e. Il en est ainsi des dix tribus jusqu’à ce jour ! Au v. 4, l’Éternel revient aux tĂ©moignages passĂ©s de sa grĂące remarquez combien de fois depuis qu’il a appelĂ© son Fils hors d’Égypte » au chap. 11 1 ; il revient, dis-je, Ă  ce qu’il fut pour IsraĂ«l dĂšs le pays d’Égypte. Et moi, je suis l’Éternel, ton Dieu, dĂšs le pays d’Égypte ; et tu n’as pas connu d’autre Dieu que moi, et il n’y a pas de Sauveur hors moi. Moi, je t’ai connu dans le dĂ©sert, dans une terre aride » v. 4, 5. Ah ! comme les jours Ă©taient loin oĂč l’épouse suivait son Ă©poux au dĂ©sert, oĂč le Berger d’IsraĂ«l y nourrissait et y abreuvait ses brebis, en sorte que chacune pĂ»t dire Je ne manquerai de rien » ! Mais ÉphraĂŻm s’était Ă©levĂ©, en sorte que l’Éternel avait dĂ» rugir contre lui comme un lion dĂ©vorant, au lieu de rugir en sa faveur cf. 11 10, comme il le fera Ă  la fin. Terrible sort ! ÉphraĂŻm allait ĂȘtre attaquĂ©, dĂ©vorĂ© par toutes les bĂȘtes sauvages, images des nations hostiles et sans pitiĂ© qui montĂšrent Ă  l’assaut de ce peuple. Je leur serai comme un lion ; comme un lĂ©opard, je les guetterai sur le chemin. Je les attaquerai comme une ourse privĂ©e de ses petits ; je dĂ©chirerai l’enveloppe de leur coeur, et je les dĂ©vorerai lĂ , comme une lionne ; les bĂȘtes des champs les dĂ©pĂšceront ! » v. 7, 8. Quelle folie d’ĂȘtre ennemi de Dieu, du seul qui puisse nous secourir ! N’est-ce pas la condition des hommes d’aujourd’hui, aussi bien que des hommes d’alors ? On prĂ©fĂšre ĂȘtre rassasiĂ© des biens de ce monde, comme il est dit ici v. 6, plutĂŽt que de se tourner vers le Sauveur. Mais on a beau chercher Ă  se faire illusion ; si l’on n’est pas pour Lui, on est contre Lui. Si l’on est pour le monde et pour les choses qui sont dans le monde, on est ennemi de Dieu. N’est-ce pas la mortelle illusion du chrĂ©tien professant, de penser pouvoir en mĂȘme temps ĂȘtre ami du monde et de Dieu ? Puissent les Ăąmes y prendre garde, afin de ne pas trouver Dieu, comme un lion sur leur chemin ! Il n’y a pas d’autre Sauveur que Lui, et IsraĂ«l avait Ă©tĂ© contre lui, contre son secours » v. 9. Et quand enfin le jugement s’était approchĂ©, il avait cherchĂ© le salut en s’appuyant sur le bras de la chair. OĂč donc est ton roi. pour qu’il te sauve dans toutes tes villes. OĂč sont tes juges, dont tu as dit Donne-moi un roi et des princes ? » L’Éternel rappelle aux dix tribus ce qu’avaient Ă©tĂ© les rois et les princes qu’elles avaient demandĂ©s, car il ne s’agit pas ici de SaĂŒl, comme je le pensais autrefois, encore moins de David et de Salomon, pas mĂȘme de JĂ©roboam I, suscitĂ© par Dieu en jugement contre Juda. Je t’ai donnĂ© un roi dans ma colĂšre », dit Dieu Ă  ÉphraĂŻm, et je l’ai ĂŽtĂ© dans ma fureur » v. 11. Toute la prophĂ©tie d’OsĂ©e reporte la pensĂ©e vers JĂ©hu, exĂ©cuteur de la colĂšre de Dieu contre la maison d’Achab, et vers son dernier successeur, Zacharie, qui pĂ©rit de mort violente aprĂšs six mois de rĂšgne. Comme nous l’avons vu au premier chapitre, Dieu ne tient pas compte des successeurs de Zacharie et, cependant, cette parole Je l’ai ĂŽtĂ© dans ma fureur » s’applique Ă  la presque totalitĂ© d’entre eux, car jusqu’au dernier, OsĂ©e, ils meurent de mort violente. v. 12, 13. — L’iniquitĂ© d’ÉphraĂŻm est liĂ©e ensemble ; son pĂ©chĂ© est tenu en rĂ©serve. Les douleurs de celle qui enfante viendront sur lui. C’est un fils qui n’est pas sensĂ©, car au temps de la sortie des enfants, il ne se tint pas lĂ  ». Quand l’Assyrien s’était prĂ©sentĂ© devant JĂ©rusalem, le pieux ÉzĂ©chias avait eu recours au prophĂšte ÉsaĂŻe, en lui disant Ce jour est un jour d’angoisse, et de chĂątiment, et d’opprobre ; car les enfants sont venus jusqu’à la naissance, et il n’y a point de force pour enfanter
 Fais donc monter une priĂšre pour le RĂ©sidu qui se trouve encore » És. 37 3, 4, et Dieu avait rĂ©pondu au roi de Juda — tandis que le pĂ©chĂ© d’ÉphraĂŻm Ă©tait tenu en rĂ©serve. Mais voici que, malgrĂ© tout ce que l’Éternel allait faire contre ÉphraĂŻm, il annonce, sans aucune transition comme toujours Je les dĂ©livrerai de la main du shĂ©ol, je les rachĂšterai de la mort. Ô mort, oĂč sont tes pestes ? Ô shĂ©ol, oĂč est ta destruction ? Le repentir est cachĂ© Ă  mes yeux » v. 14. Oui, quoique ÉphraĂŻm ne se repentĂźt pas, le Seigneur voulait accomplir envers lui son oeuvre de dĂ©livrance. Nouvelle allusion Ă  l’oeuvre libĂ©ratrice de Christ, comme nous l’avons dĂ©jĂ  vu au chap. 6 2. Cette oeuvre, Dieu l’accomplira pour la dĂ©livrance terrestre d’IsraĂ«l, en vertu de la mort et de la rĂ©surrection du Sauveur. Alors aura lieu ce qui est annoncĂ© en ÉsaĂŻe 25 8 Il engloutira la mort en victoire
 et ĂŽtera l’opprobre de son peuple de dessus toute la terre ». Mais cette oeuvre, accomplie pour la dĂ©livrance terrestre d’IsraĂ«l, le sera pour nous, chrĂ©tiens, sur une bien plus vaste Ă©chelle. La rĂ©surrection de Christ est le prĂ©lude de la rĂ©surrection des saints endormis et de la transmutation des saints vivants. Cette dĂ©livrance des saints et de l’Église a le ciel en vue, et non pas la terre. Alors aussi s’accomplira pour nous, d’une maniĂšre absolue et dĂ©finitive, cette merveilleuse promesse — La mort sera engloutie en victoire ». Elle le sera Ă  tout jamais, avant d’ĂȘtre abolie pour toujours. Jusqu’à ce moment la mort a sur les rachetĂ©s une victoire apparente, puisque, quant Ă  leur corps, ils peuvent mourir et ĂȘtre couchĂ©s dans le sĂ©pulcre. Un seul homme, Christ, est aujourd’hui pour toujours hors de son pouvoir, car il l’a vaincue par sa rĂ©surrection. Et nous avons dĂ©jĂ  la victoire par notre Seigneur JĂ©sus Christ. Elle nous est donnĂ©e et nous appartient, ayant Ă©tĂ© donnĂ©e au second Adam, chef de la famille de Dieu, et par consĂ©quent Ă  tous ceux qui font partie de cette famille l Cor. 15 54-57. Dans ce passage la mort est assimilĂ©e au scorpion dont l’aiguillon, le pĂ©chĂ©, introduit son principe destructif dans l’homme. La puissance de l’aiguillon, du pĂ©chĂ©, c’est la loi, son venin, qui fait de la mort un tourment pour l’homme, en lui montrant le sort qu’il mĂ©rite et l’impossibilitĂ© d’y Ă©chapper. Cette dĂ©livrance de la mort et de tout ce qui l’accompagne, nous la possĂ©dons en Christ. Ainsi la dĂ©livrance future d’IsraĂ«l a, comme la nĂŽtre, une mĂȘme origine, un Christ ressuscitĂ©. Elle introduira ce peuple dans une terre purifiĂ©e du pĂ©chĂ© ; mais nous, chrĂ©tiens, dans le ciel, dĂ©livrĂ©s Ă  toujours de la prĂ©sence du pĂ©chĂ© et de la mort. Aux v. 15, 16, le prophĂšte revient au jugement actuel d’ÉphraĂŻm. C’est le dernier grondement du tonnerre. Juda, qui n’est pas mentionnĂ© ici, subira le mĂȘme sort par la main de Babylone, qu’ÉphraĂŻm par celle de l’Assyrien. Mais l’ennemi qui, dans sa haine atroce, a fait tomber les hommes par l’épĂ©e, Ă©crasĂ© les petits enfants, fendu le ventre aux femmes enceintes, trouvera sa rĂ©tribution aprĂšs avoir Ă©tĂ© la verge de Dieu contre IsraĂ«l et contre Juda. On peut rapprocher ce passage de la parole prophĂ©tique sur Édom, mise dans la bouche du RĂ©sidu de Juda qui a suspendu ses harpes aux saules de Babylone Fille de Babylone, qui vas ĂȘtre dĂ©truite, bienheureux qui te rendra la pareille de ce que tu nous as fait ! Bienheureux qui saisira tes petits enfants, et les Ă©crasera contre le roc ! » Ps. 137 8,9. 5 - QUATRIÈME PARTIE Chapitre 14 Repentance et Restauration d’IsraĂ«l. Dans ce chapitre nous assistons Ă  l’heureux dĂ©nouement de toutes les voies de Dieu envers son peuple. Le torrent des reproches est tari, la voix des jugements s’est tue ; l’appel Ă  la repentance trouve enfin un Ă©cho dans le coeur d’IsraĂ«l. Au jour oĂč le prophĂšte les exhortait Ă  la repentance et Ă  la conversion et leur annonçait les bĂ©nĂ©dictions qui en seraient le rĂ©sultat 6 1-3, ils n’y avaient pas pris garde. Maintenant que la dĂ©tresse Ă©tait venue Ă  son comble cf. 5 15, leur oreille Ă©tait enfin ouverte pour Ă©couter la voix de l’Éternel IsraĂ«l, reviens Ă  l’Éternel, ton Dieu, car tu es tombĂ© par ton iniquitĂ©. Prenez avec vous des paroles, et revenez Ă  l’Éternel ; dites-lui Pardonne toute iniquitĂ©, et accepte ce qui est bon, et nous te rendrons les sacrifices de nos lĂšvres » v. 1, 2. IsraĂ«l revient ; il apporte des paroles dont nous trouvons si souvent l’expression dans les Psaumes Ps. 103 2; 130 3; Ps. 51 1-17; 69 30, etc., et qui maintenant sortent de bouches sans fraude. Le pardon complet, le pardon de toute iniquitĂ©, voilĂ  ce que demande le coeur convaincu de pĂ©chĂ© et attirĂ© par la grĂące. Dieu peut accepter ce qui est bon », ce qui est selon lui et selon ses pensĂ©es, la repentance d’un peuple qui vient Ă  Lui confessant ses pĂ©chĂ©s. Ainsi le Seigneur s’associait avec les excellents de la terre » qui venaient au baptĂȘme de la repentance. Mais en les recevant ainsi, Dieu acceptait ce qui Ă©tait bon, un Ă©tat dans lequel le pĂ©chĂ© n’entrait plus pour rien, fruit de l’oeuvre expiatoire de Christ, accomplie Ă  la croix, et que Dieu accepte comme nous justifiant pleinement. S’il en est ainsi, son peuple peut entonner la louange. Il ne s’agit plus pour IsraĂ«l, du sang de taureaux et de boucs, qui ne peut ni ĂŽter son pĂ©chĂ©, ni le faire agrĂ©er de Dieu, mais des sacrifices ou taureaux de ses lĂšvres ». Le fruit de lĂšvres qui bĂ©nissent son nom, le sacrifice de louanges, est la seule offrande Ă  lui prĂ©senter dĂ©sormais, car le sacrifice expiatoire a Ă©tĂ© offert une fois, et a satisfait pour toujours les exigences de la saintetĂ© divine. L’Assyrie ne nous sauvera pas ; nous ne monterons pas sur des chevaux ». IsraĂ«l ne cherche plus la protection d’un monde ennemi, et ne se fie pas Ă  l’énergie de la nature pour Ă©chapper au mal ou pour lui tenir tĂȘte. Nous ne dirons plus Notre Dieu, Ă  l’oeuvre de nos mains ; car, auprĂšs de toi, l’orphelin trouve la misĂ©ricorde » v. 3. Comment les veaux de BĂ©thel seraient-ils encore les idoles du coeur ? DĂ©pourvu de tout appui, de tout secours humain, ce peuple affligĂ©, sans aucun lien qui le rattachĂąt Ă  Dieu, cet orphelin, ce Lo-Ammi et ce Lo-Rukhama, l’a rencontrĂ©, Lui, et les trĂ©sors de son coeur pour des ĂȘtres dĂ©nuĂ©s de tout, un PĂšre au lieu d’un juge, la misĂ©ricorde au lieu du jugement. Ce dernier passĂ©, l’amour seul subsiste. Tout ce passage est bien l’oeuvre de la grĂące dans le coeur, l’histoire de toute Ăąme d’homme, de tout pĂ©cheur, revenant Ă  Dieu par la repentance, que ce soit au jour actuel, aux jours d’autrefois, ou en un temps Ă  venir. Sans tarder v. 4-7, Dieu montre ce qu’Il sera pour eux quand ils auront pris avec eux des paroles pour revenir Ă  Lui Je guĂ©rirai leur abandon de moi, je les aimerai librement, car ma colĂšre s’est dĂ©tournĂ©e d’eux. Je serai pour IsraĂ«l comme la rosĂ©e ; il fleurira comme le lis, et il poussera ses racines comme le Liban » v. 4, 5. Dieu ĂŽtera toutes les consĂ©quences de leur abandon de Lui et remplacera leur misĂšre par les bĂ©nĂ©dictions d’une vie nouvelle. Il pourra les aimer librement ». Cet amour avait toujours existĂ© dans son coeur, car il est l’essence mĂȘme de Dieu, mais avait Ă©tĂ© entravĂ© dans ses manifestations par leur infidĂ©litĂ©, leur duretĂ© de coeur, et les jugements terribles qu’Il avait Ă©tĂ© obligĂ© de leur infliger. Dieu sera pour IsraĂ«l comme la rosĂ©e, un rafraĂźchissement cĂ©leste dont la personne bĂ©nie de Christ sera la source. Son peuple fleurira comme le lis, emblĂšme de grĂące, de beautĂ©, parure glorieuse de la terre. Il poussera ses racines comme le Liban ». Remarquez le rĂŽle du Liban dans toute cette scĂšne. Il est le symbole de la stabilitĂ© du rĂšgne de Christ. Comme les cĂšdres majestueux qui recouvrent cette montagne, ainsi IsraĂ«l Ă©tendra ses racines pour ne plus jamais ĂȘtre abattu ; ainsi ses rejetons s’étendront et sa postĂ©ritĂ© occupera la terre. Mais son parfum sera aussi, comme le Liban, parfaitement agrĂ©able au Roi, son Bien-AimĂ© Cant. 4 10, 11. Enfin leur renommĂ©e sera comme le vin du Liban, source de joie pour le monde entier, d’une joie Ă©tablie sur un rĂšgne consolidĂ© Ă  jamais v. 5, 6, 7. Ils auront encore, dans cette scĂšne nouvelle, la magnificence de l’olivier ». GreffĂ© de nouveau sur son propre tronc, IsraĂ«l paraĂźtra dans la beautĂ© premiĂšre de sa royautĂ© et de sa sacrificature Zach. 4 3 ; Apoc. 11 4 ; symbole de paix pour la terre renouvelĂ©e comme jadis la feuille apportĂ©e par la colombe de NoĂ©, aprĂšs le dĂ©luge Gen. 8 11. Aussi reviendra-t-on s’asseoir sous son ombre » v. 7, et chercher auprĂšs de lui une protection offerte Ă  tous. Ils feront vivre le froment et fleuriront comme la vigne ». Il y aura abondance de fruit cf. 2 22, et une nouvelle floraison de la vigne du Messie dĂ©gageant le parfum du renouveau *. * Notons la prĂ©sence ici de trois arbres, figures d’IsraĂ«l, introduit dans les bĂ©nĂ©dictions millĂ©naires. Ce sont le cĂšdre, l’olivier et la vigne. Le cĂšdre. La montagne du Liban est, comme nous l’avons dit, le symbole de la stabilitĂ© du rĂšgne de Christ ; les cĂšdres qui la couvrent sont la figure d’IsraĂ«l, autrefois dĂ©truit par les nations És. 37 24 maintenant rĂ©tabli dans sa puissance et sa gloire. Ce mĂȘme IsraĂ«l fera partie intĂ©grante de la maison de l’Éternel voyez le temple et la maison du Liban sous Salomon. L’olivier est la figure du RĂ©sidu d’IsraĂ«l, entĂ© de nouveau sur le tronc des Promesses, reçu selon l’élection de grĂące et restaurĂ© aprĂšs la chute des nations. Ce RĂ©sidu formera l’ensemble du peuple sous le sceptre du Messie, aprĂšs la destruction des Juifs apostats. La vigne est l’image d’IsraĂ«l restaurĂ© en vertu de son union vitale avec Christ, le vrai cep ; et capable, aprĂšs avoir Ă©tĂ© jadis dĂ©truit comme une vigne stĂ©rile, de porter dĂ©sormais du fruit pour Dieu. DĂ©tail remarquable Le figuier si souvent mentionnĂ© dans l’Écriture comme symbole de la nation juive est passĂ© ici sous silence, la sentence dĂ©finitive ayant Ă©tĂ© prononcĂ©e sur ce peuple Que jamais aucun fruit ne naisse plus de toi » Matt. 21 19. Cela n’empĂȘche pas le figuier d’ĂȘtre au mĂȘme titre que la vigne un emblĂšme du repos et de la prospĂ©ritĂ© millĂ©naire MichĂ©e 4 4; Zach. 3 10; 1 Rois 4. 25. Telles seront les bĂ©nĂ©dictions millĂ©naires qu’apportera la repentance d’IsraĂ«l. Le v. 8 nous fait assister Ă  un Ă©change dĂ©licieux de pensĂ©es entre l’Éternel et ÉphraĂŻm, genre de conversation souvent prĂ©sentĂ© dans certains Psaumes, que j’ai appelĂ©s, autre part, les Psaumes de communion, et qui montre un accord parfait entre les interlocuteurs. ÉphraĂŻm dira Qu’ai-je plus Ă  faire avec les idoles ? » IsraĂ«l a trouvĂ© le Christ, son Sauveur et son Roi ; les faux dieux ne jouent plus aucun rĂŽle, ni dans son coeur, ni dans sa vie. Il en est toujours ainsi lorsque l’ñme a trouvĂ© un objet qui s’est emparĂ© d’elle et auquel elle attache plus de prix qu’aux misĂ©rables vanitĂ©s de ce monde. Moi, dit le Seigneur, je lui rĂ©pondrai et je le regarderai ». Lui sera le Dieu auquel ÉphraĂŻm aura Ă  faire, son vrai Dieu. J’exaucerai, dit-il, toutes ses demandes ; je l’illuminerai du regard de ma face, selon son dĂ©sir LĂšve sur nous la lumiĂšre de ta face, ĂŽ Éternel ! » Ps. 4 6. Sous ce regard, ÉphraĂŻm dira Moi, je suis comme un cyprĂšs vert ». Le cyprĂšs, dont le feuillage ne se flĂ©trit point, croĂźt sur le Liban avec le cĂšdre, et fait, avec ce dernier, l’ornement du temple de l’Éternel l Rois 5 8, 10; 6 15; 2 Chron. 2 8. StabilitĂ©, tĂ©moignage non interrompu, saintetĂ©, parure incorruptible du sanctuaire, proximitĂ© de l’Éternel ; que de pensĂ©es bĂ©nies Ă©voque ce seul nom ! Et le Messie rĂ©pond De moi provient ton fruit ». Douce, indicible parole finale ! Comme elle convient Ă  son propre coeur et Ă  celui d’IsraĂ«l restaurĂ© ! Christ veut avoir le dernier mot, il se rĂ©jouit en voyant chez son peuple le fruit de sa grĂące. Il verra du fruit du travail de son Ăąme, et sera satisfait » És. 53 11. Toute cette bĂ©nĂ©diction n’a pas d’autre origine. Rien ne vient de l’homme, tout provient de Dieu ! Ah ! comme le coeur de ses bien-aimĂ©s pourra rĂ©pondre dans une adoration muette Toutes mes sources sont en toi ! » Ps. 87 7. Le v. 9 clĂŽt et rĂ©sume toute la prophĂ©tie d’OsĂ©e. Qui est sage ? il comprendra ces choses ; et intelligent ? il les connaĂźtra ; car les voies de l’Éternel sont droites et les justes y marcheront, mais les transgresseurs y tomberont ». N’est-ce pas la conclusion du livre ? Il faut, pour le comprendre, une sagesse et une intelligence donnĂ©es d’en haut, mais que Dieu ne refuse pas aux siens, tandis que les sages de ce monde traitent prĂ©cisĂ©ment ce prophĂšte d’incomprĂ©hensible et d’insensĂ©. Cependant le rĂ©sumĂ©, en est aussi simple, aussi Ă©lĂ©mentaire que possible. Ce sont les voies de Dieu. Elles sont droites, elles sont le chemin du juste et sa sauvegarde. Elles sont la perte et la ruine des transgresseurs, de ceux qui refusent de se soumettre Ă  la volontĂ© de Dieu. 6 - Conclusion Tel est ce livre merveilleux. Dans sa fougue, il attaque inopinĂ©ment les Ăąmes pour les frapper et les convaincre. S’il dĂ©borde Ă  flots pressĂ©s pour manifester le mal, c’est afin d’atteindre les consciences. Un large souffle d’amour passe Ă  travers ces strophes indignĂ©es. La rĂ©vĂ©lation de la personne, de l’oeuvre de Christ y coule, comme un fleuve paisible et souterrain, qui tend au mĂȘme but que les flots tumultueux de la surface. C’est dans ce fleuve que Dieu fait tremper les racines des bĂ©nĂ©dictions futures, mais le mĂ©pris de cette eau vive rend la sentence du Juge irrĂ©missible. Il est impossible, comme nous l’avons dit en commençant, d’étudier OsĂ©e sans le paraphraser, tant les pensĂ©es y sont en apparence distantes et comme Ă©trangĂšres les unes aux autres ; mais le Saint Esprit nous en dĂ©voile les liaisons, et les dĂ©couvertes que nous faisons sous sa direction augmentent encore l’intĂ©rĂȘt de ces admirables chapitres. Sans doute ils n’ont pas, pour nous exprimer ainsi, le courant vaste et majestueux qui caractĂ©rise ÉsaĂŻe plus que tout autre prophĂšte, quoique l’un et l’autre aient l’Assyrien en vue ; le sujet, comme nous l’avons vu, est ici plus restreint. Les nations qu’OsĂ©e met en scĂšne sont uniquement l’Égypte et l’Assyrie ; le peuple a beaucoup plus souvent le caractĂšre d’ÉphraĂŻm que celui de Juda. C’est que l’heure de la rĂ©tribution a sonnĂ© pour les dix tribus, et que plus d’un siĂšcle attendra encore le glas annonçant la fin de la maison de David. AprĂšs les violences de l’orage, entremĂȘlĂ© çà et lĂ  de quelques rayons de soleil, l’oeil finit par se reposer sur la scĂšne paisible dans laquelle le peuple, restaurĂ© par la grĂące, aura retrouvĂ© la communion avec son Dieu, sous le sceptre du Messie
Écoutez« Aucun de nous ne reviendra » de Charlotte Delbo disponible chez Rakuten Kobo. RacontĂ© par Dominique Reymond. Commencez votre essai gratuit de 30 jours aujourd'hui et obtenez votre premier livre audio gratuitement. «[] Il est une gare oĂč ceux-lĂ  qui arrivent sont justement ceux-lĂ  qui part

CHAPITRE TROIS PRÉSENTS DE M. D’ARTAGNAN PÈRE. Le premier lundi du mois d’avril 1626, le bourg de Meung, oĂč naquit l’auteur du Roman de la Rose, semblait ĂȘtre dans une rĂ©volution aussi entiĂšre que si les huguenots en fussent venus faire une seconde Rochelle. Plusieurs bourgeois, voyant s’enfuir les femmes le long de la grande rue, entendant les enfants crier sur le seuil des portes, se hĂątaient d’endosser la cuirasse, et appuyant leur contenance quelque peu incertaine d’un mousquet ou d’une pertuisane, se dirigeaient vers l’hĂŽtellerie du Franc-Meunier, devant laquelle s’empressait, en grossissant de minute en minute, un groupe compacte, bruyant et plein de curiositĂ©. En ce temps-lĂ  les paniques Ă©taient frĂ©quentes, et peu de jours se passaient sans qu’une ville ou l’autre enregistrĂąt sur ses archives quelque Ă©vĂ©nement de ce genre. Il y avait les seigneurs qui guerroyaient entre eux ; il y avait le cardinal qui faisait la guerre au roi et aux seigneurs ; il y avait l’Espagnol qui faisait la guerre aux seigneurs, au cardinal et au roi. Puis, outre ces guerres sourdes ou publiques, secrĂštes ou patentes, il y avait encore les voleurs, les mendiants, les huguenots, les loups et les laquais, qui faisaient la guerre Ă  tout le monde. Les bourgeois s’armaient toujours contre les voleurs, contre les loups, contre les laquais ; — souvent contre les seigneurs et les huguenots ; — quelquefois contre le roi ; — mais jamais contre le cardinal et l’Espagnol. Il rĂ©sulta donc de ces habitudes prises, que ce susdit premier lundi du mois d’avril 1626, les bourgeois entendant du bruit, et ne voyant ni le guidon jaune et rouge, ni la livrĂ©e du duc de Richelieu, se prĂ©cipitĂšrent du cĂŽtĂ© de l’hĂŽtel du Franc-Meunier. ArrivĂ© lĂ , chacun put reconnaĂźtre la cause de cette rumeur. Un jeune homme
 — traçons son portrait d’un seul trait de plume — figurez-vous don Quichotte Ă  dix-huit ans ; don Quichotte dĂ©corcelĂ©, sans haubert et sans cuissard ; don Quichotte revĂȘtu d’un pourpoint de laine, dont la couleur bleue s’était transformĂ©e en une nuance insaisissable de lie de vin et d’azur cĂ©leste. Visage long et brun ; la pommette des joues saillante, signe d’astuce ; les muscles maxillaires Ă©normĂ©ment dĂ©veloppĂ©s, indice infaillible oĂč l’on reconnaĂźt le Gascon, mĂȘme sans bĂ©ret, et notre jeune homme portait un bĂ©ret ornĂ© d’une espĂšce de plume ; l’Ɠil ouvert et intelligent ; le nez crochu, mais finement dessinĂ© ; trop grand pour un adolescent, trop petit pour un homme fait, et qu’un Ɠil exercĂ© eĂ»t pris pour un fils de fermier en voyage, sans la longue Ă©pĂ©e qui, pendue Ă  un baudrier de peau, battait les mollets de son propriĂ©taire, quand il Ă©tait Ă  pied, et le poil hĂ©rissĂ© de sa monture quand il Ă©tait Ă  cheval. Car notre jeune homme avait une monture, et cette monture Ă©tait mĂȘme si remarquable qu’elle fut remarquĂ©e c’était un bidet du BĂ©arn, ĂągĂ© de 12 ou 14 ans, jaune de robe, sans crins Ă  la queue, mais non pas sans javarts aux jambes, et qui, tout en marchant la tĂȘte plus bas que les genoux, ce qui rendait inutile l’application de la martingale, faisait encore galamment ses huit lieues par jour. Malheureusement les qualitĂ©s cachĂ©es de ce cheval Ă©taient si bien cachĂ©es sous son poil Ă©trange et son allure incongrue, que, dans un temps oĂč tout le monde se connaissait en chevaux, l’apparition du susdit bidet Ă  Meung, oĂč il Ă©tait entrĂ©, il y avait un quart d’heure Ă  peu prĂšs, par la porte de Beaugency, produisit une sensation dont la dĂ©faveur rejaillit jusqu’à son cavalier. Et cette sensation avait Ă©tĂ© d’autant plus pĂ©nible au jeune d’Artagnan ainsi s’appelait le don Quichotte de cet autre Rossinante, qu’il ne se cachait pas le cĂŽtĂ© ridicule que lui donnait, si bon cavalier qu’il fĂ»t, une pareille monture. Aussi avait-il fort soupirĂ© en acceptant le don que lui en avait fait M. d’Artagnan pĂšre il n’ignorait pas qu’une pareille bĂȘte valait au moins vingt livres. Il est vrai que les paroles dont le prĂ©sent avait Ă©tĂ© accompagnĂ© n’avaient pas de prix. — Mon fils, avait dit le gentilhomme gascon, dans ce pur patois du BĂ©arn, dont Henri IV n’avait jamais pu parvenir Ă  se dĂ©faire, — mon fils, ce cheval est nĂ© dans la maison de votre pĂšre, il y a tantĂŽt treize ans, et y est restĂ© depuis ce temps-lĂ , ce qui doit vous porter Ă  l’aimer. Ne le vendez jamais, laissez-le mourir tranquillement et honorablement de vieillesse, et si vous faites campagne avec lui, mĂ©nagez-le comme vous mĂ©nageriez un vieux serviteur. À la cour, continua M. d’Artagnan pĂšre, si toutefois vous avez l’honneur d’y aller, honneur auquel, du reste, votre vieille noblesse vous donne des droits, soutenez dignement votre nom de gentilhomme, qui a Ă©tĂ© portĂ© dignement par vos ancĂȘtres depuis plus de cinq cents ans ; pour vous et pour les vĂŽtres, — par les vĂŽtres, j’entends vos parents et vos amis, — ne supportez jamais rien que de M. le cardinal et du roi. C’est par son courage, entendez-vous bien, par son courage seul, qu’un gentilhomme fait son chemin aujourd’hui. Quiconque tremble une seconde laisse peut-ĂȘtre Ă©chapper l’appĂąt que, pendant cette seconde justement, la fortune lui tendait. Vous ĂȘtes jeune, vous devez ĂȘtre brave par deux raisons la premiĂšre, c’est que vous ĂȘtes Gascon, et la seconde, c’est que vous ĂȘtes mon fils. Ne craignez pas les occasions et cherchez les aventures. Je vous ai fait apprendre Ă  manier l’épĂ©e ; vous avez un jarret de fer, un poignet d’acier, battez-vous Ă  tout propos ; battez-vous, d’autant plus que les duels sont dĂ©fendus, et que, par consĂ©quent, il y a deux fois du courage Ă  se battre. Je n’ai, mon fils, Ă  vous donner que quinze Ă©cus, mon cheval et les conseils que vous venez d’entendre. Votre mĂšre y ajoutera la recette d’un certain baume qu’elle tient d’une bohĂ©mienne, et qui a une vertu miraculeuse pour guĂ©rir toute blessure qui n’atteint pas le cƓur. Faites votre profit du tout, et vivez heureusement et longtemps. Je n’ai plus qu’un mot Ă  ajouter, et c’est un exemple que je vous propose, non pas le mien, car je n’ai, moi, jamais paru Ă  la cour, et n’ai fait que les guerres de religion en volontaire je veux parler de M. de TrĂ©ville, qui Ă©tait mon voisin autrefois, et qui a eu l’honneur de jouer tout enfant avec notre roi Louis XIIIe, que Dieu conserve. Quelquefois leurs jeux dĂ©gĂ©nĂ©raient en batailles, et dans ces batailles le roi n’était pas toujours le plus fort. Les coups qu’il en reçut lui donnĂšrent beaucoup d’estime et d’amitiĂ© pour M. de TrĂ©ville. Plus tard M. de TrĂ©ville se battit contre d’autres dans son premier voyage Ă  Paris, cinq fois ; depuis la mort du feu roi jusqu’à la majoritĂ© du jeune, sans compter les guerres et les siĂ©ges, sept fois ; et depuis cette majoritĂ© jusqu’aujourd’hui, cent fois peut-ĂȘtre ! — Aussi, malgrĂ© les Ă©dits, les ordonnances et les arrĂȘts, le voilĂ  capitaine des mousquetaires, c’est-Ă -dire chef d’une lĂ©gion de CĂ©sars dont le roi fait un trĂšs grand cas, et que M. le cardinal redoute, lui qui ne redoute pas grand’chose, comme chacun sait. De plus, M. de TrĂ©ville gagne dix mille Ă©cus par an ; c’est donc un fort grand seigneur. — Il a commencĂ© comme vous ; allez le voir avec cette lettre, et rĂ©glez-vous sur lui, afin de faire comme lui. » Sur quoi M. d’Artagnan pĂšre remit Ă  son fils une lettre qu’il avait prĂ©parĂ©e, lui ceignit sa propre Ă©pĂ©e, l’embrassa tendrement sur les deux joues et lui donna sa bĂ©nĂ©diction. En sortant de la chambre paternelle, le jeune homme trouva sa mĂšre qui l’attendait avec la fameuse recette dont les conseils que nous venons de rapporter devaient nĂ©cessiter un assez frĂ©quent emploi. Les adieux furent de ce cĂŽtĂ© plus longs et plus tendres qu’ils ne l’avaient Ă©tĂ© de l’autre, non pas que M. d’Artagnan n’aimĂąt son fils, qui Ă©tait sa seule progĂ©niture, mais M. d’Artagnan Ă©tait un homme, et il eĂ»t regardĂ© comme indigne d’un homme de se laisser aller Ă  son Ă©motion, tandis que Mme d’Artagnan Ă©tait femme et de plus, Ă©tait mĂšre. — Elle pleura abondamment, et, disons-le Ă  la louange de M. d’Artagnan fils, quelques efforts qu’il tentĂąt pour rester ferme comme devait l’ĂȘtre un futur mousquetaire, la nature l’emporta, et il versa force larmes, dont il parvint Ă  grand’peine Ă  cacher la moitiĂ©. Le mĂȘme jour le jeune homme se mit en route, muni des trois prĂ©sents paternels, et qui se composaient, comme nous l’avons dit, de quinze Ă©cus, du cheval et de la lettre pour M. de TrĂ©ville ; comme on le pense bien, les conseils avaient Ă©tĂ© donnĂ©s par-dessus le marchĂ©. Avec un pareil vade mecum, d’Artagnan se trouva, au moral comme au physique, une copie exacte du hĂ©ros de Cervantes, auquel nous l’avons si heureusement comparĂ© lorsque nos devoirs d’historien nous ont fait une nĂ©cessitĂ© de tracer son portrait. Don Quichotte prenait les moulins Ă  vent pour des gĂ©ants et les moutons pour des armĂ©es ; Artagnan prit chaque sourire pour une insulte et chaque regard pour une provocation. Il en rĂ©sulta qu’il eut toujours le poing fermĂ© depuis Tarbes jusqu’à Meung, et que l’un dans l’autre il porta la main au pommeau de son Ă©pĂ©e dix fois par jour ; toutefois, le poing ne descendit sur aucune mĂąchoire, et l’épĂ©e ne sortit point de son fourreau. Ce n’est pas que la vue du malencontreux bidet jaune n’épanouĂźt bien des sourires sur les visages des passants ; mais, comme au-dessus du bidet sonnait une Ă©pĂ©e de taille respectable et qu’au-dessus de cette Ă©pĂ©e brillait un Ɠil plutĂŽt fĂ©roce que fier, les passants rĂ©primaient leur hilaritĂ©, ou si l’hilaritĂ© l’emportait sur la prudence, ils tĂąchaient au moins de ne rire que d’un seul cĂŽtĂ©, comme les masques antiques. D’Artagnan demeura donc majestueux et intact dans sa susceptibilitĂ© jusqu’à cette malheureuse ville de Meung. Mais lĂ , comme il descendait de cheval Ă  la porte du Franc-Meunier sans que personne, hĂŽte, garçon ou palefrenier, fĂ»t venu lui tenir l’étrier, d’Artagnan avisa Ă  une fenĂȘtre entrouverte du rez-de-chaussĂ©e un gentilhomme de belle taille et de haute mine, quoique au visage lĂ©gĂšrement renfrognĂ©, lequel causait avec deux personnes qui paraissaient l’écouter avec dĂ©fĂ©rence. D’Artagnan crut tout naturellement, selon son habitude, ĂȘtre l’objet de la conversation et tendit l’oreille. Cette fois d’Artagnan ne s’était trompĂ© qu’à moitiĂ© ce n’était pas de lui qu’il Ă©tait question, mais de son cheval. Le gentilhomme paraissait Ă©numĂ©rer Ă  ses auditeurs toutes les qualitĂ©s de l’animal, et comme, ainsi que je l’ai dit, les auditeurs paraissaient avoir une grande dĂ©fĂ©rence pour le narrateur, ils Ă©clataient de rire Ă  tout moment. Or, comme un demi-sourire suffisait pour Ă©veiller l’irascibilitĂ© du jeune homme, on comprend quel effet produisit sur lui tant de bruyante hilaritĂ©. Cependant d’Artagnan voulut d’abord se rendre compte de la physionomie de l’impertinent qui se moquait de lui. Il fixa son regard fier sur l’étranger, et reconnut un homme de quarante Ă  quarante-cinq ans, aux yeux sombres et perçants, au teint pĂąle, au nez fortement accentuĂ©, Ă  la moustache noire et parfaitement taillĂ©e il Ă©tait vĂȘtu d’un pourpoint et d’un haut-de-chausses violet avec des aiguillettes de mĂȘme couleur, sans aucun ornement que les crevĂ©s habituels par lesquels passait la chemise. Ce haut-de-chausses et ce pourpoint, quoique neufs, paraissaient froissĂ©s comme des habits de voyage longtemps renfermĂ©s dans un porte-manteau. D’Artagnan fit toutes ces remarques avec la rapiditĂ© de l’observateur le plus minutieux, et sans doute par un sentiment instinctif qui lui disait que cet inconnu devait avoir une grande influence sur sa vie Ă  venir. Or, comme au moment oĂč d’Artagnan fixait son regard sur le gentilhomme au pourpoint violet, le gentilhomme faisait Ă  l’endroit du bidet bĂ©arnais une de ses plus savantes et de ses plus profondes dĂ©monstrations, ses deux auditeurs Ă©clatĂšrent de rire, et lui-mĂȘme laissa visiblement, contre son habitude, errer, si l’on peut parler ainsi, un pĂąle sourire sur son visage. Cette fois, il n’y avait plus de doute d’Artagnan Ă©tait rĂ©ellement insultĂ©. Aussi, plein de cette conviction, enfonça-t-il son bĂ©ret sur ses yeux, et, tĂąchant de copier quelques-uns des airs de cour qu’il avait surpris en Gascogne chez des seigneurs en voyage, il s’avança une main sur la garde de son Ă©pĂ©e et l’autre appuyĂ©e sur la hanche. Malheureusement, au fur et Ă  mesure qu’il avançait, la colĂšre l’aveuglait de plus en plus, et au lieu du discours digne et hautain qu’il avait prĂ©parĂ© pour formuler sa provocation, il ne trouva plus au bout de sa langue qu’une personnalitĂ© grossiĂšre qu’il accompagna d’un geste furieux. — Eh ! monsieur, s’écria-t-il, monsieur, qui vous cachez derriĂšre ce volet ; oui, vous ! dites-moi donc un peu de quoi vous riez, et nous rirons ensemble. Le gentilhomme amena lentement les yeux de la monture au cavalier, comme s’il lui eĂ»t fallu un certain temps pour comprendre que c’était Ă  lui que s’adressaient de si Ă©tranges paroles ; puis, lorsqu’il ne put plus conserver aucun doute, ses sourcils se froncĂšrent, et, aprĂšs une longue pause, avec un accent d’ironie et d’insolence impossible Ă  dĂ©crire, il rĂ©pondit Ă  d’Artagnan — Je ne vous parle pas, monsieur ! — Mais je vous parle, moi ! s’écria le jeune homme exaspĂ©rĂ© de ce mĂ©lange d’insolence et de bonnes maniĂšres, de convenance et de dĂ©dain. L’inconnu le regarda encore un instant avec son lĂ©ger sourire, et se retirant de la fenĂȘtre, sortit lentement de l’hĂŽtellerie pour venir, Ă  deux pas de d’Artagnan, se planter en face du cheval. Sa contenance tranquille et sa physionomie railleuse avaient redoublĂ© l’hilaritĂ© de ceux avec lesquels il causait, et qui, eux, Ă©taient restĂ©s Ă  la fenĂȘtre. D’Artagnan, le voyant Ă  sa portĂ©e, tira son Ă©pĂ©e d’un pied hors du fourreau. — Ce cheval est dĂ©cidĂ©ment ou plutĂŽt a Ă©tĂ© dans sa jeunesse bouton d’or, reprit l’inconnu, continuant les investigations commencĂ©es et s’adressant Ă  ses auditeurs de la fenĂȘtre, sans paraĂźtre aucunement remarquer l’exaspĂ©ration de d’Artagnan. C’est une couleur fort connue en botanique, mais jusqu’à prĂ©sent fort rare chez les chevaux. — Tel rit du cheval qui n’oserait pas rire du maĂźtre ! s’écria l’émule de TrĂ©ville, furieux. — Je ne ris pas souvent, monsieur, reprit l’inconnu, ainsi que vous pouvez le voir vous-mĂȘme Ă  l’air de mon visage ; mais je tiens cependant Ă  conserver le privilĂ©ge de rire quand il me plaĂźt. — Et moi, s’écria d’Artagnan, je ne veux pas qu’on rie quand il me dĂ©plaĂźt, et surtout quand c’est Ă  mes dĂ©pens qu’on rit. — En vĂ©ritĂ©, monsieur ? continua l’inconnu, plus calme que jamais. Eh bien ! c’est parfaitement juste ; et, tournant sur ses talons, il s’apprĂȘta Ă  rentrer dans l’hĂŽtellerie par la grande porte, sous laquelle en arrivant d’Artagnan avait remarquĂ© un cheval tout sellĂ©. Mais d’Artagnan n’était pas de caractĂšre Ă  lĂącher ainsi un homme qui avait eu l’insolence de se moquer de lui. Il tira son Ă©pĂ©e entiĂšrement du fourreau et se mit Ă  sa poursuite en criant — Tournez, tournez donc, monsieur le railleur, que je ne vous frappe point par derriĂšre ! — Me frapper, moi ! dit l’autre en pivotant sur ses talons et en regardant le jeune homme avec autant d’étonnement que de mĂ©pris. Allons donc, mon cher, vous ĂȘtes fou ! Puis, Ă  demi-voix, et comme s’il se fĂ»t parlĂ© Ă  lui-mĂȘme quelle trouvaille pour Sa MajestĂ©, qui cherche des braves de tous cĂŽtĂ©s pour recruter ses mousquetaires ! Il est fĂącheux, continua-t-il, qu’elle ne connaisse pas celui-lĂ . Il achevait Ă  peine, que d’Artagnan lui allongea un si furieux coup de pointe, que, s’il n’eĂ»t fait vivement un bond en arriĂšre, il est probable qu’il eĂ»t plaisantĂ© pour la derniĂšre fois. L’inconnu vit alors que la chose passait la raillerie, tira son Ă©pĂ©e, salua son adversaire et se mit gravement en garde. Mais au mĂȘme moment ses deux auditeurs, accompagnĂ©s de l’hĂŽte, tombĂšrent sur d’Artagnan Ă  grands coups de bĂątons, de pelles et de pincettes. Cela fit une diversion si rapide et si complĂšte Ă  l’attaque, que l’adversaire de d’Artagnan, pendant que celui-ci se retournait pour faire face Ă  cette grĂȘle de coups, rengaĂźnait avec la mĂȘme prĂ©cision, et d’acteur qu’il avait manquĂ© d’ĂȘtre, redevenait spectateur du combat, rĂŽle dont il s’acquitta avec son impartialitĂ© ordinaire, tout en marmottant nĂ©anmoins — La peste soit des Gascons ! Remettez-le sur son cheval orange, et qu’il s’en aille. — Pas avant de t’avoir tuĂ©, lĂąche ! criait d’Artagnan, tout en faisant face du mieux qu’il pouvait et sans reculer d’un pas Ă  ses trois ennemis, qui le moulaient de coups. — Encore une rodomontade, murmura le gentilhomme. Sur mon honneur, ces Gascons sont incorrigibles. Continuez donc la danse, puisqu’il le veut absolument. Quand il sera las, il dira qu’il en a assez. Mais l’inconnu ne savait pas Ă  quel genre d’entĂȘtĂ© il avait affaire d’Artagnan n’était pas homme Ă  jamais demander merci. Le combat continua donc quelques minutes encore ; cependant d’Artagnan, Ă©puisĂ©, laissa Ă©chapper son Ă©pĂ©e, qu’un coup de bĂąton brisa en deux morceaux ; enfin un autre coup lui entama le front et le renversa en mĂȘme temps tout sanglant et presque Ă©vanoui. C’est Ă  ce moment que de tous cĂŽtĂ©s on accourut sur le lieu de la scĂšne ; mais l’hĂŽte, craignant du scandale, emporta avec l’aide de ses garçons le blessĂ© dans la cuisine, oĂč quelques soins lui furent accordĂ©s. Quant au gentilhomme, il Ă©tait revenu prendre sa place Ă  sa fenĂȘtre, et regardait avec une certaine impatience toute cette foule qui semblait, en demeurant lĂ , lui causer une vive contrariĂ©tĂ©. — Eh bien ! comment va cet enragĂ© ? demanda-t-il en se retournant au bruit de la porte qui s’ouvrait et en s’adressant Ă  l’hĂŽte, qui venait s’informer de sa santĂ©. — Votre Excellence est saine et sauve ? demanda l’hĂŽte. — Oui, parfaitement saine et sauve, mon cher hĂŽtelier, et c’est moi qui vous demande ce qu’est devenu notre jeune homme. — Il va mieux, dit l’hĂŽte, il s’est Ă©vanoui tout Ă  fait. — Vraiment, fit le gentilhomme. — Mais avant de s’évanouir, il a rassemblĂ© toutes ses forces pour vous appeler et vous dĂ©fier en vous appelant. — Mais c’est donc le diable en personne, que ce gaillard-lĂ , s’écria l’inconnu. — Oh ! non, Votre Excellence ; ce n’est pas le diable, reprit l’hĂŽte avec une grimace de mĂ©pris, car pendant son Ă©vanouissement nous l’avons fouillĂ©, et il n’a dans son paquet qu’une chemise, et dans sa bourse que onze Ă©cus, ce qui ne l’a pas empĂȘchĂ© de dire en s’évanouissant que si pareille chose Ă©tait arrivĂ©e Ă  D’Artagnan. Paris, vous vous en repentiriez tout de suite, tandis que, la chose Ă©tant arrivĂ©e ici, vous ne vous en repentirez que plus tard. — Alors, dit froidement l’inconnu, c’est quelque prince du sang dĂ©guisĂ©. — Je vous dis cela, mon gentilhomme, reprit l’hĂŽte, afin que, si besoin est, vous vous teniez sur vos gardes. — Et il n’a nommĂ© personne dans sa colĂšre ? — Si fait, il frappait sur sa poche, et il disait — Nous verrons ce que M. de TrĂ©ville pensera de cette insulte faite Ă  son protĂ©gĂ©. — M. de TrĂ©ville, dit l’inconnu en devenant attentif ; il frappait sur sa poche en prononçant le nom de M. de TrĂ©ville !
 Voyons, mon cher hĂŽte, pendant que votre jeune homme Ă©tait Ă©vanoui, vous n’avez pas Ă©tĂ©, j’en suis bien sĂ»r, sans regarder aussi dans cette poche-lĂ . Qu’y avait-il ? — Une lettre adressĂ©e Ă  M. de TrĂ©ville, capitaine des mousquetaires. — En vĂ©ritĂ© ? — C’est comme j’ai l’honneur de vous le dire, Excellence. L’hĂŽte, qui n’était pas douĂ© d’une grande perspicacitĂ©, ne remarqua point l’expression que ses paroles avaient donnĂ©e Ă  la physionomie de l’inconnu. Celui-ci quitta le rebord de la croisĂ©e sur lequel il Ă©tait toujours restĂ© appuyĂ© du bout du coude, et fronça le sourcil en homme inquiet. — Diable ! murmura-t-il entre ses dents ; TrĂ©ville m’aurait-il envoyĂ© ce gascon. Il est bien jeune ! Mais un coup d’épĂ©e est un coup d’épĂ©e, quel que soit l’ñge de celui qui le donne, et l’on se dĂ©fie moins d’un enfant que de tout autre ; il suffit parfois d’un faible obstacle pour contrarier un grand dessein. Et l’inconnu tomba dans une rĂ©flexion qui dura quelques minutes. — Voyons, l’hĂŽte, dit-il, est-ce que vous ne me dĂ©barrasserez pas de ce frĂ©nĂ©tique ? En conscience, je ne puis le tuer, et cependant, ajouta-t-il avec une expression froidement menaçante, cependant il me gĂȘne. OĂč est-il ? — Dans la chambre de ma femme, oĂč on le panse, au premier Ă©tage. — Ses hardes et son sac sont avec lui ? Il n’a pas quittĂ© son pourpoint ? — Tout cela, au contraire, est en bas, dans la cuisine. Mais puisqu’il vous gĂȘne, ce jeune fou
 — Sans doute. Il cause dans votre hĂŽtellerie un scandale auquel d’honnĂȘtes gens ne sauraient s’associer. Montez chez vous, faites mon compte et avertissez mon laquais. — Quoi ! monsieur nous quitte dĂ©jĂ  ? — Vous le savez bien, puisque je vous avais donnĂ© l’ordre de seller mon cheval. Ne m’a-t-on point obĂ©i ? — Si fait, et comme Votre Excellence a pu le voir, son cheval est sous la grande porte, tout appareillĂ© pour partir. — C’est bien, faites ce que je vous ai dit alors. — Ouais ! se dit l’hĂŽte, aurait-il peur du petit garçon ? Mais un coup d’Ɠil impĂ©ratif de l’inconnu vint l’arrĂȘter court. Il salua humblement et sortit. — Il ne faut pas que milady[1] soit aperçue de ce drĂŽle, continua l’étranger elle ne doit pas tarder Ă  passer ; dĂ©jĂ  mĂȘme elle est en retard. DĂ©cidĂ©ment mieux vaut que je monte Ă  cheval et que j’aille au-devant d’elle
 Si seulement je pouvais savoir ce que contient cette lettre adressĂ©e Ă  TrĂ©ville ! Et l’inconnu, tout en marmottant, se dirigea vers la cuisine. Pendant ce temps l’hĂŽte, qui ne doutait pas que ce ne fĂ»t la prĂ©sence du jeune garçon qui chassĂąt l’inconnu de son hĂŽtellerie, Ă©tait remontĂ© chez sa femme et avait trouvĂ© d’Artagnan maĂźtre enfin de ses esprits. Alors, tout en lui faisant comprendre que la police pourrait bien lui faire un mauvais parti pour avoir Ă©tĂ© chercher querelle Ă  un grand seigneur, car, Ă  l’avis de l’hĂŽte, l’inconnu ne pouvait ĂȘtre qu’un grand seigneur, il le dĂ©termina, malgrĂ© sa faiblesse, Ă  se lever et Ă  continuer son chemin. D’Artagnan, Ă  moitiĂ© abasourdi, sans pourpoint et la tĂȘte tout emmaillotĂ©e de linges, se leva donc, et poussĂ© par l’hĂŽte, commença de descendre ; mais en arrivant Ă  la cuisine, la premiĂšre chose qu’il aperçut fut son provocateur qui causait tranquillement au marchepied d’un lourd carrosse attelĂ© de deux gros chevaux normands. Son interlocutrice, dont la tĂȘte apparaissait encadrĂ©e par la portiĂšre, Ă©tait une femme de vingt Ă  vingt-deux ans. Nous avons dĂ©jĂ  dit avec quelle rapiditĂ© d’investigation d’Artagnan embrassait toute une physionomie ; il vit donc du premier coup d’Ɠil que la femme Ă©tait jeune et belle. Or, cette beautĂ© le frappa d’autant plus qu’elle Ă©tait parfaitement Ă©trangĂšre aux pays mĂ©ridionaux que jusque-lĂ  d’Artagnan avait habitĂ©s. C’était une pĂąle et blonde personne, aux longs cheveux bouclĂ©s, tombant sur ses Ă©paules, aux grands yeux bleus languissants, aux lĂšvres rosĂ©es et aux mains d’albĂątre ; elle causait trĂšs vivement avec l’inconnu. — Ainsi, Son Éminence m’ordonne
 disait la dame. — De retourner Ă  l’instant mĂȘme en Angleterre, et de la prĂ©venir directement si le duc quittait Londres, ou l’avait dĂ©jĂ  quittĂ©. — Et quant Ă  mes autres instructions ? demanda la belle voyageuse. — Elles sont renfermĂ©es dans cette boĂźte, que vous n’ouvrirez que de l’autre cĂŽtĂ© de la Manche. — TrĂšs-bien ; et vous, que faites-vous ? — Moi, je retourne Ă  Paris. — Sans chĂątier cet insolent petit garçon ? demanda la dame. L’inconnu allait rĂ©pondre, mais au moment oĂč il ouvrait la bouche, d’Artagnan, qui avait tout entendu, s’élança sur le seuil de la porte. — C’est cet insolent petit garçon qui chĂątie les autres, s’écria-t-il, et j’espĂšre bien que cette fois-ci celui qu’il doit chĂątier ne lui Ă©chappera pas comme la premiĂšre. — Ne lui Ă©chappera pas ? reprit l’inconnu en fronçant le sourcil. — Non, devant une femme, vous n’oseriez pas fuir, je prĂ©sume. — Songez, s’écria milady en voyant le gentilhomme porter la main Ă  son Ă©pĂ©e, songez que le moindre retard peut tout perdre. — Vous avez raison, s’écria le gentilhomme ; partez donc de votre cĂŽtĂ©, moi je pars du mien. Et saluant la dame d’un signe de tĂȘte, il s’élança sur son cheval tandis que le cocher du carrosse fouettait vigoureusement son attelage. Les deux interlocuteurs partirent donc au galop, s’éloignant chacun par un cĂŽtĂ© opposĂ© de la rue. — Eh ! votre dĂ©pense, vocifĂ©ra l’hĂŽte, dont l’affection pour son voyageur se changeait en un profond dĂ©dain en voyant qu’il s’éloignait sans solder ses comptes. — Paie, maroufle, s’écria le voyageur toujours galopant, Ă  son laquais, lequel jeta aux pieds de l’hĂŽte deux ou trois piĂšces d’argent et se mit Ă  galoper aprĂšs son maĂźtre. — Ah ! lĂąche, ah ! misĂ©rable, ah ! faux gentilhomme ! cria d’Artagnan s’élançant Ă  son tour aprĂšs le laquais. Mais le blessĂ© Ă©tait trop faible encore pour supporter une pareille secousse. À peine eut-il fait dix pas que ses oreilles tintĂšrent, qu’un Ă©blouissement le prit, qu’un nuage de sang passa sur ses yeux et qu’il tomba au milieu de la rue en criant encore — LĂąche ! lĂąche ! lĂąche ! — Il est, en effet, bien lĂąche, murmura l’hĂŽte en s’approchant de d’Artagnan, et essayant par cette flatterie de se raccommoder avec le pauvre gascon, comme le hĂ©ron de la fable avec son limaçon du soir. — Oui, bien lĂąche, murmura d’Artagnan, mais elle, bien belle ! — Qui elle ? demanda l’hĂŽte. — Milady, balbutia d’Artagnan qui avait entendu le gentilhomme prononcer ce nom, et il s’évanouit une seconde fois. — C’est Ă©gal, dit l’hĂŽte, j’en perds deux, mais il me reste celui-lĂ , que je suis sĂ»r de conserver au moins quelques jours. C’est toujours onze Ă©cus de gagnĂ©s. On sait que onze Ă©cus faisaient juste la somme qui restait dans la bourse de d’Artagnan. L’hĂŽte avait comptĂ©, comme on voit, sur onze jours de maladie Ă  un Ă©cu par jour ; mais il avait comptĂ© sans son voyageur. Le lendemain, dĂšs cinq heures du matin, d’Artagnan se leva, descendit lui-mĂȘme Ă  la cuisine, demanda, outre quelques autres ingrĂ©dients dont la liste n’est pas parvenue jusqu’à nous, du vin, de l’huile, du romarin, et, la recette de sa mĂšre Ă  la main, se composa un baume dont il oignit ses nombreuses blessures, renouvelant ses compresses lui-mĂȘme et ne voulant admettre l’adjonction d’aucun mĂ©decin. GrĂące sans doute Ă  l’efficacitĂ© du baume de BohĂȘme, et peut-ĂȘtre aussi grĂące Ă  l’absence de tout docteur, d’Artagnan se trouva sur pied dĂšs le soir mĂȘme, et Ă  peu prĂšs guĂ©ri le lendemain. Mais au moment de payer ce romarin, cette huile et ce vin, seule dĂ©pense du maĂźtre qui avait gardĂ© une diĂšte absolue, tandis qu’au contraire le cheval jaune, au dire de l’hĂŽtelier du moins, avait mangĂ© trois fois plus qu’on n’eĂ»t raisonnablement pu le supposer pour sa taille, d’Artagnan ne trouva plus dans sa poche que sa petite bourse de velours rĂąpĂ© ainsi que les onze Ă©cus qu’elle contenait ; mais quant Ă  la lettre adressĂ©e Ă  M. de TrĂ©ville, elle avait disparu. Le jeune homme commença par chercher cette lettre avec une grande patience, tournant et retournant vingt fois ses poches et ses goussets, fouillant et refouillant dans son sac, ouvrant et refermant sa bourse ; mais lorsqu’il eut acquis la conviction que la lettre Ă©tait introuvable, il entra dans un troisiĂšme accĂšs de rage, qui faillit lui occasionner une nouvelle consommation de vin et d’huile aromatisĂ©s, car en voyant cette jeune mauvaise tĂȘte s’échauffer et menacer de tout casser dans l’établissement si l’on ne retrouvait pas sa lettre, l’hĂŽte s’était dĂ©jĂ  saisi d’un Ă©pieu, sa femme d’un manche Ă  balai, et son garçon des mĂȘmes bĂątons qui avaient servi la surveille. — Ma lettre de recommandation ! s’écriait d’Artagnan, ma lettre de recommandation, ou sangdieu je vous embroche tous comme des ortolans. Malheureusement une circonstance s’opposait Ă  ce que le jeune homme accomplĂźt sa menace c’est que, comme nous l’avons dit, son Ă©pĂ©e avait Ă©tĂ©, dans sa premiĂšre lutte, brisĂ©e en deux morceaux, ce qu’il avait parfaitement oubliĂ©. Il en rĂ©sulta que lorsque d’Artagnan voulut, en effet, dĂ©gaĂźner, il se trouva purement et simplement armĂ© d’un tronçon d’épĂ©e de huit ou dix pouces Ă  peu prĂšs, que l’hĂŽte avait soigneusement renfoncĂ© dans le fourreau. Quant au reste de la lame, le chef l’avait adroitement dĂ©tournĂ© pour s’en faire une lardoire. Cependant cette dĂ©ception n’eĂ»t probablement pas arrĂȘtĂ© notre fougueux jeune homme, si l’hĂŽte n’avait rĂ©flĂ©chi que la rĂ©clamation que lui adressait son voyageur Ă©tait parfaitement juste. — Mais, au fait, dit-il en abaissant son Ă©pieu, oĂč est cette lettre ? — Oui, oĂč est cette lettre ? cria d’Artagnan. D’abord, je vous en prĂ©viens, cette lettre est pour M. de TrĂ©ville, et il faut qu’elle se retrouve, ou si elle ne se retrouve pas, il saura bien la faire retrouver, lui ! Cette menace acheva d’intimider l’hĂŽte. AprĂšs le roi et M. le cardinal, M. de TrĂ©ville Ă©tait l’homme dont le nom peut-ĂȘtre Ă©tait le plus souvent rĂ©pĂ©tĂ© par les militaires et mĂȘme par les bourgeois. Il y avait bien le pĂšre Joseph, c’est vrai, mais son nom, Ă  lui, n’était jamais prononcĂ© que tout bas, tant Ă©tait grande la terreur qu’inspirait l’éminence grise, comme on appelait alors le familier du cardinal. Aussi, jetant son Ă©pieu loin de lui, et ordonnant Ă  sa femme d’en faire autant de son manche Ă  balai et Ă  ses valets de leurs bĂątons, il donna le premier l’exemple en se mettant lui-mĂȘme Ă  la recherche de la lettre perdue. — Est-ce que cette lettre renfermait quelque chose de prĂ©cieux ? demanda l’hĂŽte au bout d’un instant d’investigations inutiles. — Mordioux ! je le crois bien, s’écria le Gascon, qui comptait sur cette lettre pour faire son chemin Ă  la cour ; elle contenait ma fortune. — Des bons sur l’Espagne ? demanda l’hĂŽte inquiet. — Des bons sur la trĂ©sorerie particuliĂšre de Sa MajestĂ©, rĂ©pondit d’Artagnan, qui, comptant entrer au service du roi grĂące Ă  cette recommandation, croyait pouvoir faire sans mentir cette rĂ©ponse quelque peu hasardĂ©e. — Diable ! fit l’hĂŽte tout Ă  fait dĂ©sespĂ©rĂ©. — Mais il n’importe, continua d’Artagnan avec l’aplomb national, il n’importe, l’argent n’est rien, et cette lettre Ă©tait tout. J’eusse mieux aimĂ© perdre mille pistoles que de la perdre. Il ne risquait pas davantage Ă  dire vingt mille, mais une certaine pudeur juvĂ©nile le retint. Un trait de lumiĂšre frappa tout Ă  coup l’esprit de l’hĂŽte qui se donnait au diable, ne trouvant rien. — Cette lettre ne s’est point perdue, s’écria-t-il. — Ah ! fit d’Artagnan. — Non elle vous a Ă©tĂ© prise. — Prise ! et par qui ? — Par le gentilhomme d’hier. Il est descendu Ă  la cuisine oĂč Ă©tait votre pourpoint. Il y est restĂ© seul. Je gagerais que c’est lui qui l’a volĂ©e. — Vous croyez ? rĂ©pondit d’Artagnan peu convaincu ; car il savait mieux que personne l’importance toute personnelle de cette lettre, et n’y voyait rien qui pĂ»t tenter la cupiditĂ©. Le fait est qu’aucun des valets, aucun des voyageurs prĂ©sents n’eĂ»t rien gagnĂ© Ă  possĂ©der ce papier. — Vous dites donc, reprit d’Artagnan, que vous soupçonnez cet impertinent gentilhomme. — Je vous dis que j’en suis sĂ»r, continua l’hĂŽte ; lorsque je lui ai annoncĂ© que votre seigneurie Ă©tait le protĂ©gĂ© de M. de TrĂ©ville et que vous aviez mĂȘme une lettre pour cet illustre gentilhomme, il a paru fort inquiet, m’a demandĂ© oĂč Ă©tait cette lettre, et est descendu immĂ©diatement Ă  la cuisine oĂč il savait qu’était votre pourpoint. — Alors, voilĂ  mon voleur trouvĂ©, rĂ©pondit d’Artagnan, je m’en plaindrai Ă  M. de TrĂ©ville, et M. de TrĂ©ville s’en plaindra au roi. Puis il tira majestueusement deux Ă©cus de sa poche, les donna Ă  l’hĂŽte, qui l’accompagna, le chapeau Ă  la main, jusqu’à la porte, remonta sur son cheval jaune, qui le conduisit sans autre accident jusqu’à la porte Saint-Antoine, Ă  Paris, oĂč, malgrĂ© la recommandation paternelle, son propriĂ©taire le vendit trois Ă©cus, ce qui Ă©tait fort bien payĂ©, attendu que d’Artagnan l’avait fort surmenĂ© pendant la derniĂšre Ă©tape. Aussi le maquignon auquel d’Artagnan le cĂ©da moyennant les neuf livres susdites ne cacha-t-il point au jeune homme qu’il n’en donnait cette somme exorbitante qu’à cause de l’originalitĂ© de sa couleur. D’Artagnan entra donc dans Paris Ă  pied, portant son petit paquet sous son bras, et marcha jusqu’à ce qu’il trouvĂąt Ă  louer une chambre qui convĂźnt Ă  l’exiguitĂ© de ses ressources. Cette chambre fut une espĂšce de mansarde, sise rue des Fossoyeurs, prĂšs le Luxembourg. AussitĂŽt le denier Ă  Dieu donnĂ©, d’Artagnan prit possession de son logement, passa le reste de la journĂ©e Ă  coudre Ă  son pourpoint et Ă  ses chausses des passementeries que sa mĂšre avait dĂ©tachĂ©es d’un pourpoint presque neuf de M. d’Artagnan pĂšre, et qu’elle lui avait donnĂ©es en cachette ; puis, il alla quai de la Ferraille faire remettre une lame Ă  son Ă©pĂ©e ; aprĂšs quoi il revint au Louvre s’informer, au premier mousquetaire qu’il rencontra, de la situation de l’hĂŽtel de M. de TrĂ©ville. Cet hĂŽtel Ă©tait situĂ© rue du Vieux-Colombier, c’est-Ă -dire justement dans le voisinage de la chambre arrĂȘtĂ©e par d’Artagnan ; circonstance qui lui parut d’un heureux augure pour le succĂšs de son voyage. Alors entiĂšrement satisfait de la façon dont il s’était conduit Ă  Meung, sans remords dans le passĂ©, confiant dans le prĂ©sent et plein d’espĂ©rance dans l’avenir, il se coucha et s’endormit du sommeil du brave. Ce sommeil, tout provincial encore, le conduisit jusqu’à neuf heures du matin, heure Ă  laquelle il se leva pour se rendre chez ce fameux M. de TrĂ©ville, le troisiĂšme personnage du royaume d’aprĂšs l’estimation paternelle. ↑ Nous savons trĂšs bien que cette locution de milady n’est usitĂ©e qu’autant qu’elle est suivie du nom de famille. Mais nous la trouvons ainsi dans le manuscrit, et nous ne voulons point prendre sur nous de la changer.

LeChapitre 70 s'intitule "L'odyssĂ©e d'Usopp le brave". Luffy, Zoro, Nami, Usopp et Sanji sont tous les cinq habillĂ©s comme des samouraĂŻs. Ils ont tous un katana chacun, Ă  l'exception de Zoro qui a ses trois sabres. Luffy porte Ă©galement une grande ombrelle. Au premier-plan, l'Ă©criture ONE PIECE avec le "o" prĂ©sentĂ© de la mĂȘme façon que les drapeaux pirates : une tĂȘte de Cet article est une explication de texte Du Contrat Social de Rousseau. Il suit la chronologie du livre le peuple, les lois, le gouvernement; et peut aussi servir de rĂ©sumĂ©. Du contrat Social de Jean-Jacques Rousseau a pour objectif de trouver un rĂ©gime politique juste et lĂ©gitime. L’homme est nĂ© libre, et partout il est dans les Contrat Social, Rousseau Livre 1, Chapitre 1 Rousseau critique les inĂ©galitĂ©s de son temps et ne croit pas Ă  la pensĂ©e populaire que l’homme est un animal politique Aristote, social, fait pour vivre en sociĂ©tĂ©; oĂč certains seraient nĂ©s pour gouverner et d’autres pour obĂ©ir. Locke Ă  gauche, Hobbes Ă  droite. Auteurs majeurs, avec Rousseau, du contractualisme. Pour lui, comme Hobbes ou Locke, les sociĂ©tĂ©s sont nĂ©es de conventions, c’est Ă  dire d’un accord entre les membres d’un mĂȘme peuple. Avec le contrat social, Rousseau cherche d’abord Ă  dĂ©terminer les termes de cet accord qui, dans toute logique, est antĂ©rieur Ă  celui entre un peuple et un gouvernement. Qu’est-ce que le contrat social de Rousseau ?Comment permettre aux hommes d’ĂȘtre libres et Ă©gaux ? Qu’est-ce que la libertĂ© civile ? La volontĂ© gĂ©nĂ©rale et la crĂ©ation des lois dans le contrat social de Rousseau. Quel gouvernement pour nos sociĂ©tĂ©s ? et comment le mettre en place ? Qu’est-ce que le gouvernement ?Comment nait le gouvernement ? Les diffĂ©rentes formes de rĂ©sumĂ©, quelles sont les grandes idĂ©es du contrat social de Rousseau ? Qu’est-ce que le contrat social de Rousseau ? Le contrat social scelle une union des forces entre des individus pour se protĂ©ger mutuellement et surmonter les obstacles auxquels ils font face. À la suite de ce contrat, ils deviennent associĂ©s et forment un peuple. En contrepartie, les membres de cette association acceptent une clause l’aliĂ©nation totale de ses droits, c’est Ă  dire de sa libertĂ© pour former un tout, un moi commun. Comme les Power Rangers, les associĂ©s forment un tout commun. Comparaison douteuse, je l’admets Comme je me donne complĂštement, je n’existe plus en tant qu’individu, je fais parti d’un nouveau tout le peuple. À l’instant, au lieu de la personne particuliĂšre de chaque contractant, cet acte d’association produit un corps moral et collectif composĂ© d’autant de membres que l’assemblĂ©e a de voix, lequel reçoit de ce mĂȘme acte son unitĂ©, son moi commun, sa vie et sa volontĂ©. Cette personne publique qui se forme ainsi par l’union de toutes les autres prenait autrefois le nom de CitĂ©, et prend maintenant celui de RĂ©publique ou de corps politique, lequel est appelĂ© par ses membres État quand il est passif, Souverain quand il est actif, Puissance en le comparant Ă  ses semblables. À l’égard des associĂ©s ils prennent collectivement le nom de Peuple, et s’appellent en particulier citoyens comme participants Ă  l’autoritĂ© souveraine, et sujets comme soumis aux lois de l’État. Mais ces termes se confondent souvent et se prennent l’un pour l’autre ; il suffit de les savoir distinguer quand ils sont employĂ©s dans toute leur Contrat Social, Rousseau Livre 1, Chapitre 6 Pourquoi se donner entiĂšrement ? D’abord, pour Ă©viter les inĂ©galitĂ©s. Si chacun donne la mĂȘme part sa libertĂ©, alors nous sommes Ă©gaux. Pour rappel, on parle d’un pacte antĂ©rieur aux sociĂ©tĂ©s, il n’y a donc aucun privilĂšge, aucun esclave
 Notre seule possession notre indĂ©pendance et celle-ci est Ă©gale pour tous. De plus, puisque maintenant je n’existe plus qu’à travers un tout, il n’existe plus d’intĂ©rĂȘt personnel. Si je partage le mĂȘme corps que mes associĂ©s, alors je n’ai aucun intĂ©rĂȘt Ă  vouloir du mal Ă  mes associĂ©s. Ce serait me faire du mal, ce serait attaquer mon propre corps. Le pacte social nous force Ă  rĂ©flĂ©chir au bien commun, Ă  l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. SitĂŽt que cette multitude est ainsi rĂ©unie en un corps, on ne peut offenser un des membres sans attaquer le corps ; encore moins offenser le corps sans que les membres s’en ressentent. Du Contrat Social, Rousseau Livre 1, Chapitre 7 Telles sont les clauses du contrat. S’il venait Ă  ĂȘtre violĂ©, chaque membre retrouverait sa libertĂ© naturelle. Comment permettre aux hommes d’ĂȘtre libres et Ă©gaux ? Si le contrat social n’est possible qu’en acceptant de s’aliĂ©ner complĂštement, sommes nous encore libres en sociĂ©tĂ© ? Pour Rousseau, la rĂ©ponse est oui ! Chaque citoyen, en Ă©change de son indĂ©pendance, gagne une nouvelle libertĂ© la libertĂ© civile. Qu’est-ce que la libertĂ© civile ? La libertĂ© civile s’exprime de deux maniĂšres La capacitĂ© Ă  surmonter des obstacles que je ne pouvais seul. Seul, j’étais indĂ©pendant libre, mais limitĂ© par mes aptitudes naturelles. Le droit de participer Ă  la volontĂ© gĂ©nĂ©rale, de crĂ©er mes propres droits, de rĂ©diger mes lois. En clair, ĂȘtre citoyen. Il faut bien distinguer la libertĂ© naturelle qui n’a pour bornes que les forces de l’individu, de la libertĂ© civile qui est limitĂ©e par la volontĂ© Contrat Social, Rousseau Livre 1, Chapitre 8 La volontĂ© gĂ©nĂ©rale et la crĂ©ation des lois dans le contrat social de Rousseau. La volontĂ© particuliĂšre tend par sa nature aux prĂ©fĂ©rences, et la volontĂ© gĂ©nĂ©rale Ă  l’ Contrat Social, Rousseau Livre 2, Chapitre 1 Qu’est-ce que la volontĂ© gĂ©nĂ©rale ? La volontĂ© gĂ©nĂ©rale, ce n’est pas la volontĂ© de tous. La volontĂ© gĂ©nĂ©rale, c’est la volontĂ© du citoyen qui prend ses dĂ©cisions, non dans ses intĂ©rĂȘts particuliers, mais dans l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Chez Rousseau, le pouvoir lĂ©gislatif est dans les mains du peuple. Seul le peuple est lĂ©gitime Ă  crĂ©er les lois. Ce pouvoir ne revient ni Ă  un groupe de particuliers aristocrates, ni Ă  un monarque bĂ©ni des dieux. La premiĂšre et la plus importante consĂ©quence des principes ci-devant Ă©tablis est que la volontĂ© gĂ©nĂ©rale peut seule diriger les forces de l’ Contrat Social, Rousseau Livre 2, Chapitre 1 Tous ceux qui consentent Ă  cette association, consentent Ă  respecter la loi. Cela ne devrait ĂȘtre difficile, puisque la loi rĂ©sulte de la volontĂ© gĂ©nĂ©rale. Ainsi, en respectant la loi, je respecte ma volontĂ©. Du moins, en tant que tout, car je me suis aliĂ©nĂ© complĂštement. Ainsi, dans ces circonstances, les citoyens sont libres et Ă©gaux. Libres car ils suivent leurs volontĂ©s les lois. Égaux car chacun est une partie d’un mĂȘme corps, payĂ©e au mĂȘme prix. Il ne reste pour Rousseau qu’à expliquer comment ce peuple souhaite s’organiser. Pour cela, il lui faut traiter de la question du gouvernement. Quel gouvernement pour nos sociĂ©tĂ©s ? et comment le mettre en place ? Qu’est-ce que le gouvernement ? Le gouvernement n’est pas le souverain. Le gouvernement est le serviteur, le ministre du peuple souverain. Il est un reprĂ©sentant. Ses actions sont limitĂ©es par ce qui a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© par le peuple. Il sert Ă  la communication et l’exĂ©cution des dĂ©cisions. Le peuple est souverain. Le gouvernement est l’officier du peuple. Il suit ses consignes les lois. Qu’est-ce donc que le gouvernement ? Un corps intermĂ©diaire Ă©tabli entre les sujets et le souverain pour leur mutuelle correspondance, chargĂ© de l’exĂ©cution des lois et du maintien de la libertĂ©, tant civile que Contrat Social, Rousseau Livre 3, Chapitre 1 Sans gouvernement, il n’y a qu’une volontĂ©, qu’une dĂ©cision, qu’une idĂ©e. Pour prendre vie, il lui faut la force, l’énergie de l’exĂ©cution, il faut transformer l’idĂ©e en action. Le peuple souverain reprĂ©sente le pouvoir lĂ©gislatif et le gouvernement le pouvoir exĂ©cutif la force qui exĂ©cute les lois. Si cela n’est pas respectĂ©, si le peuple ne fait plus les lois ou si chacun les exĂ©cute Ă  sa maniĂšre, nous tombons dans le despotisme ou l’anarchie. Si le souverain veut gouverner, ou si le magistrat veut donner des lois, ou si les sujets refusent d’obĂ©ir, le dĂ©sordre succĂšde Ă  la rĂšgle, la force et la volontĂ© n’agissent plus de concert, et l’Etat dissous tombe ainsi dans le despotisme ou dans l’ Contrat Social, Rousseau Livre 3, Chapitre 18 Comment nait le gouvernement ? Si l’état existe par lui-mĂȘme, c’est Ă  dire comme on l’a vu, de part un contrat entre chaque membre; le gouvernement existe seulement parce qu’il y a un Ă©tat. Il est la consĂ©quence du premier acte. Le peuple institue le gouvernement. Le gouvernement se forme, se crĂ©e, existe, seulement grĂące Ă  la volontĂ© du peuple. Cette institution se fait en deux Ă©tapes Le peuple dĂ©cide par une loi de la forme de gouvernement qu’il souhaite dĂ©mocratique, aristocratique ou monarchique. Nous verrons, dans la prochaine partie, quelle forme de gouvernement Rousseau Ă  la suite de cette mĂȘme loi, le peuple dĂ©cide de la fonction du gouvernement. Le peuple peut Ă©tablir et destituer le gouvernement Ă  sa guise. L’acte qui institue le gouvernement n’est point un contrat mais une loi, que les dĂ©positaires de la puissance exĂ©cutive ne sont point les maĂźtres du peuple mais ses officiers, qu’il peut les Ă©tablir et les destituer quand il lui plaĂźt, qu’il n’est point question pour eux de contracter mais d’obĂ©ir et qu’en se chargeant des fonctions que l’Etat leur impose ils ne font que remplir leur devoir de citoyens, sans avoir en aucune sorte le droit de disputer sur les Contrat Social, Rousseau Livre 3, Chapitre 1 Les diffĂ©rentes formes de gouvernements. Le gouvernement est composĂ© d’un prince ou de magistrats. Plus il y a de magistrats, plus le gouvernement est faible. Pourquoi ? Car plus ils sont nombreux Ă  le composer, plus les dĂ©libĂ©rations prennent du temps. Ainsi, l’exĂ©cution est lente. Alors, pour Rousseau, il faut un gouvernement proportionnellement inverse Ă  la taille de l’état. Plus l’état est grand, plus le gouvernement doit ĂȘtre petit pour ĂȘtre efficace et traiter les affaires plus vite. Je viens de prouver que le gouvernement se relĂąche Ă  mesure que lesmagistrats se multiplient, et j’ai prouvĂ© ci-devant que plus le peuple est nombreux, plus la force rĂ©primante doit augmenter. D’oĂč il suit que le rapport des magistrats au gouvernement doit ĂȘtre inverse du rapport des sujets au souverain. C’est-Ă -dire que, plus l’Etat s’agrandit, plus le gouvernement doit se resserrer ; tellement que le nombre des chefs diminue en raison de l’augmentation du Contrat Social, Rousseau Livre 3, Chapitre 2 Le gouvernement peut prendre 3 formes La dĂ©mocratie “tout le peuple oĂč la plus grande partie du peuple forme le gouvernement.”L’aristocratie “un petit nombre de citoyens forment le gouvernement.”La monarchie “un prince tient tous les pouvoirs du gouvernement.” Les formes sont plus ou moins intĂ©ressantes dans diffĂ©rents Ă©tats. On a de tous temps beaucoup disputĂ© sur la meilleure forme degouvernement, sans considĂ©rer que chacune d’elles est la meilleure en certains cas, et la pire en d’ Contrat Social, Rousseau Livre 3, Chapitre 3 La dĂ©mocratie semble un rĂ©gime impossible aux yeux de Rousseau. Cela demanderait Ă  chacun de rester assemblĂ© pour traiter des affaires publiques. Pour se faire, la dĂ©mocratie demande un Ă©tat trĂšs petit oĂč tous les citoyens se connaissent, avec des mƓurs trĂšs fortes pour faciliter les dĂ©cisions. Les moeurs constituent des rĂšgles sur lesquelles tout le monde s’accorde, rĂ©duisant ainsi les choix. Si le choix est plus restreint alors la dĂ©cision est plus simple. L’aristocratie est la meilleure forme de gouvernement du moment qu’elle est Ă©lective. A l’inverse, elle est la pire forme de gouvernement si elle est hĂ©rĂ©ditaire. Par aristocratie hĂ©rĂ©ditaire, on entend un groupe de personnes identique, riche et puissant, de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, de part des inĂ©galitĂ©s d’institutions. La monarchie convient pour les Ă©tats les plus grands. Cependant, il faut faire attention que l’ambition personnelle du Prince ne prenne pas le dessus sur les intĂ©rĂȘts du peuple. Il est plus aisĂ© de conquĂ©rir que de Contrat Social, Rousseau Livre 3, Chapitre 6 Avec un gouvernement monarchique, le cas de la succession est pĂ©rilleux. L’État est sans gouvernement dans l’intervalle des Ă©lections. Supprimer les Ă©lections mĂšnerait Ă  une couronne hĂ©rĂ©ditaire oĂč le peuple pourrait ĂȘtre gouvernĂ© par des enfants ou des imbĂ©ciles. En rĂ©sumĂ©, quelles sont les grandes idĂ©es du contrat social de Rousseau ? L’objectif du contrat social de Rousseau est de trouver un rĂ©gime politique lĂ©gitime et juste oĂč les citoyens seraient libres et Ă©gaux. Avec ce texte, Rousseau essaie de combattre les inĂ©galitĂ©s de son temps. Le contrat social est un pacte permettant Ă  des individus de s’associer afin d’exister en tant que peuple, de crĂ©er une sociĂ©tĂ©. Les clauses de ce contrat demandent Ă  chacun de s’aliĂ©ner complĂštement. Car si chacun d’entre nous donne tout ce qu’il a, alors nous sommes tous Ă©gaux. Ici, nous ne sommes pas en sociĂ©tĂ©, ce que nous possĂ©dons rĂ©ellement, ce sont nos droits naturels notre indĂ©pendance. Le peuple est libre il rĂ©dige les lois selon sa volontĂ©, c’est-Ă -dire la volontĂ© gĂ©nĂ©rale. La volontĂ© gĂ©nĂ©rale n’est pas la volontĂ© de tous. Ce n’est pas la somme de toutes les volontĂ©s particuliĂšres, mais la somme de toutes les volontĂ©s dans l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, dans l’intĂ©rĂȘt du bien commun. Pour exĂ©cuter ses lois, il ne suffit pas d’avoir la volontĂ© de les mettre en place, d’en rĂ©diger le plan; il faut aussi l’énergie de l’action. C’est pourquoi, une sociĂ©tĂ© a besoin d’un pouvoir exĂ©cutif, d’un gouvernement pour avancer. Ce gouvernement doit ĂȘtre adaptĂ© selon l’état qu’il gouverne. Il est instituĂ© par le peuple lui-mĂȘme. Le peuple peut, Ă  sa guise, instituer ou destituer son gouvernement.

‘DIMANCHE’’ Tome I AUCUN DE NOUS NE REVIENDRA RĂ©sumĂ© : Dans cet extrait du tome 1, Charlotte D. dĂ©crit un dimanche de Mars, oĂč il fait beau, contrairement Ă  l’horreur de l’hiver

Description de l’éditeur Aucun de nous ne reviendra est, plus qu’un rĂ©cit, une suite de moments restituĂ©s. Ils se dĂ©tachent sur le fond d’une rĂ©alitĂ© impossible Ă  imaginer pour ceux qui ne l’ont pas vĂ©cue. Charlotte Delbo Ă©voque les souffrances subies et parvient Ă  les porter Ă  un degrĂ© d’intensitĂ© au-delĂ  duquel il ne reste que l’inconscience ou la mort. Elle n’a pas voulu raconter son histoire, non plus que celle de ses compagnes ; Ă  peine parfois des prĂ©noms. Car il n’est plus de place en ces lieux pour l’individu. Une voix qui chuchote, dĂ©chirante. Un chuchotement Ă  fleur de vie et d’horreur. Cette voix une fois entendue vous obsĂšde, ne vous quitte plus. Je ne connais pas d’Ɠuvre comparable Ă  celle de Charlotte Delbo, sinon Guernica, sinon le film Nuit et brouillard, mĂȘme pudeur, mĂȘme dĂ©chirure, mĂȘme atroce tendresse, chez cette femme, chez Alain Resnais. Cette douloureuse et bouleversante incantation est de ces livres rares qui laissent soudain le lecteur en pays Ă©tranger Ă  lui-mĂȘme. » François Bott, L’Express, 1970 Aucun de nous ne reviendra est paru aux Éditions de Minuit en 1970. GENRE Biographies et mĂ©moires SORTIE 2018 4 octobre LANGUE FR Français LONGUEUR 191 Pages ÉDITIONS Minuit TAILLE 452,7 Ko Avis d’utilisateurs Livre qui nous amĂšne Ă  la rencontre du passĂ© Bon livre, prenant, qui nous amĂšne dans l’histoire, profondĂ©ment toucher par la façon littĂ©raire et l’écriture assez crue Ă  certains moments. J’ai beaucoup aimer. Plus de livres par Charlotte Delbo D’autres ont aussi achetĂ©
. 401 373 49 121 364 70 110 93

aucun de nous ne reviendra résume par chapitre