AZedelgem, près de Bruges, sur une place dite de « la liberté », une « ruche lettonne » stylisée invite au souvenir de 12.000 de ces légionnaires des 15 ème et 19 ème divisions Waffen-SS qui, pendant huit mois, entre 1945 et 1946, furent détenus dans le camp pour prisonniers de guerre du Vloethemveld, situé à quelques kilomètresIntroduction1Au xxe siècle, l’histoire des 75 000 Belges germanophones est celle d’un passé mouvementé [2]. Devenue belge à la suite du traité de Versailles, la population, prussienne depuis 1815, des deux Kreise d’Eupen germanophone et de Malmedy en partie wallonne ou francophone a vécu des conflits de loyauté résultant du nationalisme exacerbé si typique de la première moitié du siècle dernier. Le symbole de ce passé, mais aussi de ces conflits d’allégeance, ce sont les 8 700 jeunes hommes recrutés par la Wehrmacht à partir du mois de novembre 1941, soit deux mois après l’octroi de la nationalité allemande à la population d’un territoire annexé de facto au Reich par un Führererlass du 18 mai 1940. Entre 3 200 et 3 400 d’entre eux, soit 39 %, ne reviendront pas, mourant au champ d’honneur » ou dans des camps de prisonniers soviétiques [3]. 2La terminologie a fait de ces soldats des Zwangssoldaten – des enrôlés de force ». Ce terme est d’abord créé par les autorités gouvernementales bruxelloises pour les distinguer de leurs compatriotes flamands et wallons qui s’étaient portés volontaires dans l’armée allemande. Il est ensuite repris par les intéressés et les représentants de leurs associations. À travers les décennies, ce sont une connotation de victimes et le potentiel de victimisation de cette terminologie qui ont forgé l’image de ces soldats, mais aussi, à travers eux, de toute la population germanophone. Ce terme ne prend cependant pas en compte les conflits entre probelges et proallemands qui ont régi la vie politique et sociale de tout l’entre-deux-guerres. Il ne permet pas non plus de poser la question du comportement de ces soldats sur le front. En ce sens, il s’intègre dans une conception de l’histoire qui est née à la fin de la Seconde Guerre mondiale au moment de l’ épuration civique », et qui, en insistant sur le caractère belge » du territoire et de sa population, a empêché toute approche nuancée de l’histoire, voire déformé grossièrement le passé le plus récent [4]. À cet égard, le rapport à la figure du soldat reflète le rapport au passé marqué par les deux guerres s’est également plutôt tardivement penchée sur ces soldats. Si une thèse suisse décrit en 1975 pour la première fois les implications juridiques et administratives de l’annexion du territoire d’Eupen- Malmedy par l’Allemagne en mai 1940 et donc l’enrôlement à partir des mois d’automne 1941 [5], il a fallu attendre 2008 pour qu’un jeune historien régional analyse pour la première fois en profondeur les mécanismes de recrutement de la Wehrmacht [6]. Dans l’historiographie belge, qu’elle soit flamande ou wallonne, ces soldats n’ont jusqu’à présent jamais eu leur place. Dans les statistiques de pertes belges de la Seconde Guerre mondiale les plus récentes, les 3 200 jeunes hommes de la région tués ou disparus n’apparaissent pas – au contraire des volontaires flamands et wallons dans la Wehrmacht ou la ss [7]. Pendant la décennie 1980, ce sont les souvenirs des intéressés qui ont fait l’objet de publications qui les présentent la plupart du temps comme des victimes innocentes du grand jeu de la politique internationale, en général, et du rattachement à l’Allemagne en 1940, en particulier [8].Bref regard sur l’entre-deux-guerres3Le changement de nationalité de 1920 soulève le difficile problème de faire le deuil des hommes morts pour l’Allemagne – l’ennemie de la nouvelle patrie » belge. On y constate le repli dans l’espace religieux et dans des formes de deuil s’abstenant de toute appréciation politique – on honore les morts de toutes les nations. Il soulève également le problème de l’intégration des survivants », frères ou fils des soldats allemands, dans l’armée belge [9]. Jusqu’en 1939, l’armée belge réussit plutôt bien cet examen, d’abord en ne réclamant pas pour des raisons psychologiques jusqu’en 1923 le service militaire, puis en garantissant l’instruction du soldat en langue allemande – du moins quand le nombre d’officiers maîtrisant la langue le permet. Entre-temps, le conflit entre le camp proallemand ou révisionniste » par référence à la soi-disant consultation populaire sur le changement de nationalité en 1920 et le camp probelge s’est radicalisé au sein même du territoire, conduisant à une barrière de communication » [10]. On peut cependant observer que les fils de familles proallemandes notoires effectuent généralement leur service militaire belge sans trop de difficultés ; le nombre d’incidents est assez insignifiant. Il n’était pas rare même de voir des germanophones effectuer leur service militaire dans une unité francophone ; en effet, il n’existe probablement pas de meilleur moyen d’apprendre une autre langue pour ces jeunes gens dont le niveau d’instruction ne dépasse pas le plus souvent l’école primaire [11]. Celui qui ne fait pas son service militaire n’est pas un vrai homme », tels sont les motifs que les jeunes soldats des années 1920 et 1930 avançaient pour expliquer que la question de l’armée ne constitue pas alors pas un champ clos du conflit dominant la vie politique et sociale dans les cantons d’Eupen, de Malmedy et de la mobilisation d’août 1939, la situation change. L’État-Major général de l’armée réagit il retire les réservistes mobilisés de leurs unités pour les verser dans les Troupes auxiliaires d’armée » taa, des troupes d’étapes ne possédant que 25 armes par bataillon. Si certains politiques considèrent cette mesure comme contre-productive et si on reversera finalement une grande partie de ces soldats dans leurs unités d’origine, il n’en reste pas moins que la propagande du printemps 1940 s’est amplement servie de ce signe de méfiance si apparent et de ce sigle permettant des jeux de mots Tiere Aller Art, ou animaux variés. La propagande allemande justifie par cette humiliation » les nombreuses désertions – on estime à environ 10 % les soldats des trois cantons qui ont fuit le drapeau belge avant mai 1940 – et le passage de la frontière par une grande partie de ces hommes qui s’engageront dans la fameuse unité spéciale allemande du Bau-Lehr-Bataillon 800 Brandenburg ». En revanche, la propagande belge considère que ces désertions confirment la légitimité des mesures belges et le bien-fondé d’une méfiance à l’égard de ces soldats. Pendant la campagne des Dix-Huit jours, le comportement et le loyalisme des soldats germanophones semblent avoir été plutôt honorables. Certes, il y a eu des défections, mais qui semblent être le résultat de la situation générale défavorable à l’armée belge, plutôt que d’une volonté de passer dans les rangs de la Wehrmacht. À la fin du mois de juin 1940, presque tous les soldats sont de retour dans le territoire d’Eupen-Malmedy, une vingtaine étant morts au combat sous l’uniforme belge. En général, l’attente du retour des soldats qui avaient combattu dans l’armée belge semble avoir été un des rares éléments perturbant l’enthousiasme de la population devant la libération » du territoire par les du territoire au Reich et l’octroi de la nationalité allemande4L’invasion du 10 mai 1940 ne constituait pas vraiment une surprise pour les Belges. Depuis l’automne 1939, on s’attend à une telle attaque dans les milieux gouvernementaux et militaires belges [12]. Début 1940, quelques familles de probelges éminents et de fonctionnaires dans les trois cantons sont évacuées vers l’intérieur du pays. Parmi ceux qui n’ont pas connu cette faveur, nombreux sont ceux qui deviendront les premières victimes des persécutions nazies – plus d’une fois résultant de dénonciations. Parmi eux, le journaliste Henri Michel, directeur du Grenz-Echo, journal catholique probelge de langue allemande, qui passera presque cinq ans au camp de Sachsenhausen, ainsi que le commissaire de police d’Eupen, Fritz Hennes, et le bourgmestre socialiste de Malmedy, Joseph Werson, tous deux morts dans des camps de concentration [13]. 5Dans la recherche historique, il y a aujourd’hui un large consensus pour affirmer que le sentiment prédominant dans la population au moment de l’arrivée des troupes allemandes le 10 mai 1940 fut l’enthousiasme. Le rattachement à Allemagne ne se fit pas attendre et eut lieu le 18 mai 1940 par voie d’un décret du Führer. À ce moment, l’armée belge n’avait pas encore capitulé, ce qui aura pour conséquence la non-reconnaissance juridique de cette annexion dans l’immédiat après-guerre [14]. Le Reich n’en restera pas là . Par un décret du ministre de l’Intérieur, il annexe également, en date du 29 mai 1940, dix communes situées à proximité du territoire d’Eupen-Malmedy mais qui n’avaient jamais fait partie de la Prusse ou de l’Allemagne. L’argument utilisé est celui de la langue maternelle allemande d’une partie des habitants de ces communes. Depuis la Première Guerre, l’utilisation de l’allemand dans le domaine public était cependant en net recul, c’est ce qu’on a appelé la romanisation patriotique » [15]. En tout, l’Allemagne nazie gagnait 87 000 habitants par ces annexions [16]. 6Après une semaine sous administration militaire, c’est l’Administration du Reich qui reprend le territoire d’Eupen-Malmedy. Il est incorporé au Regierungspräsidium d’Aix-la-Chapelle sans que celui-ci ne se voie attribuer plus de fonctionnaires pour cette tâche. Le ministère de l’Intérieur fonctionne comme instance d’approbation pour les différents décrets relatifs au rattachement [17]. Sur le plan politique, le territoire est rattaché au Gau Cologne-Aix-la-Chapelle du nsdap. 7Après le départ et/ou la destitution des bourgmestres belges, ce sont d’abord des membres du parti proallemand, le Heimattreue Front [18], qui reprennent ces fonctions à Eupen, l’Ortsgruppenleiter Walter Rexroth, les Kreisleiter Wilhelm Buhrke à Malmedy et Franz Genten à Saint-Vith ces deux derniers seulement jusqu’en automne 1940. Aux échelons administratifs inférieurs, il n’y a pas de modifications significatives [19]. 8Les limites administratives sont adaptées au système du Reich. En lieu et place des trois cantons belges, il n’y a plus que deux Kreise allemands. Les deux Landräte Felix Seulen Eupen et Heinz Ehmke Malmedy ainsi que le Kreisleiter du nsdap, Gabriel Saal, sont issus de l’intérieur du Reich, ce qui sera finalement le cas de presque tous les bourgmestres-fonctionnaires. Cette politique, qui peut être expliquée par une certaine méfiance mais surtout par des considérations pratiques, crée un sentiment de déception auprès des anciens militants de la cause allemande. Seul, le Kreisleiter d’Eupen, Stefan Gierets, est un ancien du hf, mais pas son successeur Karl Herwanger [20]. 9Le Heimattreue Front est déjà rattaché au nsdap dans le courant du mois de mai 1940. Ce rattachement ne concerne toutefois pas ses membres dont l’affiliation au parti nazi n’est pas automatique. La mission du hf est terminée. La mise au pas et l’auto-intégration de la population progressent rapidement. Schärer estime à 7 000 le nombre de membres du nsdap peu avant la libération de la région par les Alliés en septembre 1944. Des organisations telles la Hitlerjugend et la ns-Frauenschaft comptent à peu près le même nombre de membres. La sa connaît également un grand succès et les 1 240 certaines sources évoquant même le chiffe de 1 500 membres de la Standarte 174 peuvent accueillir le Stabschef sa Viktor Lutze le 18 mai 1941 pour la prestation de serment. La ss semble avoir beaucoup plus de peine dans le recrutement de membres [21].Un décret d’Hitler, daté au 23 mai 1940, prévoit l’introduction de la législation allemande et prussienne à partir du 1er septembre 1940 [22]. Une nouvelle fois, c’est au ministère de l’Intérieur qu’échoit la mise en œuvre. Une ordonnance du 3 septembre 1940 spécifie des dispositions intermédiaires en droit civil en vue de l’adaptation des principes de droit allemands [23].La question la plus compliquée est cependant celle de la nationalité. Elle ne trouve un règlement final que par une ordonnance du ministère de l’Intérieur du 23 septembre 1941. Le décret du 23 mai 1940 avait seulement conféré la nationalité allemande provisoire » aux habitants [24]. Le nouveau droit de nationalité distingue entre deux groupes dans le territoire d’Eupen-Malmedy et des dix communes ». La grande majorité des habitants acquiert la nationalité allemande. Environ 20 000 habitants des dix communes » deviennent des Deutsche auf Widerruf Allemands sur révocation », parce qu’ils étaient déjà Belges avant le traité de Versailles. Cette révocation est possible dans un délai de dix ans, qui sera cependant levée peu après. Il est remarquable que la nouvelle réglementation n’enlève pas explicitement la nationalité belge. Ainsi, la population va ignorer complètement qu’en vertu du droit international, elle possède en réalité une double nationalité » [25].L’enrôlement dans la Wehrmacht de l’engagement volontaire à l’obligation10L’octroi de la nationalité allemande a une autre conséquence lourde elle introduit le service militaire dans le territoire d’Eupen-Malmedy. Il s’applique aussi bien aux nouveaux » Allemands qu’aux Allemands sur révocation ». Ces derniers peuvent même obtenir définitivement la nationalité allemande s’ils se montrent particulièrement méritants au front [26]. Toutefois, certains jeunes hommes portent déjà l’uniforme de l’armée allemande avant septembre 1941. Outre les déserteurs de l’armée belge qui avaient passé la frontière au printemps 1940, il y a également des volontaires qui s’engagent dans la Wehrmacht entre mai 1940 et l’été 1941. Il ressort de rapports belges d’après-guerre que le nombre de volontaires s’élevait à environ 700. Cependant, nous ne savons pas si ce chiffre concerne la seule période précédant l’octroi de la nationalité allemande ou s’il comporte également les volontaires des années de guerre, c’est-à -dire des jeunes qui veulent s’engager avant même l’appel de leur classe de milice [27]. 11Les grades conférés par l’armée belge à ces soldats sont seulement confirmés par les Allemands après six mois de service. Il s’agit donc d’une sorte de probation qui s’étend également aux volontaires. Les anciens officiers de l’armée belge sont exclus de l’enrôlement dans la Wehrmacht à la notable exception près de quelques volontaires [28].La procédure établie par les Allemands se déroule en quatre étapes 12l’enregistrement. ;le test d’aptitude. ;six mois de service au Reichsarbeitsdienst rad qui ne s’appliquent pas aux hommes qui ont déjà combattu dans l’armée impériale entre. 1914 et. 1918. ;l’appel sous les autorités allemandes n’attendent d’ailleurs pas la décision sur la nationalité des habitants pour mettre en œuvre cette procédure. Ainsi, l’enregistrement des classes de milice commence en octobre 1940, tandis que les tests d’aptitude prennent cours en décembre 1940. Suivant le plan de mobilisation du Reich, c’est la classe 1922 qui est alors la première concernée, de même que les anciens officiers de l’armée impériale. Au cours de l’année 1941, malgré la création d’un Wehrmeldeamt, le rythme des enregistrements est considérablement ralenti en attendant le règlement de la question de la nationalité [29]. 13Une fois les habitants devenus Allemands », la reprise des enregistrements et des tests d’aptitude suit rapidement. À partir de novembre 1941, les jeunes de la classe 1922 étant déjà enrôlés, les hommes des classes 1900-1921 sont enregistrés et ceux des années 1914 à 1921 testés. Les tests d’aptitude de janvier à mars 1942 concernent alors les classes 1900 à 1913 ainsi que 1923 et 1924. À partir de ce moment, l’adaptation à la mobilisation dans le Reich est achevée [30]. 14Afin de ne pas trop peser sur le moral de la population, les enrôlements ne sont pas affichés sur la voie publique – il ne semble pas y avoir eu des listes aux valves des mairies, mais les hommes concernés sont informés directement par les autorités allemandes. On ne peut douter que l’enrôlement dans la Wehrmacht était soumis à un jeu d’influences diverses qui se manifestent dans des différences du taux d’enrôlement qui ne peuvent être expliquées par le seul facteur démographique. Ainsi, dans deux communes du Kreis d’Eupen, Lontzen 2 085 hab. en 1941 et Raeren 3 271 hab., le taux des enrôlés était respectivement de 6,33 %, et de 16,01 %. La même observation peut être faite pour deux communes du Kreis de Malmedy à Amblève Amel ; 1 769 hab. et à Saint-Vith 2 703 hab., où le taux est de 20,91 % et de 9,98 %. Dans ces communes paysannes, l’enrôlement ne signifie pas seulement un danger personnel pour l’appelé, mais souvent d’abord la perte d’une main-d’œuvre dans les fermes de la région. Ces contraintes socio-économiques expliquent aussi pourquoi la pression directe de dirigeants nazis et un climat de dénonciations peuvent régner sur de nombreuses communes [31]. Au total, le taux d’enrôlement s’élève à 12,87 % pour le Kreis d’Eupen, à 13,64 % pour les communes wallonnes du Kreis de Malmedy et à 15,47 pour les communes germanophones de ce Kreis [32]. 15Initialement, les autorités allemandes avaient également prévu d’enrôler les hommes originaires d’Eupen-Malmedy qui vivaient en Belgique occupée. Des affiches du 14 avril 1942 annoncent l’enrôlement de tous les Allemands nés entre 1908 et 1924 vivant en Belgique, en spécifiant que cette mesure concerne également les habitants des territoires devenus allemands en septembre 1941. On peut imaginer la consternation chez ces derniers dont on peut aisément soupçonner les sentiments antiallemands. Sur intervention du ministère belge de la Justice, l’administration militaire allemande renonce finalement à cette mesure en acceptant l’argument de la nationalité belge de ces personnes sans s’interroger sur les conséquences en droit international de cette décision. Le Militärbefehlshaber officialisera la renonciation provisoire dans une lettre au secrétaire général du ministère de la Justice datée du 30 mai 1944 [33]. 16Le nombre total des enrôlés du territoire d’Eupen-Malmedy est finalement de 8 700. Il y a cependant aussi des réfractaires qui fuient le service dans la Wehrmacht – généralement en passant la frontière avec la Belgique occupée où ils doivent vivre dans la clandestinité pendant les années de guerre. Le nombre de réfractaires est estimé à 430 180 pour le Kreis d’Eupen, 230 pour le Kreis de Malmedy. Il semble que le taux de réfractaires ait été légèrement plus élevé dans les communes wallonnes autour de Malmedy [34]. Leur assurance-vie reposait alors sur le silence de leurs proches [35]. 17Le taux de réfractaires est par ailleurs un des éléments qui illustrent au mieux la grande différence entre le territoire d’Eupen-Malmedy et les dix communes ». En effet, le recrutement de soldats pour la Wehrmacht dans ces dernières s’avère être particulièrement délicat et loin de connaître le même succès. Les organisations de Résistance avancent dans des rapports d’après-guerre le chiffre de 624 réfractaires pour les dix communes et celle de La Calamine, l’ancien Moresnet-Neutre, voire de 671 réfractaires sur 675 conscrits. Un rapport allemand évoque en juillet 1943 la fuite vers la Belgique de 282 des 585 conscrits des classes 1922 à 1925, soit 48 % [36]. À défaut de la découverte de chiffres plus précis, on peut penser que les données allemandes sont plus proches de la réalité. En effet, même si les activités de la Résistance dans les dix communes » sont nettement plus nombreuses et denses qu’à Eupen-Malmedy, un taux de presque 100 % de réfractaires paraît très improbable et relève plutôt de la mythologie belge de l’après-guerre [37].Les autorités allemandes voient très vite la nécessité de différencier les modalités de recrutement. Elles décident de n’enrôler que les classes à partir de l’année 1922, les classes plus âgées sont jugées trop probelges » et, dès lors, peu utilisables comme soldats dans l’armée allemande. La méfiance généralisée à l’égard des Allemands sur révocation » se traduit également dans le fait que les tests d’aptitude n’auront lieu qu’à partir de juin 1943, à un moment, où presque la moitié des conscrits potentiels ont déjà gagné la Belgique occupée. De plus, ceux dont le comportement au rad n’est pas exempt de tout reproche, ne sont pas enrôlés dans la troupe, mais versés dans des organismes tels que l’Organisation Todt ou le nskk [38].À travers le recrutement, on peut constater que le service dans la Wehrmacht est accepté à Eupen-Malmedy comme une conséquence lourde, mais logique de l’annexion par l’Allemagne et de l’octroi de la nationalité allemande. Ce constat ne vaut cependant pas pour les dix communes également rattachées qui avaient toujours été belges et où la résistance à cet enrôlement est extrêmement forte à certains égards, elle peut être comparée à celle des habitants du Grand-Duché de Luxembourg [39].Au front18Nous savons que l’immense majorité des soldats d’Eupen-Malmedy ont fait leur instruction dans des casernes à l’intérieur du Reich avant de gagner le front de l’Est. Cette destination ne peut surprendre. En effet, c’est en Russie que l’armée allemande a le plus gros besoin d’hommes au moment de l’enrôlement. La proportion de ceux qui sont stationnés à l’Ouest en Normandie par exemple est très petite [40]. Nous ne disposons que de très peu d’informations sur le comportement de ces soldats sur le front de l’Est. Les témoignages connus relatent la participation de certains à la bataille de Stalingrad ou au siège de Leningrad, mais le caractère forcé » de leur engagement et la tendance à la victimisation » de l’après-guerre ont empêché une approche plus sereine du vécu de ces soldats. Leurs récits et, le plus souvent, leurs lettres de campagne contiennent presque exclusivement des descriptions de ce qu’on pourrait appeler la routine de la guerre [41]. Il n’en reste pas moins que ces soldats ont participé à une des entreprises militaires les plus meurtrières de l’histoire, la guerre d’extermination à l’Est dont les crimes de guerre avec participation des soldats de la Wehrmacht ont été analysés par la recherche la plus récente [42]. La question de l’implication personnelle de soldats d’Eupen-Malmedy dans des crimes de guerre doit donc être posée. Quelques rares témoignages font référence à des fusillades en masse de civils en Russie [43], mais une étude systématique sur base de toutes les sources disponibles reste un desideratum. 19Dans ses travaux, Quadflieg analyse un échantillon de 263 soldats originaires de la région, ce qui nous permet de dégager certaines tendances générales. Ainsi, il démontre que 20,7 % des affiliations de ces soldats à une organisation nazie datent d’avant le 10 mai 1940, tandis que 79,3 % de ces affiliations sont effectuées après l’annexion de 1940. Un effet suiviste » est donc incontestable, toutefois un endoctrinement nazi le plus souvent au sein des jeunesses hitlériennes ou du daf pour un soldat sur cinq voire 1 sur 4 peut être constaté. Il n’y a que deux cas où une attitude de refus à l’égard de l’autorité allemande avant l’enrôlement est documentée [44]. Sur le plan strictement militaire, les soldats de la région servent essentiellement dans l’armée de terre 87,5 %. Environ 10 % des enrôlés appartiennent à la Luftwaffe. Le taux des engagés dans la Waffen-SS ne s’élève qu’à 1,5 %. Ceux qui se retrouvent dans des troupes sur le front de l’Est passent 38,5 % de leur temps de service dans des unités de combat, 34,8 % dans des unités de soutien et 26,6 % dans l’armée de réserve [45]. Nous possédons des informations sur leur sort pour environ 68,6 % des cas analysés dans l’échantillon. Le taux des morts au combat est de 21,5 %, celui des prisonniers de guerre s’élève à 24,4 %, 11,7 % sont libérés du service avant la fin de la guerre, 9,5 % sont portés disparus et 1,5 % ont déserté la Wehrmacht [46]. 20Il est par ailleurs intéressant de noter que, selon les chiffres de Quadflieg, les décorations et promotions pour des soldats d’Eupen-Malmedy correspondent largement à la moyenne générale de la Wehrmacht et sont nettement plus élevées que pour les soldats luxembourgeois qui constituent le groupe de comparaison de l’historien d’Aix-la-Chapelle [47].Les conclusions de Quadflieg sont claires les soldats d’Eupen- Malmedy se sont comportés dans la Wehrmacht comme des soldats originaires du Reich. Leur attitude révèle une conformité incontestable [48]. Ce qui fera d’eux un groupe particulier est leur sort d’ difficile retour21Cinq mille cinq cents c’est le nombre d’hommes dont on ne possède aucune information sur le sort en date du 8 mai 1945 [49]. Il faut attendre le 1er août 1945 pour que les autorités belges disposent d’une liste de ceux qui, dorénavant, s’appelleront les enrôlés de force ». Dans le courant du mois d’août 1945, on estime pour la première fois que 2 500 jeunes hommes sont encore prisonniers de guerre dans des camps soviétiques. Et alors que les quelques centaines de soldats prisonniers dans les camps des Alliés occidentaux sont libérés dans le courant de l’été 1945, il faudra attendre encore quelques années avant que les derniers prisonniers ne puissent regagner leur région. Ainsi, en mars 1946, 2 724 prisonniers sont revenus, tandis que 2 784 se trouvent toujours dans des camps. Un accord de rapatriement belgo-russe ne contribue que très peu à une accélération de la procédure [50]. À la date du 31 décembre 1947, le nombre de rentrés s’élève à 5 417, celui des prisonniers à 106 et celui des disparus à 1 327. Les autorités ont délivré 1 298 attestations de décès officielles. 22En mai 1945, les autorités belges reconnaissent que la contrainte est la principale raison de l’enrôlement. Toutefois, de nombreux anciens soldats de la Wehrmacht qui reviennent dans la région dans le courant de l’année 1945 se retrouvent pour quelques jours ou quelques semaines à nouveau prisonniers, cette fois-ci dans la prison de Verviers, ville voisine d’Eupen. Huit cent cinquante et un hommes doivent comparaître devant un tribunal militaire conseil de guerre avec juges militaires assistés d’un magistrat civil belge en 1946. Un soupçon généralisé semble alors peser sur ces hommes. 23Ce n’est là qu’un signe visible du difficile retour de ces soldats dans leur région, dans une société où l’épuration civique ne semble tolérer qu’une version belge » du passé le plus récent [51], où dans de nombreux foyers manquera maintenant l’époux, le père, le frère ou le fils. L’histoire sociale et culturelle de cette perte et de ces familles sans hommes reste encore à écrire. 24L’État belge aura longtemps du mal à aborder la problématique [52]. Dans les négociations bilatérales avec la jeune rfa au cours des années 1950, le sujet est singulièrement absent et, tandis que la France pour les Alsaciens-Lorrains et le Luxembourg le font respectivement en 1954 et 1967, la Belgique ne créera qu’en 1974 le statut d’ incorporé de force ». Cinq mille anciens soldats et réfractaires au service dans la Wehrmacht reçoivent finalement un statut juridique. Le dédommagement financier ne sera décidé qu’en 1989, alors que la rfa avait déjà mis les moyens financiers à la disposition de l’État belge en la veille de la disparition des derniers concernés et des derniers témoins, nous devons constater que de larges pages de l’histoire des enrôlés de force » et de leur sort d’après-guerre restent toujours à écrire. Pour la jeune Communauté germanophone de Belgique, seule une approche critique et sereine de ce passé douloureux permettrait de sortir de la logique de victimisation » qui a trop longtemps dominé le discours politique et social dans la région. Notes [1] Christoph Brüll 1979 est docteur en histoire contemporaine de la Friedrich-Schiller-Universität d’Iéna et titulaire d’un dea en relations internationales et intégration européenne de l’université de Liège. Il est chargé de recherches du Fonds de la recherche scientifique-fnrs auprès de l’université de Liège. Ses publications portent sur l’histoire des relations belgo-allemandes, de la mémoire et de l’historiographie et sur l’histoire de la Communauté germanophone de Belgique. Il a publié Die deutschsprachigen Einheiten in der belgischen Armee zwischen den beiden Weltkriegen, Saint Vith, 2004 et Belgien und Nachkriegsdeutschland Besatzung, Annäherung, Ausgleich 1944-1958, Essen, 2009. [2] Pour des aperçus en langue française voir Alfred Minke, La Communauté germanophone l’évolution d’une terre d’entre-deux », in 1995 [ ; Christoph Brül, Un passé mouvementé. L’histoire de la Communauté germanophone de Belgique », in Katrin Stangherlin éd., La Communauté germanophone de Belgique – Die Deutschsprachige Gemeinschaft Belgiens, Bruxelles, Éd. La Charte, 2005, p. 17-47. Une exception est formée par l’actuelle commune de La Calamine qui formait entre 1815 et 1919 le territoire de Moresnet-Neutre et qui n’a donc jamais fait partie de la Prusse. [3] Quelques données chiffrées et informations de base peuvent être trouvées chez Heinrich Toussaint, Zwangssoldaten », in Alfred Minke éds. Grenzland seit Menschengedenken, Biblio-Cassette 2 Abhängigkeit, Eupen, 1990, no 74. [4] Freddy Cremer, „Verschlusssache Geschichte“. Über den Umgang mit der eigenen Vergangenheit », in Cremer Freddy, Fickers Andreas, Lejeune Carlo eds., Spuren in die Zukunft. Anmerkungen zu einem bewegten Jahrhundert, Büllingen Lexis-Verlag, 2001, p. 9-26 p. 23-24. [5] Martin R. Schärer, Deutsche Annexionspolitik im Westen. Die Wiedereingliederung Eupen-Malmedys im zweiten Weltkrieg, 2e éd., Peter Lang, Francfort/M., 1978 1re éd. 1975 ; thèse défendue en 1972. [6] Peter M. Quadflieg, „Zwangssoldaten“ und „Ons Jongen“. Eupen-Malmedy und Luxemburg als Rekrutierungsgebiet der deutschen Wehrmacht im Zweiten Weltkrieg, Aix-la-Chapelle, Shaker Verlag, 2008. [7] Rudi Van Doorslaer, L’héritage politique de la guerre et en particulier de la collaboration en Belgique, 1945-2000 », in Archives nationales Luxembourg éds, Collaboration Nazification ? Le cas du Luxembourg à la lumière des situations française, belge et néerlandaise. Actes du colloque international de Neumünster, mai 2006, Éd. Archives nationales, Luxembourg, 2008, p. 444-460 p. 453. [8] Heinrich Toussaint, Verlorene Jahre, Schicksale einer Kriegsgeneration im Grenzland, 1, Eupen, Grenz-Echo-Verlag, 1987 ; id., Bittere Erfahrungen, Schicksale einer Kriegsgeneration im Grenzland, 2, Eupen, Grenz-Echo-Verlag, Eupen, 1987. [9] Pour ce qui suit, voir Christoph Brüll, Entre méfiance et intégration. Les germanophones dans l’armée belge 1920-1955 », in Cahiers belges d’histoire militaire, no 4, 2006, p. 135-167. [10] Heidi Christmann, Presse und gesellschaftliche Kommunikation in Eupen-Malmedy zwischen den beiden Weltkriegen, thèse de doctorat en communication, Munich, 1974. [11] Christoph Brüll, Die deutschsprachigen Einheiten in der belgischen Armee zwischen den beiden Weltkriegen, Saint-Vith, Éd. zvs, 2004, p. 109. [12] Cf. Jean Vanwelkenhuyzen, Les Avertissements qui venaient de Berlin, Paris/Gembloux, Duculot, 1982. [13] Heinrich Toussaint, Kollaboration und Widerstand », in Grenzland seit Menschengedenken, Biblio-Cassette 2, Abhängigkeit, no 71. [14] Führererlass du et décret d’exécution du ; Reichsgesetzblatt, 1940/I, p. 777 et 803. Les conséquences historiques et juridiques de cette annexion sont analysées par Carlo Lejeune, Die Säuberung, t. I, Ernüchterung, Befreiung, Ungewissheit 1920-1944, Büllingen Lexis-Verlag, 2005, p. 63-75 et Jacques Wynants, Les autorités belges et la situation des cantons de l’Est 1940-1944 », in Bulletin d’information du Centre liégeois d’histoire et d’archéologie militaires, vol. IX, fasc. IV, mars 2004, p. 15-26. [15] Cf. Walter Pintens, Historische Betrachtungen über das deutschsprachige Gebiet und über die rechtliche Stellung der deutschen Sprache in Belgien », in Fred Stevens et Auweele Van Den, Dirk éds., Houd voet bij stuk. Xenia iuris historiae G. Van Dievoet oblata, Katholieke Universiteit Leuven, Leuven, 1990, p. 541-560. L’auteur estime que 13 % de la population de ces dix communes » avaient l’allemand comme langue maternelle en 1930, taux qui diminuera à 0,72 % en 1947. [16] Schärer, op. cit., p. 79 sq. et 283. [17] Idem, p. 108. [18] David Mennicken, Die Heimattreue Front. Eine „nationalsozialistische“ Organisation in Belgien 1936-1940, mémoire de master en histoire inédit, Université catholique de Louvain, 2009-2010. [19] Schärer, op. cit., p. 56 sq. et 146. [20] Idem, p. 113 et 125. [21] Idem, p. 140-143 ; Carlo Lejeune, Die Säuberung, t. II, Hysterie, Wiedereingliederung, Assimilierung 1945-1952, Büllingen Lexis-Verlag, 2007, p. 181-189. [22] Schärer, op. cit., p. 133 sq. [23] Reichsgesetzblatt, 1940/I, p. 1222 sq. et l’arrêté d’exécution du Reichsgesetzblatt, 1941 I, p. 376 sq. [24] Reichsgesetzblatt, 1940/I, p. 803. [25] Reichsgesetzblatt, 1942 I, p. 584. Cf. Schärer, op. cit., p. 143-158. [26] Idem, p. 161. [27] Idem, p. 162 ; Quadflieg, op. cit., p. 68, 143 sq. Un document trouvé par l’auteur aux archives de la ville d’Eupen et réalisé dans le courant de l’épuration civique d’après-guerre comporte 96 noms de volontaires pour les années 1940 à 1944. Si la proportion de volontaires ne diffère pas trop du nombre d’habitants, le chiffre avancé de 700 volontaires concernerait alors probablement la période 1940-1944 et non la seule période entre mai 1940 et septembre 1941. Archives de l’État à Eupen, Eupen Neuzeit, Nr. 1415 y 11 Dossier Ausschluss vom Militärdienst 1945-1949, Liste Des volontaires à l’armée allemande ». Cela correspond également aux données relevées par Quadflieg dans un échantillon de 263 soldats originaires d’Eupen-Malmedy. [28] Schärer, op. cit., p. 161-162. [29] Quadflieg, op. cit., p. 69-71. [30] Idem, p. 73-74. [31] Carlo Lejeune et Klauser Klaus-Dieter, Die Säuberung, t. III, Verdrängte Erinnerungen – 340 Zeitzeugen berichten, Büllingen Lexis-Verlag, 2008, p. 133. [32] Lejeune, Säuberung, t. II, p. 179-180. [33] Lejeune, Säuberung, t. I, p. 79. [34] Idem, t. II, p. 180. Ces estimations sont établies sur la base des chiffres donnés par les différentes communes, à l’exception des deux Kreisstädte pour lesquelles on ne possède pas de chiffres précis. [35] Lejeune et Klauser, Säuberung, t. III, p. 139-147 reprend des témoignages sur les réfractaires et le silence qui entourait leur fuite. [36] Tous les chiffres sont cités par Schärer, op. cit., p. 165. [37] Cf. les remarques chez Quadflieg, op. cit., p. 84-85. [38] Schärer, op. cit., p. 163-164 ; Quadflieg, op. cit., p. 76-79. [39] Idem, p. 157-159. [40] Schärer, p. 162. [41] Exemples chez Toussaint Bitte Erfahrungen et Verlorene Jahre. Une étude systématique des lettres de campagne – champ de recherche de plus en plus fréquenté en Allemagne – manque. [42] Nous ne citons que la synthèse du grand projet Wehrmacht im Vernichtungskrieg » de l’Institut für Zeitgeschichte de Munich Christian Hartmann, Johannes Hürter, Peter Lieb et Dieter Pohl, Der deutsche Krieg im Osten 1941-1944. Facetten einer Grenzüberschreitung, Oldenbourg Munich, 2009. [43] Lejeune et Klauser, Säuberung, t. III, p. 135 et 139. [44] Quadflieg, op. cit., p. 132-133. [45] Idem, p. 148-149. [46] Idem, p. 150. [47] Idem, p. 151-154. [48] Idem, p. 158. [49] Pour ce qui suit Lejeune, Säuberung, t. II, p. 204-207. [50] Idem, t. I, p. 82-84. [51] Freddy Cremer, Als man den aufrechten Gang wieder lernen musste. Von den “Incivique“ zu den “Modellbelgiern“ », in Cremer Fickers et Lejeune, op. cit., p. 99-116. [52] Nicolas Dewald, L’Indemnisation des enrôlés de force dans l’armée allemande, mémoire de licence en histoire inédit, Université de Liège, 2004-2005. AffichesDe Propagande Ww2. Ludwig Hohlwein 1874 - 1949 architecte et plasticien allemand. Propagande Seconde Guerre Mondiale. Affiches Historiques. Affiche Propagande. Photos Militaires. Histoire Militaire. Racisme. Affiches Rétro. Poster Affiche. Allemagne. La seconde guerre mondiale au jour le jour "Venez au nord avec nous" Affiche de recrutement norvégienne
Suite C’est en 1938 qu’une crise grave dans les cercles les plus élevés de la Wehrmacht, que la VT va pouvoir enfin prendre son envol. Au mois de février, Von Fritsch et le maréchal Von Blomberg sont forcés de quitter la scène suite à deux scandales d’ordre sexuel montés de toute pièce par Göring et Hitler. Sautant sur l’occasion, le Führer s’autoproclame commandant suprême de la Wehrmacht. Le 17 août, un arrêté de la Chancellerie consacre officiellement la gauche à droite Von Rundstedt, Von Fritsch, et Von BlombergTransporté, le Brigadeführer-SS Leo Petri, de la direction générale SS, exulte La Wehrmacht a compris qu’il ne sert à rien de vouloir résister aux forces nouvelles qu’exige le IIIe Reich ! ». Mais déjà , rien ne va plus. Les chefs VT se méfient de l’arrêté du Führer dont certains alinéas bousculent leur sensibilité La Verfügungstruppe-SS ne fait partie ni de la Wehrmacht ni de la Police. C’est une formation armée à mon entière disposition. En tant que telle et en tant que groupement NSDAP, elle est soumise entièrement aux directives données par moi au Parti et à la Schutzstaffel ». Pour les militaires de carrière de la VT, les déclarations exubérantes de Leo Petri, et ses visions idéales de l’armée du Parti », sont parfaitement ridicules et nauséabondes ; pour eux, rien n’est plus grotesque que les conceptions néo-païennes d’Heinrich Himmler qui se plaît à considérer la troupe SS comme un maillon parmi d’autres dans la chaine d’acier » d’une entité parfaite chargée de la sécurité du Reich Millénaire – rien de tout cela ne convainc ces hommes aguerris et terre-à -terre ; ils sont soldats, et n’ont qu’une ambition le PetriLes chefs VT s’emploient donc à tout tenter pour se dégager de l’emprise du haut commandement de l’Armée. Le 23 janvier 1939, Paul Hausser se plaint ouvertement La Verfügungstruppe-SS est la seule formation de la SS qui soit soumise, en dehors de l’autorité qu’exerce sur elle le Reichsführer, aux décisions d’une autorité étrangère à la SS, à savoir l’OBH Oberbefehlshaber des Heeres ». C’est la naissance d’un fossé qui, au fil des ans, va se creuser de plus en plus entre les cadres de la Waffen-SS et le Reichsführer…Déjà , en 1937, au grand dam d’Himmler et contre sa volonté, la VT avait opté pour un uniforme feldgrau similaire à la Wehrmacht, et voici maintenant que ses officiers envisagent de supprimer les grades SS et introduire ceux en usage dans l’armée régulière. C’en est trop ! Furieux, le Reichsführer oppose son veto par l’entremise du Hauptamt Dienststelle en la personne du Gruppenführer-SS Heyssmeyer La VT ne connaît ni bataillons ni compagnies, mais uniquement des Stürme et des Sturmbanne. Les chefs VT ne sont pas des chefs de bataillons ou de compagnies, mais des Sturmführer et des Sturmbannführer ».Dans tous ses états, Himmler se rend parfaitement compte que les officiers VT tentent de se distancier de lui ; il sait très bien aussi qu’ils rechignent de plus en plus à accomplir les tâches policières » décidées par le régime, et qu’ils les considèrent dégradantes. Pour coiffer le tout, le Reichsführer n’arrive même plus à imposer la formation qu’il souhaite pour ces hommes servir préalablement dans d’autres formations SS afin d’êtres imprégnés » de leur appartenance à l’Ordre Noir, ni à imposer la présence d’instructeurs idéologiques issus du SS-Schulungsamt. Impuissant, il doit, à contre cœur, se résoudre à laisser le conditionnement mental de ses légionnaires aux mains des officiers supérieurs VT, or c’est là que le bas blesse La VT est partagée entre deux pôles opposés. D’une part des officiers de formation rigoureusement militaire ayant choisi de s’éloigner de l’idéologie du NSDAP et, d’autre part, des führers VT plus jeunes, totalement imprégnés du climat et de la pensée nazie dans lesquelles ils ont grandi. Ce sont ces derniers – investis du sentiment d’êtres les gardiens de l’orthodoxie nationale-socialiste » – qui vont, du moins au début, dispenser un enseignement destiné à transformer l’engagé de base en nazi fanatique, aveugle, ne mettant jamais un ordre en doute. Cette formation est accompagnée d’une puissante propagande antichrétienne Début 1939, 53,6% des hommes de la VT ne fréquentent plus leurs églises, dépassés seulement par les hommes des Totenkopfverbände où la baisse de fréquentation s’élève à environ 69%. Mais, si beaucoup ont cru y voir une volonté de renouer avec le germanisme païen idéalisé par Himmler, ils font fausse route… En abandonnant le Christianisme, la VT renonce à toute forme d’attachement religieux – devenant une sorte de bastion de l’athéisme national-socialiste ».La 2e Guerre Mondiale met un terme au rôle para-policier de la VT ; elle est maintenant propulsée au cœur de l’action, sur le champ des opérations aux côtés de la Wehrmacht. Un décret du 18 mai 1939 autorise Himmler à rassembler hommes de l’Allgemeine-SS en qualité de renfort aux formations Totenkopf. Mais, le 19 août 1939, l’OKW transmet à l’inspection VT un ordre du KdF précisant que la Verfügungstruppe-SS est assujettie aux ordres du Haut Commandement des Armées. C’est lors de la campagne de Pologne que la VT, forte de seulement hommes, va s’illustrer pour la première fois, essentiellement grâce aux opérations menées par les troupes d’élite de Steiner. Mais ce n’est pas suffisamment concluant les fantassins VT sont, de façon générale, peu aptes au combat, quant aux officiers, ils trahissent de graves lacunes au niveau de la complexité du commandement au sein d’une armée. Tout cela va, bien entendu, dans le sens souhaité par les vieux militaires prussiens, qui veulent à tout prix empêcher la VT d’obtenir l’autorisation de former une division. C’est finalement le Brigadeführer-SS Gottlob Berger futur protecteur » d’Oskar Dirlewanger qui va briser l’emprise de la Wehrmacht sur la VT… Gottlob BergerMalgré l’avis de hauts gradés Waffen-SS comme Felix Steiner Berger ? Il n’a jamais eu rien à voir avec la Waffen-SS ! », ou de l’Obergruppenführer-SS Bittrich Berger ? Un mouchard ! », Gottlob Berger doit néanmoins être considéré comme le véritable père » de la Waffen-SS. C’est un soldat compétant, engagé volontaire pendant la 1e Guerre Mondiale… pourtant, jamais les hommes de la VT ne le considèreront comme l’un deux ; ils méprisent ses bavardages et le haïssent pour son rôle de souffleur » du Reichsführer-SS… Quoi qu’il en soit, Hitler autorise finalement le transfert des formations Totenkopf et des unités de l’Ordnungspolizei à la VT ; la Waffen-SS est née. En 1941, Himmler et Berger disposent de quatre divisions et d’une brigade… Il reste encore un problème qui nuit non seulement à l’indépendance souhaitée par la Waffen-SS, mais aussi à son expansion le recrutement de citoyens allemands est soumis à l’approbation du service de recrutement de l’OKW… Un obstacle qu’il s’agit maintenant de contourner. Pour cela, il convient de trouver des volontaires sur un territoire où l’OKW n’a aucune juridiction ; et ce territoire est tout trouvé au-delà des frontières du Reich, vers le sud-est européen, où vivent environ 1,5 million de Volksdeutschen… Bientôt, avec ou sans l’accord des gouvernements concernés, des milliers d’individus sont abordés par les agents recruteurs de Berger. Cet aspect de volontariat ne durera qu’un temps ; plus tard la force et le chantage interviendront chaque fois que cela s’avèrera nécessaire. En 1943, les Volksdeutschen forment un quart des troupes d’une Waffen-SS forte de hommes, mais s’avèrent des recrues de seconde catégorie ; à la fin de la guerre, ils seront des quatre coins de l’Europe. Puis arrivent les Hollandais, les Belges, les Norvégiens – car il s’agit de ne pas rater l’avènement de l’Ordre Nouveau ; la mort de la démocratie bourgeoise ». Paradoxalement, Himmler et Berger décident de passer outre les critères raciaux, fondements du nazisme, et de la SS en particulier ; plus rien ne freine leur ambition. Avec le temps, et au fur et à mesure des conquêtes, des Russes, des Ukrainiens, des Baltes, et même des Musulmans, rejoignent les rangs de la Waffen-SS. Ces nouvelles recrues – aux mentalités on ne peut plus éloignées de la mentalité allemande – font bientôt parler d’elles, s’illustrant par d’innombrables massacres et exactions en tout genre… La politique consistant, par exemple, à incorporer des Musulmans Croates et Serbes dans les divisions Handschar, Kama, et Skanderberg pour combattre les Serbes Chrétiens qui rejoindront Tito est un désastre total. D’ailleurs, la Wehrmacht ne cesse de se plaindre en haut lieu d’avoir à ses côtés des sauvages, dérogeant constamment aux règles morales, violant, pillant, et massacrant indifféremment ennemis, prisonniers, et civils ; même Himmler et Berger sont contraints de l’admettre. Les trois divisions sont dissoutes. Bien entendu, il n’y a pas que la Waffen-SS à user de telles méthodes ; les directives officielles soviétiques précisent que l’Armée Rouge n’a pas à faire de prisonniers, et que ces directives concernent autant la Wehrmacht que la Waffen-SS. Et que dire des collaborateurs ultranationalistes, anticommunistes, et antisémites des pays conquis ? Quoi qu’il en soit, au fur et à mesure que la guerre se poursuit, les crimes monstrueux de la Waffen-SS ne font que se multiplier, en Serbie, en Grèce, en France, en Italie, en Pologne, en Ukraine, en Biélorussie, en Lettonie, dans mille lieux oubliés de l’Histoire… En acceptant de plus en plus d’hommes aux motivations diverses, originaires de tous les horizons souvent les plus obscurs, peu ou pas entraînés et se battant du jour au lendemain aux côtés de soldats formés, la Waffen-SS provoque elle-même la dégradation de la mentalité de ses troupes déjà prédisposées au combat sans merci… Engagés souvent sous la contrainte, ces soudards n’ont pas la foi » de leurs ainés allemands, ni leur sens de la discipline, ni même leur bravoure au combat. Pourtant, inlassablement, l’Armée NSDAP continue son expansion ; d’ici la fin de la guerre, elle comptera hommes n’éprouvant que mépris pour la Wehrmacht…Dès 1943, de nombreux volontaires demandent leur démobilisation ; les régiments Flamands, Norvégiens, et Hollandais, s’opposent de plus en plus aux méthodes d’instruction. Ému, Himmler reproche à ses officiers de manquer de doigté » envers les Germains étrangers ». La Guerre avance ; l’étau se resserre… Pour les généraux Waffen-SS, le rêve millénaire pour lequel ils livrent bataille se dissout autour d’eux. Le lien idéologique qui relie la Waffen-SS à l’Allgemeine-SS et à l’Ordre Noir s’effrite pour disparaître complètement. Voici maintenant qu’ils doutent de l’infaillibilité d’Adolf Hitler ; qu’ils doutent de la victoire. Inexorablement, la Waffen-SS se met à ressembler de plus en plus à un Corps Francs, ne se battant plus que pour ses propres couleurs sous le commandement d’officiers qui ne croient plus dans les valeurs de leur propre pays. Pour eux, la patrie » c’est désormais la troupe les combats livrés ensemble, le souvenir des morts – le lien qui unit tous ceux qui ont subit ensemble une épreuve terrible…Février 1943, pour sauver ses hommes et permettre une contre-offensive, Paul Hausser ordonne le retrait des troupes massées à Kharkov, désobéissant ouvertement aux ordres d’Hitler. Le Führer grince des dents, mais aucune sanction n’est prise. Le Reichsführer, qui depuis 1942 a pris conscience du danger d’une éventuelle autonomie totale de la Waffen-SS au sein de la guerre, se voit maintenant de plus en plus souvent confronté à des épisodes de désobéissance flagrante - Les chefs Waffen-SS affichent une attitude très réservée » vis-à -vis des autres formations SS, et ne collaborent que difficilement avec Himmler doit continuer à se battre pour empêcher les grades SS d’être abandonnés pour les grades Les officiers Waffen-SS commencent à mettre leurs troupes à la disposition de la Wehrmacht malgré l’interdiction formelle d’ Himmler est obligé d’accepter que les chefs Waffen-SS de haut rang usent, parallèlement à leurs grades SS, des signes distinctifs d’usage dans la liste est longue… Anecdotique parfois Himmler est constamment obligé de prier Felix Steiner de cesser de signer ses lettres Général Steiner ». Bon prince, le Reichsführer cède sur les petits détails ; mais sûrement pas en matière d’idéologie l’idée nationale-socialiste. Mais rien n’intéresse moins les hommes de la Waffen-SS. Dans plusieurs unités, les cours idéologiques » d’Himmler sont tout simplement supprimés. Dans d’autres, les instructeurs idéologiques se font huer. Un informateur secret du Reichsführung-SS rapporte C’est à gerber ! On n’arrête pas de nous casser les oreilles avec l’esprit SS. L’esprit SS ? Qu’est-ce que c’est ?! ». Quels ingrats ! Oser abonder dans le sens de la Wehrmacht plutôt que dans celui de la SS ! Himmler s’en prend violemment à l’Obergruppenführer-SS Höfle à ne pas confondre avec le Standartenführer-SS Höfle d’Aktion Reinhard, outré par sa collaboration ouverte avec la Wehrmacht Que cette lettre vous soit un avertissement ! Le dernier ! Vous êtes un subordonné aussi désobéissant qu’inapte à l’exécution des ordres. […] Vous voudrez bien me faire savoir par retour de courrier si oui ou non vous allez vous conformer à mes ordres plutôt qu’aux suggestions de votre état-major ! ». À son tour, l’Obergruppenführer-SS Wilhelm Bittrich se permet de faire des observations critiques. Il est immédiatement cassé par Himmler. Malgré cela, Bittrich – appuyé par le général Model Armées Ouest – ignore la sanction et reste en apprend ensuite que son Obergruppenführer-SS favori, Felix Steiner, l’aurait traité de romantique vaseux » et, plus sérieusement, aurait ouvertement attaqué la propagande nazie consistant à définir le Slave comme untermensch… Le Reichsführer pique d’abord une crise d’hystérie Vous êtes mon général le plus désobéissant ! » ; puis tente tout pour se rabibocher avec lui lui envoie des émissaires pour l’inciter à la discipline, en appelle à ses devoirs, à la reconnaissance, le flatte… En vain. Au sein de la troupe, le Heil Hitler ! » traditionnel n’est plus vraiment d’actualité ; on ne dit plus guère que Heil » maintenant. En Juin 1943, dans un restaurant de Berlin, Felix Steiner déjeune avec un vieil ami, Fritz Dietlof, Comte Von Schulenburg. Ce dernier murmure à son ami Il faudra qu’on liquide Hitler, sinon il va réduire l’Allemagne à néant ». Déjà la Waffen-SS, gardienne du régime, n’existe plus… Un an plus tard, ce sera l’attentat du 20 juillet 1944 – et la mort annoncée du Reich de votre attentionEddy SOURCES - Reitlinger, Gerald. The SS, Alibi of a Nation 1922-1945 Arms & Armour Press, London, 1981- Höhne, Heinz. L’Ordre Noir ; Histoire de la SS – Casterman, 1968- Lumsden, Robin. The Black Corps – Ian Allan Publishing. Shepperton, 1992- Quarrie, Bruce. Hitler’s Samurai ; the Waffen-SS in action – Patrick Stevens Ltd/Thorsons, 1986- Rhodes, Richard. Masters of Death The SS Einsatzgruppen and the Invention of the Holocaust – Vintage Books, USA ré-édition août 2003- Padfield, Peter. Himmler ; Reichsführer SS – Papermac, 1995
Buyonline, view images and see past prices for Affiche de recrutement de la Waffen SS représentant un soldat de la SS. Nombreuses traces de pliures, une légère déchirure, sans adresse. Dimensions 63 X 42 cm. Etat I-. Invaluable is the world's largest marketplace for art, antiques, and collectibles.Wednesday, August 17, 2022 Détails Catégorie Dossier spécial Forez 1940-1944 Publication 20 mai 2007 Dans le Pilat, il y a un petit village. Dans le village, il y a un petit cimetière au milieu duquel se trouve un imposant tombeau surmonté d'une grande croix. Ici repose Jean de Mayol de Lupé, un homme d'église qui sent le soufre. Voici une histoire classée X. La dernière tanière du loup . Dans le Pilat, à une vingtaine de km de Pélussin, en direction du Rhône, il y a le petit village de Lupé. A la tombée du jour, les derniers rayons du soleil illuminent parfois un château massif, dans un virage sur le bord de la route à la sortie du village. C'est une belle forteresse polygonale flanquée d'une tour ronde à l'ouest et dont les murs sont cernés sur tout leur pourtour par une bande de machicoulis sur corbeaux. L'accès au château, classé, est fermé par un mur d'enceinte et un portail ; on ne peut l'apercevoir que du bord de la route. Une haute croix à droite du portail et les branches décharnées d'un grand arbre en hiver donnent au lieu une beauté indéniable. Le site fut ouvert à la visite pendant une dizaine d'années mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Et c'est bien dommage. . .Le château a été construit au XVe siècle mais Emile Salomon, dans Les châteaux historiques du Forez 1916, reprenant les propos du chanoine La Mure, nous indique que la seigneurie de Lupé, elle, remonte à la plus haute antiquité. A l'époque mérovingienne, saint Ennemond, sentant sa vie menacée par Ebroïn, aurait fait venir auprès de lui, à Lyon, un chevalier de Lupé nommé Valdebert. Mais le nom de Lupé reste surtout attaché à la famille De Gaste, dont une dame du XVIe siècle, Marguerite, fut aimée et chantée par Anne d'Urfé. Le nom du village semblerait venir du latin lupus » autrement dit loup ». Le nom des Urfé, dont certains membres, comme les Gaste de Lupé, ont combattu contre les réformés protestants et dans la Sainte Ligue, pourrait avoir la même origine animale. Il était tentant de glisser un mot à ce sujet. Mais beaucoup d'autres l'avaient déjà fait avant nous. L'église du village est placée sous le vocable de sainte Blandine, la jeune martyre lyonnaise. Au dessus du portail, une sculpture la représente à genoux, en prière les bras croisés sur la poitrine. Elle est ligotée à un poteau et le lion qui devait la croquer est paisiblement couché à ses côtés. On remarque de chaque côté de la scène deux blasons. Celui de droite est celui de la famille De la Baume, en langage héraldique " D'or à trois chevrons de sable ; au chef d'azur chargé d'un lion issant d'agent, couronné d'or ". L'autre est celui de la famille de Mayol de Lupé, il est " de sinople à six pommes de pin, versées d'or, 3, 2 et 1 " autrement dit, bien que la pierre ne rende pas les couleurs, normalement vert avec six pommes de pins dorées disposées sur trois bandes ; trois en haut, deux au centre et une en bas. . Jean de Mayol de Lupé Le personnage auquel nous allons nous intéresser dans cet article appartenait à cette dernière lignée. Il repose dans le cimetière du village, dans l'impressionnant tombeau famillial. Jean de Mayol de Lupé tenait à la fois du lion et du loup. Du lion, il ne fait aucun doute on ne reçoit pas une quinzaine de décorations dont la Croix de guerre, la Médaille des évadés et la Croix de fer et 13 citations en ne fréquentant que les champs de courses. Du loup, car certaines paroles, en uniforme allemand - " C 'est un beau mystère, une chanson de geste, qu'écrivent nos gars à la pointe de leur baïonnette" ' ne s'entendent guère de la bouche des agneaux. Apôtre du Christ et d'Adolf Hitler, cinglé fachiste et sulfureux, moine-soldat truculent sorti tout droit du Moyen Age, l'âme damnée ? de la et de la Divison Charlemagne » n'a jamais laissé personne indifférent. Ni ceux qui l'ont côtoyé, ni les autres. Aujourd'hui encore, comme nous le verrons en fin d'article, dans la vallée de la Déome, de jeunes admirateurs viennent en pèlerinage » à Lupé. Voici son histoire, brièvement résumée. . . Avertissement Cet article s'inscrit dans notre dossier Forez 40-44. Il est basé en particulier sur le travail de certains auteurs dont nous devons dire un mot. Marc Augier, connu sous son pseudo de Saint Loup, est l'auteur des Volontaires, qui raconte l'histoire de la Rallié à l'idéologie nazie, Saint-Loup fut durant l'Occupation le rédacteur en chef du journal collaborateur La Gerbe et correspondant de guerre sur le front russe dans le sillage de la et des Waffen SS français. Clandestin après 1945, il faillit remporter le prix Goncourt en 53 avec La nuit commence au Cap Horn, avant que son identité ne soit révélée. Il s'est éteint en 1990. Jean Mabire est connu pour ses nombreux ouvrages consacrés aux unités d'élite, en particulier allemandes durant le deuxième conflit mondial. Ecrivain de la droite nationale », décédé, il écrivait une chronique littéraire dans National-Hebdo. Nous utilisons son livre La Division Charlemagne ». Nous savons peu de choses de René Bail, auteur des Croix de Monseigneur de Mayol de Lupé, sinon qu'il a écrit des ouvrages consacrés aux guerres d'Indochine et d'Algérie. Les deux premiers livres, parce que leurs auteurs comme nous l'avons écrit, sont proches de l'idéologie nationale, font de Mayol de Lupé un grand homme, excessif et inquisiteur, comme il se doit. Dans le troisième, l'auteur s'emploie à montrer sans illusion que Mayol de Lupé, l'homme, ne doit pas être résumé à un symbole ; en l'occurrence un uniforme feldgrau et deux runes en forme d'éclairs. Mais un uniforme feldgrau et deux runes en forme d'éclair est une croix lourde à porter, surtout d'ailleurs pour ceux qui ne l'ont pas portée ! En même temps, on chercherait aussi en vain, dans le livre, toute allusion à une forme de racisme, racialisme ou autres antisémitisme directement affirmé par De Lupé. Et cette absence, fondée ou non , peu importe, en devient suspecte. Mabire, au moins se distingue par une ironie mordante, écrit que "De Lupé était capable de convertir Hitler au Christianisme et Joséphine Baker au racisme" ou qu'"il ne faudrait pas le pousser beaucoup pour qu'il compare Himmler à l'archange Saint Michel." C'est rassurant », en même temps peut-être injuste. Bail nous dit de nous méfier de ce qu'ont écrit Mabire et Saint-Loup. . Bref, il est difficile d'écrire sur Mayol de Lupé. Il pourrait apparaître au premier abord trop complaisant pour l'homme qui fut aussi, au delà de son engagement politique condamnable mais à une époque ô combien trouble, un authentique héros. Seul un article publié dans le journal Marianne évoque brièvement et fanchement De Lupé comme un cinglé. Mais le journal, qui ne porte pas particulièrement les curetons » dans son coeur, en particulier ceux de l'ancien temps et qui plus est quand ils ont endossé l'uniforme allemand, l'évoque brièvement dans le cadre d'un article consacré plus généralement aux Français de la Collaboration armée ; tous fachistes voués aux gémonies. Mais sans expliquer ce qui a pu les conduire à leur engagement. Il semblerait par ailleurs que l'auteur emprunte surtout aux livres de Mabire et Saint-Loup, ce qui évidemment, ne rehausse pas l'image de Monseigneur ». A noter au passage qu'aujourd'hui, en 2011, ce terme de "collabos" est très prisé à l'extrême-droite, en particulier dans les milieux identitaires... Les quelques anciens Historia consultés, consacrés à La Milice et La chute du Reich, n'évoquent de Mayol de Lupé que la truculence du personnage et la vénération dont il faisait l'objet de la part de ses ouailles ». . Famille... La famille de Mayol est une très ancienne famille originaire du Pilat, de Bourg-Argental. Elle occupait un rang distingué dans la bourgeoisie de robe avant d'être anoblie au début du XVIIIème siècle. Les Mayol de Lupé ont affirmé être apparentés à d'autres Mayol, la noble famille provençale des Mayol de Saint-Maximin, laquelle a donné Saint Mayol, abbé de Cluny au Xème siècle. Cependant, la plus ancienne mention d'un Mayol du Forez daterait de 1529. Il s'agit de Thomas Mayol, procureur du roi au bailliage de Forez. D'autres furent capitaines châtelains des châteaux et seigneuries de Lupé et Montchal. En 1660, Guillaume de Mayol, seigneur de Logelière, est conseiller au bailliage de Vivarais, juge général de la ville d'Annonay et maître des requêtes de la reine Anne d'Autriche. Le 19 avril 1707, François de Mayol est anobli. Il achète la seigneurie de Lupé. . . En 1955, quand Jean de Mayol de Lupé s'éteignit, le château n'appartenait plus à la famille, contrairement à ce qu'ont écrit certains journalistes lors de son procès; ce qui nous a été confirmé aussi par le châtelain actuel qui n'est pas apparenté à la famille de Mayol de Lupé. A l'aube du XIXe siècle, un chanoine de ses ancêtres y avait installé des Soeurs de Saint Joseph et vendu la demeure pour un prix dérisoire, en stipulant que le château devait revenir à sa famille si un membre en faisait la demande. Octave Marie Eugène de Mayol de Lupé essaya en vain de faire appliquer cette clause. Le château échappa définitivement aux Mayol de lupé. D'après Emile Salomon, déjà cité, Octave de Mayol de Lupé repose dans le village. Voici son épitaphe "Comte de Mayol de Lupé, Commandeur de Saint Grégoire le Grand, + à Bourg-Argental le 11 avril 1893 à l'âge de 56 ans." Jusqu'à la Révolution, les Mayol de Lupé sont possesseurs de nombreuses seigneuries et titulaires d'offices. La famille s'allie, par mariages, à d'autres familles nobles et donne de nombreux hommes d'église abbés, chanoines et autres prieurs et aumôniers. Cette tradition, somme toute assez courante dans les familles nobles, ne se démentira jamais chez les Mayol de Lupé. Jean et trois de ses soeurs entreront dans les ordres. En 1793, la terreur révolutionnaire frappe la famille de Mayol. Une inscription indique sur le caveau famillial de Lupé "Fleury Zéphyrin de Mayol de Lupé, fut immolé à Lyon par la fureur révolutionnaire le 26 frimaire an II." Son père repose aussi dans le tombeau "Jacques Joseph de Mayol, seigneur de Lupé et autres lieux, conseiller d'honneur à la cour des Monnaies de Lyon, emprisonné à Roanne sous la Terreur, sauvé de la mort par le IX Thermidor chute de Robespierre, ndlr + à Lupé le 25 février 1807 à l'âge de 89 ans. Il fut surnommé le Père des pauvres." Une comtesse de la famille et une religieuse reposent de même dans l'impressionnant tombeau, à la fois massif et dépouillé; également cinq prêtres du village. Parmi eux "André Oriol, curé de Lupé, prêtre vraiment héroïque pendant tout le cours de la persécution révolutionnaire. Il fut le soutien des pauvres, le consolateur des malheureux et un ami très fidèle pour la maison de Mayol de Lupé. + le 28 mai 1829 à 77 ans." . Dieu et Patrie Clin d'oeil du destin, Jean de Mayol de Lupé vint au monde, à Paris, le 21 janvier 1873, 80 ans jour pour jour après la décapitation de Louis XVI. Toute sa vie, il a voué une haine farouche aux symboles de la République le drapeau tricolore et la Marseillaise. Royaliste légitimiste, il avait de qui tenir. Son père, Henri, refusant de prêter serment à Napoléon III avait renoncé de fait à une carrière militaire en France. Qu'à cela ne tienne, il était allé combattre en Italie, d'abord au service de François II, roi de Naples, puis au service du Pape. C'est d'Italie qu'Henri de Lupé ramena, outre quelques médailles, Elisabeth de Caracciolo, la mère de Jean. Ce dernier entre chez les Bénédictins, enseigne diverses matières et est ordonné prêtre en 1900. Jusqu'en 1914, l'homme de Dieu exerce des fonctions auprès de certains cardinaux romains. Quand la guerre éclate, il est affecté au front en qualité d'aumônier des armées. Débute alors l'épopée militaire de notre homme, 41 ans en 1914, qui ne s'achèvera qu'en 1945, en Allemagne. Il risque sa vie de nombreuses fois pour apporter l'absolution aux mourants jusqu'au jour où il est fait prisonnier. Il prend la poudre d'escampette, erre dans le no man's land nordiste, est repris, envoyé en Allemagne. Il s'évade encore, est repris. Il est finalement libéré en 1916. En 1918, il est blessé. En 1919, l'aumônier est affecté en Bessarabie. René Bail cite le témoignage d'un soldat qui l'a connu alors "En tant qu' homme, il en imposait. Comme prêtre, il était respecté, mais aussi très aimé, adoré même de la troupe ... Il visitait tous les régiments, par tous les temps. Par - 30°, il partait à cheval et revenait quelquefois complètement frigorifié. Il fallait l'aider à descendre de sa monture !" Le Père Mayol de Lupé sur son cheval, un souvenir que semble avoir gardé dans leur esprit une foule de soldats, des champs de bataille de France, de Bessarabie, d'Orient... Elle revient sans arrêt, comme une image de Gustave Doré dans les anciens livres d'histoire. Philippe Masson dans La nach Moscou », Historia n° 40 "A tout moment on le rencontre à cheval, exposant aux ardeurs de l'été son torse nu de vieil athlète, une grande croix de cuivre à son ceinturon, un parabellum enfoncé dans la botte, et distribuant à ses fils » de généreuses bénédictions." La scène se déroule dans les plaines de Russie en 1943, Monsignore » a lors 67 ans. L'homme se distingue aussi par son franc-parler et son humanité. En Bessarabie, il côtoie, console et secourt les syphilitiques, les ivrognes, les pécheurs de tous bords... Ensuite c'est l'Orient. De Mayol de Lupé gagne la Syrie en 1921 où il s'y distingue encore. Il est cité à l'ordre de l'armée et inscrit aux tableaux de la Légion d'honneur. De la Syrie, il rejoint le Maroc et l'Algérie. Mis à la retraite » militaire, il donne ensuite des cours à la Sorbonne. Un détail étonnant, au regard de ce que sera sa vie future il écrit un article en collaboration avec André Pinaud La paix, le legs d'Israel pour lequel il reçoit les félicitations du rabbin Lévy. Dans les années 30, il effectue plusieurs voyages en Allemagne. Il y rencontre l'ambassadeur de France André-François Poncet qui lui dit un jour à propos d'Hitler "Que le monde se méfie, car après avoir aboyé, il pourrait mordre." René Bail toujours, nous dit qu'il fit libérer, via Poncet, le professeur Othmar Spann et son fils, emprisonnés après l' Anschluss. Mieux encore, il serait intervenu auprès de Franco en Espagne, pour faire grâcier Ajuriagerra, un Basque autonomiste que le Caudillo avait fait condamner à mort. Le 2ème bureau l'envoie aussi en Italie, qui fricote » dangereusement avec le Reich, à la pêche aux renseignements. Le 1er septembre 1939, les troupes allemandes attaquent la Pologne. C'est la guerre et De Mayol de Lupé, 66 ans, souhaite reprendre du service ! En vain, alors il continue ses cours pendant que la Wehrmacht envahit la Hollande, puis la Belgique, contourne la ligne Maginot où quelques blokhhaus sauveront l'honneur en résistant jusqu'au bout. C'est l'exode, immense, la débandade, l'occupation de Paris et les premières arrestations. Nombreux alors sont ceux qui viennent solliciter l'homme d'église qui connaît beaucoup de personnalités dont Otto Abetz, ambassadeur du Reich à Paris. Le 22 juin 1941 l'opération Barbarossa lance les armées allemandes contre l'Union Soviétique. Le pacte germano-soviétique n'est plus, les communistes s'engouffrent dans la Résistance et Mayol de Lupé, hanté par le spectre de l'athéisme soviétique choisit son camp. Au nom de l'Occident chrétien, il va pactiser avec le diable. . La nach Moscou . . A Paris, les ultras de la Collaboration s'agitent et intriguent. Citons les plus connus Doriot Parti Populaire Français, Eugène Deloncle chef de l'ancienne Cagoule », Marcel Déat Rassemblement National Populaire, Bucard chef du Francisme, etc. Ils souhaitent mettre sur pied une unité militaire française qui irait combattre sur le front de l'Est aux côtés des Allemands dans leur croisade anti-bolchevique ». Ce sera la Légion des Volontaires Français ». D'abord circonspect, le gouvernement Pétain, devant l'enthousiasme d' Otto Abetz, donne son accord. Le 11 juillet 1941 marque la naissance de la sous la forme d'une association loi 1901, dont le président est Eugène Deloncle. Un communiqué indique "Les mouvements français ont décidé ... de représenter la France sur le front russe et d'y prendre part en son nom au combat pour la défense de la civilisation européenne traduction de l'aspiration de ces partis à l'édification d'un ordre nouveau » européen." Courant juillet, au vélodrome d'hiver, où seront parqués plus tard nos compatriotes juifs, a lieu la première manifestation de masse pour lancer le recrutement pour la Croisade antibolchevique. Doriot qui montre l'exemple dès 1941 en partant combattre, Déat, Deloncle... se succèdent à la tribune. Clémenti éructe "Ce n'est pas la France qui a été battue, mais la bande de salauds, de juifs et de capitalistes." . Le recrutement prévoit la mobilisation des hommes âgés entre 18 et 45 ans, à condition d'être né de parents aryens » et en bonne santé. Malgré une campagne de propagande intense, seuls 1600 volontaires se présentent et 800 seulement seront retenus d'autres chiffres disent 5000 volontaires. La question est maintenant de savoir quelles sont les motivations de ces volontaires qui partent combattre contre l'ours soviétique. Une étude allemande citée dans le livre Volontaires français sous l'uniforme allemand de Pierre Giolitto indique que 30 à 40% des volontaires s'engagèrent par convictions politiques. On trouve aussi nombre d'aventuriers, de crève-la-faim, de farfelus mais aussi de soldats professionnels. Egalement des marins souhaitant venger, en Russie, l'attaque anglaise de Mers-El-Kebir. Saint-Loup "Parmi eux on trouvait des licenciés ès lettres, des ingénieurs, des faux princes et de vrais marquis, des clochards et des héros de la guerre de 1914-1918, d'anciens combattants des Brigades internationales et des partisans de Franco, des acrobates motocyclistes, de vrais curés et de faux évêques." Mais le premier contingent de la qui débarque » en Pologne tombe de haut en découvrant qu'il ne combattra pas sous uniforme français mais allemand ! En effet, le gouvernement de Vichy n'a pas déclaré la guerre à l'Union Soviétique. Les Légionnaires portent cependant un écusson tricolore marqué du mot France » sur leur manche, tout en prêtant serment de fidélité à Hitler. Pour beaucoup de volontaires, anciens combattants de 14 c'est un choc, pour d'autres, fachistes convaincus, un détail. En 1944 se poseront les mêmes états d'âmes aux hommes de la Milice venus rejoindre en Allemagne les Légionnaires et d'autres combattants français pour former la Division Waffen SS Charlemagne ». Nous avons peu de renseignements concernant la dans la Loire. Un bureau de recrutement a existé - semble-t-il - à Bourg-Argental, pays d'origine de la famille De Mayol mais la LVF ne semble pas avoir eu beaucoup de succès dans notre département. Ce ne fut pas le cas de la Milice, comme nous le verrons. Et Mayol de Lupé ? Ce sont ses amis allemands à Paris qui semblent lui avoir proposé de devenir l'aumônier de la Légion. Ils y voyaient un intérêt certain le prestige de l'homme jouait en leur faveur. De Mayol rechigne puis accepte une mission courte, en attendant qu'un aumônier à temps plein soit recruté. Il se rend en Pologne où sont cantonnés les volontaires. Il participe à la cérémonie du serment au cours de laquelle il prononce une homélie "Dieu protègera les défenseurs de la civilisation chrétienne" ; certains soldats ironisent, tous parmi la troupe ne sont pas catholiques, ni même croyants. Les soldats écoutent ensuite le discours politique de leur commandant, le colonel Labonne et l'effet est franchement désastreux. Hormis les militants convaincus, la plupart des combattants n'en n'ont rien à faire du baratin politique. D'autant plus que leur chef est plus officier de salon » qu'homme de terrain. De Mayol de Lupé, sa mission accomplie revient à Paris, un peu à contre-coeur maintenant. L'appel de la troupe l'a happé. On lui propose de reprendre du service à temps plein. Servir dans une troupe en uniforme allemand ne lui plait guère. D'un autre côté, le bolchevisme c'est l'antéchrist ; alors que faire ? Le cardinal Suhard selon Philippe Masson, déjà cité aurait aidé à lever ses doutes "Allons, pour qui s'occupe avant tout de s'occuper des âmes de ces hommes, l'uniforme, c'est une contingence et vous pouvez y voir une forme de pénitence." Le chanoine Jourdain, farouche opposant à l'occupant l'incite aussi à partir "Des vies françaises sont en jeu, il faut partir." Le 30 octobre 1941, la part au front et subit un déluge de feu. Les autorités allemandes ne sont guère satisfaites de son rendement » et la cantonne, courant 42, à la lutte contre les partisans. Une nouvelle composée d'un noyau de militants convaincus, politisés à l'extrême, membres du de Doriot doit renaître de ses cendres sous le nom de Légion Tricolore » malgré les récriminations de Monseigneur » "Que veut dire tricolore » ? Le drapeau français n'a jamais été bleu, blanc, rouge. Pour moi, il n'y a qu'un seul drapeau le blanc fleurdelisé du comte de Chambord. Etant légitimiste, je refuse de servir tout emblème tricolore quel qu'il soit. Même à la En effet, de toute la Légion et par décret spécial du Haut Commandement allemand, Monsignore » est le seul à ne par arborer les trois couleurs sur sa manche. Finalement, Hitler, toujours méfiant pour toute force militaire non-allemande refuse de donner son accord. La continue seule son chemin de croix. Au printemps 1943, elle compte 2 317 hommes. La plupart des hommes de troupe n'ont que méfiance et mépris pour leurs officiers supérieurs. Mais De Mayol de Lupé semble échapper à la règle "Au fond du visage profondément buriné, à la peau boucanée, par la cuisson des déserts, aux rides incrustées verticalement comme le relief d'un paysage tourmenté, brille un regard d'aigle. Ce regard fouille les consciences avec des rudesses médiévales, mais son acuité reste tempérée par un fond de bonté bourrue et une astuce de colporteur napolitain." . Mabire évoque aussi cette intransigeance fanatique quand il s'agit du Christ, mâtinée de générosité et de bonhommie pour ses ouailles » "Miséricordieux quand il s'agit de juger le chrétien, Mayol de Lupé se fait incroyablement dur lorsqu'il croit défendre le Christianisme, en affûtant son fer de lance la protectrice de l'Occident contre le Bolchevisme ! Il a tout ramené aux grandes simplifications médiévales, comme Hitler dont il dit En dépit de toute apparence, c'est le dernier défenseur des Croyants ! » Début 1943, il est décoré de la Croix de fer et fait la une de Signal, revue de propagande de la avec cette légende De la légion d'honneur à la croix de fer ». Quelques mois plus tôt, il avait écrit en personne une lettre à Hitler pour lui demander la libération de 14 paysans de Lupé, prisonniers en Allemagne "...Ces paysans sont la force de mon petit et pauvre pays. Ce sont pour moi de frères et des fils car j'ai été élevé dès l'enfance avec leurs pères et leurs aînés et moi et les miens nous ne sommes avec eux qu'une terre est une rude terre et notre pays a besoin de jeunes bras pour le travail de nos champs. J'ai la joie de pouvoir affirmer qu'à Lupé, tous les habitants, fidèles à ma voix, sont ardemment franco-allemands. ... Je me confie à vous et j'espère en vous qui seul ici bas, pouvez avec l'aide de Dieu, sauver notre France aimée et réaliser la grande Patrie." René Bail n'indique pas clairement s'il fut entendu. En tout cas, ce sont six de ces paysans pour lesquels il était intervenu qui porteront son cercueil lors de son enterrement. . . En avril 1944, il participe à la grand messe » de la au vélodrome d'hiver où il enthousiasme l'auditoire à la suite de Doriot et du général Puaud, nouveau commandant de l'unité. Parlant des volontaires français en il déclare "C'est un beau mystère, une chanson de geste, qu'écrivent nos gars à la pointe de leur baïonnette. Je le répète si tous ne sont pas de petits saints, il y a chez tous de la gloire et de l'héroïsme". Mais la grande armée » germano-européenne anti-bolchos, qui devait marcher sur les traces de Napoléon, a face à elle près de 196 divisons russes dont 46 blindées, prêtes à l'attaque. Sur le front, De Mayol de Lupé déclare "Pour la première fois, nos soldats se trouvent seuls ou presque seuls en face de l'armée rouge. C'est un titre de gloire qui se transmettra jusqu'à la septième génération, si le christianisme survit à cet assaut !" Malgré 36 heures d'une farouche résistance, les lignes sont enfoncées. Toutes les forces allemandes et supplétives entament leur longue marche à rebours, digne de la Bérézina. La a vécu. Voici le temps de la Charlemagne ». . "Là où nous passons, que tout tremble Et le Diable y rit avec nous Ha, Ha, Ha, Ha, Ha, Ha, Ha !..." . Le nom de la division Jeanne d'Arc fut envisagée un moment, heureusement pour elle son nom ne fut pas retenu correspond assez à ce que fut alors l'armée allemande une force européenne. Face aux Russes, des combattants de toute l'Europe sont intégrés dans les troupes Waffen SS qui comptent en 1944 près de 900 000 hommes Croates, Norvégiens, Belges, Espagnols, Russes blancs, Ukrainiens, Italiens, Hollandais... Mais aussi des Arabes, des Américains, des Anglais ! Il y eut même une Bretonnische Waffenverband der SS » composée de Bretons autonomistes. Un mot au passage concernant le terme Waffen SS ». Le mot désigne les unités combattantes de la SS ; bien qu'appartenant au même corps fanatique - la SS dirigée par Himmler qui en fit un état dans l'état - les Waffen SS n'étaient pas dévolus à la garde des camps d'extermination, administrés par les unités Totenkopf » tête de mort »; à signaler qu'une unité Waffen SS a porté aussi ce nom. La division Waffen Charlemagne » nait au camp de Wildflecken, en septembre 1944, sous l'autorité de Puaud, lui même sous celle de Krukenberg de la réunion d'éléments disparates. Trois unités composent le gros de la troupe les survivants de la les Miliciens rapatriés de France et ce qui reste de la Brigade Frankreich. La Milice fut créée le 30 janvier 1943 par Darnand et se caractérisait par son maréchalisme forcené, son anticommunisme et son anglophobie. A l'origine de cette Gestapo française », ennemie jurée de la Résistance, il y a le Service d'Ordre Légionnaire ». La Milice aurait connu dans la Loire un essor rapide du point de vue des effectifs. Le 15 Avril 1943, elle compte 420 gardes, 80 miliciens et 40 miliciennes recrutés principalement parmi les ouvriers, les employés, les petits fonctionnaires des grandes villes. Nombreux sont les miliciens motivés par patriotisme, antisémitisme ou anti-communisme. Dans ses rangs également des gens sans scrupules, repris de justice et parvenus. Il semble qu'il y ait eu très peu de miliciens en uniforme sur le total peut être 40 ou 50. Tous les autres étaient en civil. Plusieurs centaines de miliciens ligériens ou auxiliaires furent poursuivis à la Libération. Une caractéristique originale de la Milice dans la Loire était qu'elle était composée en majorité de franc-gardes qui constituaient la troupe d'élite de cette unité. Ceci explique les coups très durs qu'elle porta à la Résistance. "Après avoir fait régner la terreur en France, elle avait été chassée par les Alliés et la Résistance, et contrainte d'aller se réfugier, avec son chef Darnand, en Allemagne, où les hommes en noir » , ce magma de brutalité animale et de servilité mercenaire, perdent de leur superbe, se trouvant obligés de choisir entre travailler dans les usines allemandes ou combattre dans les rangs de l'armée du Reich" Ces Français qui formèrent le dernier carré d'Hitler » Marianne, article de Pierre Giolitto La Sturmbrigade n° 7 Frankreich » est d'un autre type. Créée en 1944 sur le modèle belge de la brigade Wallonie » commandée par Degrelle, c'est une brigade SS de 3000 jeunes Français séduits par le modèle national-socialiste. Chez eux, pas de souvenirs catholiques et autres réminiscences de la France éternelle » ; ils sont européanistes et paiens, fervents admirateurs d'Hitler et de l'Allemagne. Ils communiquent d'ailleurs dans la langue de Goethe. Ce qui n'ira pas sans frictions quand il s'agira de côtoyer les miliciens cocardiers et chrétiens, et les Légionnaires aventuriers qui remplacent volontiers Heil Hitler !» par Ein liter ! » un litre !. . . Affiches de propagande des trois principales composantes de la division Charlemagne SS et Milice. . En 1973, Krukenberg évoquait son étrange cohorte "Les miliciens qui avaient été versés presque d'office dans la division n'avaient pour la plupart aucune formation militaire. Les anciens de la LVF étaient souvent fatigués par trois ans de front et leur retraite difficile. Quant aux hommes de la Sturmbrigade, ils tenaient à marquer qu'ils étaient d'une espèce différente, bien entendu supérieure, celle des vrais » SS, des nationaux-socialistes intégraux." De Mayol de Lupé, tant bien que mal fait taire les scrupules des uns et des autres. "Notre Saint Père le Pape et notre vénéré Fuhrer savent que je suis ici, prêt à servir dans la Waffen SS et ni l'un ni l'autre ne m'a demandé à ce que j'abandonne mon ministère ... Athée, disiez-vous ? Alors sachez que les instructeurs allemands sont tenus de respecter les coutumes nationales et religieuses des volontaires musulmans de Bosnie, incorporés à la division SS Handschar ». ... Au point où nous en sommes aujourd'hui, il n'y a pas de choix ou pactiser avec le marxisme ou se ranger résolument aux côtés de ceux qui le combattent farouchement. Tout le reste n'est que billevesées..." Et quand ce n'est pas suffisant, selon Mabire, la menace "Si vous voulez faire les fortes têtes, je supprime les messes, les confessions et les communions." 1944, Jean de Mayol de Lupé célèbre l'office de la Nativité devant plusieurs milliers d' hommes de la division. C'est sa dernière messe sur le front. Les Frankreich » venus par curiosité sont goguenards. Il parle une dernière fois de la Croisade » pour l'Occident et les bénit. Il ne les suivra pas dans leur baroud d'honneur en Poméranie. En trois semaines, la Charlemagne » sera décimée par le rouleau compresseur soviétique. 700 survivants à peine sur 7000 combattants, dont quelques dizaines ' ironie de l'histoire ' seront parmi les derniers défenseurs du bunker d'Hitler. Et ensuite ? Le peloton d'exécution ou le goulag, le bannissement, les bagnes d'Algérie, la Légion étrangère, l'Indochine, la guerre, la mort encore... . . Une des plus belles figures de la France libre, Leclerc, face à ses compatriotes revêtus de l'uniforme feldgrau. Dans quelques minutes, ils seront passés par les armes. Leclerc s'adressant à un des prisonniers demanda comment il avait pu endosser l'uniforme allemand. L'autre lui fit remarquer qu'il portait aussi un uniforme étranger, américain en l'occurrence. Dans un article publié en 1985, Caroline Hocquet écrivit en conclusion, à propos des derniers survivants de la LVF et de la Waffen SS "Ces hommes se sont battus pour leurs idées; 40 ans après, rares sont ceux qui témoignent ceux-là déclarent ne rien renier, n'avoir ni honte ni fierté." . La Fin... . De Lupé reste à Munich. Il y est arrêté en 1946. Incarcéré à Fresnes, jugé, il est condamné le 13 mai 1947 à 15 années de réclusion, à la dégradation nationale, à la confiscation de ses biens et il est radié de la Légion d'honneur. Il recouvre la liberté en 1951. Il s'éteint le 28 juin 1955. Conformément à ses dernières volontés, il fut inhumé dans le Pilat, à Lupé son cher village » une expression figurant dans son testament, citée souvent par Bail qui ne ne dit pourtant mot d'aucune visite de Monseigneur », enfant ou adulte, à Lupé en présence d'amis, de relations et de sa famille. Son cercueil, comme nous l'avons déjà écrit, fut porté par six des paysans en faveur desquels il avait intercédé auprès d' Hitler. Une messe fut dite à Bourg-Argental, entre autres lieux. _ . "Ne vous réjouissez pas de sa défaite, vous les hommes, car la trainée qui l'a mis au monde est à nouveau en rut." B. Brecht . "La lamentable saga de ces suicidés de la civilisation a toujours ses nostalgiques !" Ces mots clôturent l'article consacré au dernier carré des Français défenseurs de Berlin publié dans 14 janvier 2006 véridique . . - Excusez-nous madame, nous sommes euh... étudiants et nous nous intéressons à la Seconde Guerre mondiale dans la région et... - Ah ! moi vous savez, je ne suis pas d'ici, je ne sais pas bien toutes ces choses, je suis allemande. - Ah ! ben ça tombe bien ! Vous vivez à Lupé ? - Oui, depuis 17 ans. - Et vous connaissez l'histoire de Mgr de Mayol de Lupé ? - Oui, enfin non, il est enterré dans le cimetière. - Oui, et est-ce que vous savez si parfois... il y a des gens qui viennent se recueillir; je veux dire des personnes appartenant à des milieux politiques, euh... nationalistes par exemple ? - Je ne sais pas. Pas beaucoup. Autrefois oui, il y avait des histoires dans le village à cause de ça, des bagarres. - Des jeunes ou des histoires de vieux » ? - Des vieux ? Oui je crois, dans les années 80. Mais moi j'ai pas vu, mais j'en ai entendu parler*. - Vous connaissez des gens qui pourraient nous en parler ? - Non, les gens ne sont pas très bavards ici. Surtout avec les étrangers. Même avec moi, pourtant mon mari est français. Et puis aussi, il y a beaucoup de nouveaux qui ne sont pas du village. Je ne peux pas vous en dire plus ». . * Confirmé par le propriétaire actuel du château mais sans plus de détails. . "Les samedi 31 janvier et dimanche 1er février, la fédération du Lyonnais organisait un camp de cohésion à l'attention de son nouveau groupe de jeunesses. Au départ de la marche dans les Monts du Pilat la météo était clémente. Mais cela ne dura guère. Arrivée au point prévu de bivouac quelques 800m plus haut, la neige et le vent incitèrent le chef de groupe à se replier sur une zone plus abritée. Nous reprîmes alors les sacs pour une petite marche de 2 heures. Aussitôt arrivé, l'installation du bivouac et des abris commença, la journée étant déjà bien avancée, un repas s'imposait. Tous autour du feu, nous entamâmes ensuite la traditionnelle veillée au rythme de chants nationalistes. Après une nuit réparatrice bien que courte, les activités commencèrent. Tout d'abord entraînement à l'auto-défense aussi bien à mains nues qu'en utilisant le tonfa. Vint ensuite la descente en rappel, agréables souvenirs pour certains, découverte pour d'autres. Le temps passe vite sur le terrain et il était déjà temps de regagner Lyon, non sans être aller se recueillir sur la tombe de Monseigneur Jean de Mayol de Lupé, aumônier de la division Charlemagne. Il est certain que cette sortie courte 48 heures restera gravée dans l'esprit de nos plus jeunes militants. Rendez-vous donc pour le prochain, courant avril, qui sera encore un peu plus "péchu". Compte-rendu d'activité avec photo d'un groupe de militants de l' Oeuvre Française en 2003 Aucun des liens internet que nous avions proposés dans l'article, il y a quelques années, pour en savoir plus, n'est aujourd'hui valide. © 2007 - 2022
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